Après un soutien indéfectible qui allait dans le sens de permettre au Président Alpha Condé de poursuivre les chantiers entrepris en fin de 1er mandat, la Génération Citoyenne a décidé de se démarquer de la Majorité Présidentielle, dont le bilan à mi-mandat est catastrophique.
Pourtant, sur la base de notre slogan de Campagne « Un mandat d’actions et de résultats, pour une émergence citoyenne et économique », la GéCi n’a eu de cesse à rappeler la ligne directrice à emprunter sitôt la victoire acquise :
Réduire le train de vie de l’Etat à travers un gouvernement resserré et pragmatique. Faire l’économie d’une prestation de serment dépensière pour un candidat reconduit; ce qui constituait le gage d’une gestion vertueuse et une gouvernance sobre. Sortir de la spirale infernale de la « campagne électorale permanente » en organisant les Communales dans la foulée, et engager aussitôt la procédure des Législatives anticipées à tenir 6 mois après, afin d’avoir 4 années de gestion sans une seule élection. Répondre à la soif de justice sociale du peuple par la tolérance zéro pour en finir avec l’impunité. Lancer le processus de justice-pardon-réconciliation pour un devoir de mémoire et édifier la nouvelle génération. Faire de l’accès à l’emploi des jeunes une priorité à travers l’apprentissage et la formation. Assainir le climat des affaires pour les investisseurs et mettre les entrepreneurs nationaux au cœur des politiques publiques. Financer le développement des PME qui créent la richesse et les emplois. Normaliser le secteur informel qui échappe à l’épargne et la bancarisation, pour en ressortir un bénéfice fiscal. Elargir notre champ de vision minimaliste « agriculture pluviale et mines » car l’économie est une chaine à diversifier. Relever le budget de l’éducation au niveau des standards de la sous-région. Transformer les Guinéens installés à l’étranger en véritables acteurs de développement. Etc, etc.
Au final, les propositions de la GéCi n’ont obtenu aucune résonance, alors que des résultats substantiels auraient été perceptibles à mi-mandat. En fait, c’est la même dramaturgie rhétorique et gesticulatoire qui règne depuis un bon moment.
Aujourd’hui, la parole présidentielle a perdu de sa superbe. L’opposant-Président s’est mis à refaire plus de politique qu’il ne gouverne. Au point de s’opposer à sa propre gestion et de pactiser avec ceux qu’il a toujours abhorrés.
Sa stratégie est de lancer des ballons d’essai pour prendre le pouls de la population. Neutraliser ses détracteurs les plus farouches ainsi que les transhumants sans mémoire à ses côtés. Retarder les échéances électorales, comme celles des Législatives tenues il y a 5 ans à ce jour, ainsi que la finalisation des Communales organisées depuis 9 mois.
Donc, face à des députés au mandat échu qui ne pourraient rien exiger de lui, il lâchera du lest devant les revendications qui touchent l’audit du fichier électoral, l’appel d’offres d’un nouvel opérateur, les sempiternels débats autour du couplage Législatives-Présidentielle, le recensement général, la révision constitutionnelle… Afin de jouer les prolongations ?
Quid de la Présidentielle dont les projecteurs sont braqués sur 2020, comme si nous en avions fini avec le mandat en cours ? Que dire des institutions en berne du fait de l’Exécutif, dont certaines ne servent à rien comme le CES et la HAC ?
Il est temps pour le régime de savoir que la paix, la sécurité et le développement ne se décrètent pas. C’est l’action politique qui les détermine et les consolide.
L’attelage gouvernemental à la composition bigarrée, avec à sa tête un PM qui ne fait que promettre et se justifier, nous ramène au degré zéro de la démagogie et de l’incompétence. C’est à croire que les Guinéens sont des demeurés qui portent des cornes !
Le PM, économiste de surcroit et ancien ministre des Finances, devrait savoir que les tenants de la croissance dépendant de l’investissement en amont, et de ses retombées en matière de création de richesses, d’emplois et de pouvoir d’achat qui boostent la consommation.
Il devrait savoir qu’il n’y a pas d’économie viable pour sortir notre pays de l’incurie économique, sans des valeurs morales comme l’éthique, l’obligation de résultat, et une vision prospective. C’est ce qui devrait nous permettre d’assurer un saut qualitatif dans le processus de transformation socioéconomique et institutionnelle de la Guinée.
Il devrait savoir qu’une croissance économique, solidaire et diversifiée doit reposer sur l’amélioration des infrastructures, une bonne gestion des ressources naturelles, la reddition des comptes, la répartition équilibrée des revenus de l’Etat…
Les chiffres ça ne se mange pas. L’économie, c’est la poche et le ventre. La croissance n’a de sens que si elle contribue à l’amélioration des conditions de vie.
Aujourd’hui, il faut recentrer le débat et placer le curseur sur l’existant, pour s’indigner devant la souffrance des populations guinéennes qui a atteint des sommets indescriptibles.
Ce constat amer exige une autre politique et d’autres acteurs pour renouveler la classe politique. L’heure est à la mobilisation entre les organisations citoyennes et politiques qui partagent les mêmes valeurs, afin de mettre notre démocratie à l’abri de toute décrue.
La Guinée doit retrouver son âme et changer de paradigmes. Les coordinations régionales et les religieux doivent s’impliquer dans la résolution de nos problèmes, même si tout est fait pour les utiliser, les discréditer et les diviser.
La Guinée est ce qui nous unit le plus. Chaque Guinéen doit être une partie de la solution, au delà des considérations partisanes, ethniques, politiques ou géographiques.
Donc, faisons en sorte qu’elle soit bien orientée et mieux gérée. C’est ici et maintenant !
Fodé Mohamed Soumah
Président de la Génération Citoyenne