Le jeudi 2 août prochain, les syndicats comptent mettre à exécution leur menace d’arrêter le service minimum dans plusieurs structures, notamment à l’aéroport de Conakry.
Cette décision des syndicalistes fait suite à l’échec des négociations entre eux et le Gouvernement du Premier Ministre Kassory Fofana.
Autant le droit de grève est reconnu à chaque travailleur, autant il est demandé à certaines structures d’observer un service minimum même en temps de grève. C’est le cas par exemple des aéroports.
Cette décision annoncée par mamady Mansaré, le porte-parole de l’inter centrale CNTG-USTG pourrait avoir de graves conséquences sur la vie des personnes, aussi bien des guinéens, que des ressortissants étrangers. L’aéroport de Gbessia est le seul aéroport international dont dispose la Guinée. Même au temps de la crise due à l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola, il est resté ouvert. La plupart des compagnies aériennes qui desservent Conakry avait maintenu leurs vols en direction ou en provenance de la capitale guinéenne.
« Dans aucun pays au monde, sauf lorsqu’il y a des calamités naturelles ou en temps de guerre, on ne ferme complètement un aéroport. Un syndicat responsable peut déclencher une grève tout en observant le service minimum au sein de certaines structures, notamment dans les aéroports et les structures sanitaires », a confié un avocat spécialiste du droit du travail.
S’agit-il d’une méconnaissance de la législation en la matière ou de la mauvaise foi de la part des responsables syndicaux guinéens ? En tout état de cause, beaucoup craignent aujourd’hui de graves conséquences de cette décision.
« Imaginez un seul instant qu’un avion soit en situation de détresse et qu’il soit obligé d’atterrir à l’aéroport de Conakry, et que malheureusement qu’aucun travailleur ne soit présent pour faciliter l’atterrissage de l’avion, ça va être une catastrophe. L’autre scénario qu’il faut s’imaginer c’est qu’une personne ait une urgence sanitaire qui nécessite son évacuation vers l’étranger. Là également ce sont des vies qui sont mises en danger. C’est pourquoi même en temps de guerre, on épargne les aéroports », rappelle Salématou Baldé, fonctionnaire à la retraite.
Depuis plusieurs semaines, un bras de fer est engagé entre le Gouvernement et les syndicats. Ces derniers exigent la baisse du prix du carburant à la pompe, dénonçant de passage la violation du protocole d’accord qui les lie au Gouvernement.
Pourtant, le protocole d’accord en son point 2.1 relatif à la révision du prix du carburant à la pompe, il est dit que : « Les parties conviennent de maintenir le prix du litre de carburant à son niveau actuel. Par ailleurs, elles conviennent que, si le prix du baril venait à augmenter, le prix à la pompe en Guinée continuera à être maintenu au prix de 8 000 Gnf jusqu’en Décembre 2016. Cependant, si le prix du baril se maintient en dessous de 57 Dollars, le Gouvernement, le Patronat et le Syndicat, conviendront du prix du litre à appliquer à la pompe dans les 90 jours ».
Ce qui signifie que le Gouvernement n’avait pas l’obligation du consulter les syndicats avant de procéder à l’augmentation du prix du carburant à la pompe, après avoir observé une augmentation du prix du baril au niveau international.
Ahmed Tounkara (Africaguinee.com)