Le procès contre Paul Moussa Diawara, ex-Directeur Général de l’Office Guinéen de Publicité (OGP), et Inza Bayo, comptable de ladite institution, pour détournement des deniers publics et complicité, s’est poursuivi, ce mercredi 25 juillet, au tribunal de première instance de Kaloum. Au cours de cette audience qui a duré presque toute la journée, les débats ont été engagés sur le fond du dossier.
Dès l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense ont fait la doléance au tribunal de sursoir à la continuation des débats, en attendant le résultat de la demande de récusation contre le président du tribunal, qu’elle a introduite au niveau du premier président de la Cour suprême. En fait, les défenseurs de Paul Moussa Diawara et son comptable estiment que le tribunal pourrait ne pas être impartial pour trancher cette affaire. Une doléance aussitôt rejetée par la partie civile et le ministère public, avant que la défense ne décide finalement de la retirer, pour faire place à l’ouverture des débats sur le fond, comme prévu.
Tout au long de cette audience, il a été constaté que les débats ont essentiellement tourné autour d’un rapport d’expertise venant d’un certain Kahim Magassouba, expert-comptable. Selon ce rapport, plus de 39 milliards de francs guinéens doivent être justifiés par l’ex-DG de l’OGP.
Pour Me Mohamed Traoré, avocat de la défense, « cet expert-là n’avait pas la qualité pour faire un quelconque audit de cette société (OGP), dès lors qu’au regard même des statuts de la société l’audit devait être fait par des commissaires aux comptes qui sont chargés de veiller au fonctionnement et à la gestion de la société. Il appartient également à ces commissaires aux comptes de relever des irrégularités et de saisir le tribunal ».
Et de poursuivre : « Nous avons constaté également que cet expert-comptable, n’a bénéficié d’aucun acte de nomination ; il semble même qu’il aurait été nommé verbalement pour effectuer un audit de l’OGP. Donc, nous en concluons qu’il s’agit d’une personne qui a été nommée par copinage pour venir dresser n’importe quel rapport, et ce rapport a servi de base pour la saisine du tribunal… Nous n’accordons aucun crédit au rapport qui a été déposé ».
Au cours de cette audience, les avocats de la défense ont, par ailleurs, sollicité la comparution de certains hauts cadres de l’État, notamment les ministre Sanoussy Bantama Sow (Culture et de Sport) et de Moussa Condé dit Tata Vieux (ex-ministre des Pêches), qui ont tous été présidents du conseil d’administration de l’OGP. « Notre client a dit que l’actuel ministre des Sports était, à un moment donné, président du conseil d’administration de l’OGP et qu’il y a eu des sessions de conseil d’administration que ce dernier a présidées. Ce qui est curieux, c’est que ce conseil d’administration n’a pas eu à relever des irrégularités dans la gestion de Paul Moussa Diawara. Il y a aussi un autre qui est venu, en l’occurrence Moussa Condé dit Tata Vieux, qui était nommé en remplacement de Bantama Sow, alors tous ces deux-là n’ont relevé aucune irrégularité ; pourtant, il y a eu des réunions de conseil d’administration et des PV ont été établis. S’il y avait des irrégularités, ce conseil d’administration devait se saisir de la question et demander des explications au Directeur Général, ce qui n’a jamais été fait. C’est pour quoi, nous avons souhaité que ces personnes puissent comparaitre, afin de nous dire si elles ont sciemment fermé les yeux sur les irrégularités qu’il y a dans la gestion de l’OGP, ou si c’est par méconnaissance qu’elles ont laissé passer les choses », a fait savoir Me Mohamed Traoré.
À ce sujet, Me Lancinet Sylla, de la partie civile, réplique par ces mots : « La défense, complètement désemparée, a demandé la comparution des personnes qui ne sont pas intéressées par les pièces de la procédure. Les pièces de la procédure et les pièces comptables qui sont là sont signées par Monsieur Paul Moussa Diawara en tant que l’ordonnateur des dépenses et par M. Inza Bayo en tant que comptable ; ce sont leurs signatures qui sont apposées sur les pièces comptables. Les autres personnes ne sont ni de près, ni de loin, signataires des sorties des fonds. Donc, leur comparution est inopportune ; nous l’avons dit et nous l’avons martelé ».
Le président du tribunal a finalement renvoyé l’audience au 30 juillet prochain, pour la suite des débats.
Mohamed Kaba Soumah pour Guinee7.com