Le président de l’Union des forces démocratiques (UFD), Mamadou Bâadiko Bah, est sorti de son silence, ce 28 juin 2018, dans la salle El hadj Koula Diallo de la Maison de la presse de Coléah, pour parler de la situation et de l’actualité politique guinéenne, dont la formation du nouveau gouvernement, la corruption et la manière dont le pays est géré.
Dans sa déclaration rendue publique, Bâadiko a tout d’abord dénoncé les campagnes électorales qui, selon lui, sont d’un nouveau genre, avec des communales différées depuis 2010, qui se sont finalement tenues en 2018. Il a aussi dénoncé les battages médiatiques orchestrés par les candidats au poste de chef du gouvernement ou de ministre, qui ont fait vivre au pays un tintamarre ; ce qui selon lui est totalement indigne d’une démocratie.
S’exprimant sur la formation du nouveau gouvernement, le président de l’UFD a condamné le repêchage de la majorité des anciens ministres. « Après avoir dit avec force et à plusieurs reprises en 2010 qu’il ne travaillerait pas avec des anciens dignitaires du régime du Général Lansana Conté, le Président Alpha Condé a été contraint de leur faire la part belle, avec plusieurs postes-clés. Plus de la moitié des membres de l’équipe précédente sont reconduits. Mais le plus intéressant dans ces mouvements, c’est le repêchage de la majorité des anciens ministres non reconduits comme ministres-conseillers à la présidence. C’est devenu presque une loi non écrite : pour leur fermer la bouche, les ministres limogés ont « droit » à un lot de consolation : ministres sans portefeuille, « ministres flottants », ou « ministres sans bureau ». Toute une petite armée, pendant qu’on clame que l’Etat n’a pas assez de ressources pour faire face à ses obligations minimales vis-à-vis des populations », a fustigé Mamadou Bâadiko Bah.
Par ailleurs, dans la même déclaration, le président de l’UFD s’est penché sur le cas du ministre Oyé Guilavogui qui a récemment refusé le ministère de l’Elevage. « Le décret de nomination du gouvernement, le 26 mai 2018, a donné lieu à un cafouillage honteux, qui a jeté une lumière crue sur la situation dramatique dans laquelle le pays est tombé : aucun ministre de l’Elevage n’est nommé, alors que ce poste figure bien dans l’organigramme du gouvernement. On apprit par la suite que le pressenti avait catégoriquement refusé d’occuper un tel poste qui ne répond sans doute pas à ses ambitions. C’est un « petit ministère » dont le budget ne représente même pas 0.03% du budget national ! Quelques jours après, l’impétrant, selon ses exigences, était nommé en grande pompe au ministère de l’Environnement. Y’a bon ce qui reste des forêts guinéennes avec nos amis Chinois et tous les prédateurs de toutes sortes ! Tout ceci est confirmé par le fait que le ministre désigné à l’élevage a reçu de sa communauté l’ordre de rendre le tablier, au motif « qu’il n’y avait rien à bouffer ». On croirait rêver! Mais le scandale ne s’arrête pas là. Des révélations ont été faites dans les médias sur les postes achetés par certains, à coup de milliards. Nous attendons toujours que les corrupteurs et les corrompus présumés portent plainte pour diffamation, afin que la vérité éclate », dixit Bâadiko, avant d’ajouter qu’un ministre récemment nommé, est mis en cause dans une affaire de corruption à grande échelle dans un procès en cours en Belgique.
Malgré l’attente des Guinéens sur l’éthique, la lutte contre la corruption généralisée et le détournement de deniers publics, selon Bâadiko, il faut craindre que cette nouvelle équipe gouvernementale ne soit qu’un subterfuge comme les élites guinéennes ont l’habitude de faire, depuis 60 ans, pour tromper le peuple.
Fatoumata Kaba pour Guinee7.com