Des activistes sur des réseaux sociaux appellent, pour le moment sans succès, à la mobilisation populaire contre l’augmentation du prix du carburant. A la limite du harcèlement et du racolage, ils demandent à la population de descendre dans les rues ; certains en désespoir de cause, s’offusquent de voir un ‘‘peuple trop passif’’, qui mériterait donc son sort.
En réalité, ce peuple dont on parle démontre jusque-là (mardi 3 juillet 2018) que ses préoccupations sont ailleurs. Que certainement, il a plus besoin d’eau potable, d’électricité, de pluies, de terres cultivables, de pistes rurales, etc. que du carburant moins cher qu’il ne consomme que peu.
Alors, que les citadins ou les nouveaux propriétaires de voitures qui parlent au nom du peuple fassent tomber le masque. Ce n’est pas un délit que de se montrer hostile à une décision d’un gouvernement, il faut simplement, pour la morale, se déclarer comme tel. Et laisser le ‘‘peuple’’ tranquille. Ou le laisser se faire défendre par l’assemblée nationale qui, au moins, peut se targuer d’être son représentant.
Ceci dit, en Guinée, nous nous plaignons toujours d’être à la queue leu leu. Parce qu’en réalité, nous avons toujours utilisé les mêmes méthodes, et ceux qui parlent de changement sont les plus hostiles aux réformes.
Or les pays comme la Côte d’Ivoire, le Rwanda que nous aimons citer parmi les meilleurs, n’ont réussi leurs bonds que par des réformes. Et des réformes, parce qu’elles bousculent les habitudes, ne sont jamais faciles à accepter. Surtout quand on vit dans une République où tout le monde est ‘‘expert’’ ; où la ‘‘démocratie des opinions’’ prend le dessus sur celle de la démocratie classique.
Il est enfin inconséquent de demander plus de services sociaux à l’Etat d’un côté et lui couper de l’autre côté, ses revenus. Sachons raison garder.
En conclusion, retenons que c’est plus à l’autorité que cela s’adresse, l’Etat, c’est la responsabilité, c’est le courage des décisions hardies, impersonnelles, parce que basées sur la notion de bien public, dans l’équité pour plus de solidarité.
Et pour tout dire, ‘‘le moyen de mener des réformes indispensables, c’est que les majorités qui alternent au pouvoir aient le courage de les mettre en vigueur’’, disait Edouard Balladur, homme d’Etat français.