Pour ceux qui les observent, le Président de la République et son Secrétaire général sont imbattables quand le second assiste le premier sur un dossier. Le duo vient d’enregistrer un nouveau succès dans la résolution de la crise politique en Guinée-Bissau avec la nomination lundi, 16 avril, d’un Premier ministre de consensus, conformément aux Accords de Conakry, document de base pour une sortie de crise à Bissau.
Comment en est-on arrivé là ?
En juin 2016, à Dakar, à la demande de Bissau, la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CEDEAO se saisi du dossier de la crise en Guinée-Bissau et désigne le Président guinéen, Pr Alpha Condé, pour assurer la médiation pour une sortie de crise.
De retour à Conakry, le Médiateur de la CEDEAO commet son Secrétaire général, le Ministre d’Etat Naby Youssouf Kiridi Bangoura, à cette tache.
En septembre 2016, l’émissaire du Médiateur arrive à Bissau, en compagnie des Ministres des Affaires étrangères d’alors du Libéria, Marjon Bangura, assumant la présidence de la Conférence des Ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO, et de la Sierra Leone, Samura Kamara (le candidat malheureux de la dernière présidentielle), ainsi que de l’ancien président de la Commission de la CEDEAO, Marcel A. De Souza.
Après deux jours de tractations en compagnie de la mission, et trois jours de discussions directes, seul avec les acteurs impliqués dans la crise, l’émissaire du Médiateur guinéen obtient l’engagement formel des parties, à travers la Feuille de route de Bissau, le 10 septembre 2016, signé en présence des Présidents guinéen, libérien et sierra léonais. Le point phare du document était de tenir des consultations entre les parties. Consultations qui se dérouleront à Conakry et qui aboutiront aux Accords dits de Conakry, le 14 octobre 2016.
Au premier point de l’Accord, la nomination d’un Premier ministre de consensus qui requiert la confiance du Président de la République, José Mario Vaz. Après moult tractations, c’est ce qui vient d’être finalement fait avec la nomination de Aristide Gomes, au lendemain d’un Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur cette crise, tenu samedi dernier à Lomé (Togo).
Kiridi Bangoura et l’expérience bissau-guinéenne
Pour réussir la médiation guinéenne dans cette crise, le Président Alpha Condé a choisi un homme du sérail. Le Ministre d’Etat Naby Y. Kiridi Bangoura est un habitué des dossiers ouest-africains. Outre la Guinée Bissau, il a été fortement impliqué dans la résolution des conflits au Libéria et en Sierra Léone qui avaient aboutis aux attaques rebelles de 2000 contre la Guinée.
A Bissau, Kiridi Bangoura n’est pas un étranger. De l’actuel président de l’Assemblée nationale populaire, aux principaux leaders politiques du parti au pouvoir et de ceux de l’opposition, c’est la familiarité, la fraternité et l’estime. De toutes les missions effectuées à Bissau, depuis 2016 à nos jours, les principaux acteurs de la scène politique bissau-guinéenne se sont particulièrement félicités de son engagement et de celui du Président Condé à aboutir à une sortie de crise dans leur pays.
Cet atout, l’émissaire du Médiateur ne l’a pas négligé dans les négociations. Malgré la tension persistante entre les acteurs de la crise, Kiridi Bangoura et ses compagnons de la CEDEAO ont toujours su amener ces fils d’un même pays à dialoguer directement, et à harmoniser leurs points de vue. Ce qui a finalement permis aux deux principaux partis politiques du pays à arriver un nom consensuel pour la primature.
Dans les semaines et mois à venir, le nouveau Premier ministre bissau-guinéen aura la lourde tache de former un gouvernement inclusif, lancer les réformes institutionnelles et organiser les élections législatives en novembre prochain. Comme pour dire que la mission confiée par la CEDEAO à la Guinée a atteint le but visé.
Cheick Diallo