Ce lundi matin, une forte présence des forces de l’ordre a été remarquée devant le port autonome de Conakry. La raison ? maintenir l’ordre, après la guéguerre qui a opposé le syndicat de la manutention portuaire (BMOP) et celui du port autonome. Cette guéguerre découlerait de la rumeur sur la ‘‘vente’’ du port par le président de la République aux Turcs.
Ce contrat de bail qui s’étendrait sur trente ans, et permettrait à la société turque de licencier les travailleurs ; d’être dispensée du paiement des taxes pour 10 ans, ne plait apparemment pas aux syndicalistes qui traitent ce ‘‘bail’’ de ‘‘vente’’.
Venu demander un soutien des centrales syndicales à la bourse du travail, le délégué adjoint de la section syndicale du port, Sory Magassouba, le contrat décrié en main, a expliqué les raisons de la fermeture de la porte du port, ce matin : ‘‘Ça fait six mois que le président de la République a appelé un cabinet étranger qui était en train de travailler sur le contrat avec les Turcs. Quand le contrat a été ficelé, nous avons été informés par des gens qui sont proches de lui. Nous, nous avons compris que le port de Conakry était en vente. Pendant les 30 ans, le port ne va pas appartenir à la Guinée, tel n’est pas le problème. Ce sont les nouvelles concessions au niveau des terminaux portuaires et ce n’est pas le domaine portuaire tout entier. Nous avons pris connaissance de ce contrat, nous l’avons fait rejeter, nous avons cerné et évalué les risques d’incidences environnementales découlant de ce contrat. Nous avons pris des dispositions pour contrer les effets secondaires négatifs découlant de ce projet. Aujourd’hui le président de la République dit qu’il va aller avec ou sans nous. Parce qu’ils sont au courant qu’il est dans un état de droit et il va frapper.’’
Pas d’accord avec la fermeture de la porte du port et surtout trouvant que le contrat devrait être effectif, Daouda Camara, secrétaire à la négociation de BMOP, Manutention portuaire, à rappeler quant à lui que ‘‘nous nous avons notre statut particulier, quel que soit celui qui arrange le port, travaillera avec les dockers, donc il n’est pas question que nous soyons licenciés’’.
Et de préciser : ‘‘Nous luttons parce qu’ils veulent faire une injustice. Tout le monde sait que quand une gare voiture s’agrandit, les chauffeurs y gagnent beaucoup. Nous les Dockers, nous sommes des transporteurs de bagages, 50 kg de 8h à 20h pour avoir de quoi nous nourrir. Quand ils ferment ici, nous on sera perdant. Vous avez entendu, vous-mêmes en tant que journaliste que le président Alpha a vendu à Bolloré, non ? Alors s’il l’a vendu, ce n’est pas vendu pour nous les Dockers (…) nous ici nous travaillons au nombre de 4000, il y a cinq mois, ils avaient fermé le port autonome, les gens du port, on les avait intimés de le rouvrir.’’
Il termine en rappelant : ‘‘Quand on dit le bail, est-ce que c’est vendre ? Même au Sénégal, leur aéroport, qui a arrangé ? C’est les Turcs qui ont arrangé, si on dit que s’il baille il l’a vendu est-ce que ça c’est vrai ? S’il n’y a pas l’extension du port, est-ce que nous les Dockers pouvons vivre ? Ils ont fait la chose sans informer les gens, eux ils sont au nombre de 800 personnes et nous 4000 personnes. Ils ont fermé la porte du port. Nous avons dit que ça n’allait pas rester fermée. Vous ne pouvez pas fermer la porte sans savoir le pourquoi, c’est d’ici que sortent les camions et rentrent, donc on ne va pas fermer. Ils prennent des milliards, ça ne marchera pas. Les gendarmes ont trouvé qu’on était en vrai combat. C’est nous qui avons appelé le président pour lui dire que si tu n’amènes pas les gendarmes, il y aura des morts. Mais avant que les gendarmes n’arrivent, on avait déjà ouvert la porte. Ils n’ont aucune force de fermer la porte devant nous, mais ils ont échoué, c’est seulement nous qui pouvons fermer la porte. Si on doit faire quelque chose, il faut que nous nous asseyons ensemble afin d’en discuter. Ils n’ont pas un bon syndicat, ce sont des voleurs.’’
Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com