Le 2 octobre prochain, la République de Guinée aura 60 ans d’indépendance. Oui, 60 ans de souveraineté politique dans l’absence de mémoire collective, dans la négation et le refoulement de son passé historique. L’Etat qui doit assumer l’histoire, élaborer les politiques de « juste mémoire » et instituer le travail de mémoire et de deuil a imposé l’oubli de commandement et de destruction aux Guinéens et a institué la politique d’anti-mémoire. Lui qui a la charge de faire enseigner l’histoire de la Guinée indépendante a refusé de s’assumer.
Aujourd’hui plus qu’hier, la Guinée connait une croissance économique irrégulière, insuffisante pour lutter contre la pauvreté et juguler les inégalités, reposant sur un modèle économique sans solidarité intergénérationnelle et sans création véritable d’emplois. A 60 ans d’indépendance , l’Etat de Guinée est incapable de donner un sens à la vie de ses concitoyens qui finissent par donner un sens à leur mort en imaginant leur avenir en dehors de la Guinée, ailleurs et loin du pays .
Il me semble, en effet, que l’on ne peut faire autrement à travers les publications pour appeler l’Etat guinéen à se réconcilier avec les valeurs de la République et avec ses citoyens. La culture d’écoute active n’est pas le propre de nos dirigeants. Au moment où il faut commémorer les 60 ans d’accession à l’indépendance, la Guinée n’a pas d’histoire consensuelle, mais des variantes conflictuelles, et se dirige les yeux bandés vers l’avenir imprédictible à force d’itérer les fautes du passé.
Je me réitère ma décision de marcher, à partir du 19 août 2018 à 8 h 30 , du Camp de Kindia à la place des martyrs à Kaloum pour protester contre le refus du pouvoir guinéen d’assumer l’histoire de la Guinée indépendante et à la transmettre pour les voies officielles en lui évitant le déni et la falsification ; son absence de résultat dans la lutte contre la corruption, fléau qui conduit les Guinéens par milliers dans la désespérance et l’errance à travers le monde et, ses velléités de fraude à la constitution et ses œuvres de destruction de nos maigres acquis politiques.
Ibrahima SANOH est un citoyen guinéen. Il a publié entre autres «Mettre la Guinée sur la voie de l’émergence économique », novembre 2014 , Edilivre, Paris et « Pour une réconciliation Nationale en République de Guinée », décembre 2017, SAEC, Conakry .
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