On l’aura constaté, les manifestations sociales sont en passe d’être des manifestations de tous les dangers en Guinée. Depuis cette démocratie, une marche de syndicats ou d’organisations de la société civile, pour peu qu’elle ait pour objectif de protester ou de revendiquer, devient une occasion d’un défoulement destructeur de biens publics, voire privés. Les Guinéens sont-ils tombés sur la tête ? Il y a lieu de le penser. Certes, le phénomène n’est pas propre à la Guinée, mais un mauvais exemple est-il un exemple à suivre ? Un rapide coup d’œil sur les auteurs d’actes de vandalisme permet de les classer majoritairement dans la frange jeune de la population.
La jeunesse, fer de lance du développement, pratique ainsi et désormais le lancement du boomerang. En effet, la destruction des biens publics en particulier, en même temps qu’elle indispose les pouvoirs publics (contraints de réparer les dégâts, ce qui leur donne l’impression de faire du surplace dans leurs investissements), se répercute également sur la vie des destructeurs. Ces manifestations sont des coups de canifs dans le tissu social. Personne, en fait, n’y gagne, puisqu’un pays en désordre ne profite à personne. Force est, cependant, de constater que, bien que tout le monde en soit conscient, le phénomène perdure.
La Guinée a mal à sa jeunesse, qui ‘’djafoule’’ pour un oui ou pour un non. Le département de la Jeunesse et de l’Emploi Jeune a donc du pain sur la planche pour s’employer à encadrer sainement cette jeunesse qui prend prétexte sur son oisiveté pour se mettre au service de toutes les causes. D’ailleurs, au regard des fortes mobilisations constatées lors des rencontres entre la jeunesse et les plus hautes autorités, on se demande ce qui a bien pu se passer, entre-temps, pour qu’elle en vienne à de telles extrémités nettement aux antipodes de son engagement pour les chantiers du développement. Le parti au pouvoir, à lui seul, aurait pu endiguer ces débordements, en calmant les ardeurs de ses propres partisans. Idem pour les formations de l’opposition qui ont tort de boire leur petit lait, quand la case brûle.
Ces passes d’armes devenues rituelles dans la résolution des problèmes sociaux posent, en dernière analyse, un problème de fond : celui du jeu démocratique et de la permanence d’un dialogue social avec les vrais acteurs sociaux. Mieux, la politique devrait être un exercice autre que des actions de mobilisation à des fins électoralistes. Autrement, les laissés-pour-compte au quotidien n’auront pas la patience d’attendre les échéances des urnes pour s’exprimer.
Les amateurs de formules choc et effets marketing aux relents de m’as-tu vu, de même que les politiciens de carrière rassemblés dans les institutions ou qui encombrent la table du roi, ont intérêt à descendre dans le pays réel. La preuve est faite qu’ils ne maîtrisent aucune situation.
Scylla Charybde