La problématique de la qualité des données reste et demeure un sujet préoccupant en République de Guinée. Toutefois, malgré les récentes améliorations apportées aux recensements et aux enquêtes effectuées par l’INS qui, est de nos jours la référence en matière de production des données, les éléments constitutifs des systèmes statistiques nationaux dans notre cher Guinée se trouvent encore dans une situation précaire.
Pour être valables, ces données doivent être exactes, à jour, non regroupées et largement disponibles. Cependant, la Guinée fait exception à toutes ces règles. A titre d’illustration, les mesures de données fondamentales, telles que la croissance économique, le chômage, la pauvreté, l’inflation, la maladie, les naissances, le décès, les impôts, les terres, l’environnement, la scolarisation ainsi que la sécurité, laissent tout au plus à désirer.
Cependant, les institutions internationales ont besoin de données fiables sur les mesures de base du développement pour pouvoir planifier les programmes de développement. Dans la même lancée, pour établir son budget et évaluer l’impact de ces activités, le gouvernement a également besoin des données fiables et de qualité.
Dans cette optique, l’une des missions de l’INS devrait être l’amélioration et/ou la facilitation de la prise de décision des politiques tout en renforçant la responsabilisation de toutes les parties prenantes dans l’échange libre des données de haute qualité afin d’assurer que les efforts fournis en matière de financement et de développement soient efficaces.
A titre d’information, l’INS constitue la base de la production et de la gestion des données ; il établit les statistiques officielles et soutient les activités statistiques dans d’autres organismes nationaux, de manière à fournir des données exactes pour la prise de décisions.
Par voie de conséquence, l’INS doit être capable de fournir des statistiques fiables, exactes et non biaisées. Mais en Guinée, notre INS est limité dans son activité par le financement et l’absence d’autonomie vis-à-vis de l’Etat guinéen. Ce qui le rend vulnérable aux pressions exercées par les politiques occasionnant ainsi un manque de progrès notable en matière de capacité de production des statistiques.
A ces problématiques s’ajoutent l’existence d’écart entre les données administratives des différents départements (Banque Centrale, Ministère des Finances et Ministère du Plan) impliqués dans la production des données de qualité en République de Guinée et cela parfois sur une même variable statistique. Cette situation nous incite à affirmer sans risque de nous tromper que la plupart des chiffres publiés au niveau international sont inexacts.
Toutefois, on ne peut résoudre un problème que lorsqu’on arrive à le quantifier. Dans ce cas, comment faire des prévisions sur des données fondées sur de l’abstrait ? Pourquoi élaborer des programmes de développement avec des données calculés dans des bureaux sans pour autant qu’elles ne reflètent la situation macroéconomique du pays ? Pourquoi les politiques prennent-ils des décisions sans pour autant associés les universitaires ?
Des telles questions méritent d’être mûries par toutes les autorités guinéennes à tous les niveaux afin de pallier à cette insuffisance.
Nous ne saurons terminer cet exposé sans pour autant avoir une pensée profonde à tous les étudiants guinéens qui rencontrent d’énormes difficultés dans le cadre de la recherche des données fiables en vue de l’élaboration de leurs mémoires.
A notre entendement, le gouvernement guinéen doit se pencher sur ce problème afin de proposer des pistes solutions. Toutefois, nous pensons que dans cette lancée, nous avons quatre catégories de défis à surmonter : (1) assurer l’indépendance de l’INS ne serait-ce que sur le plan budgétaire ; (2) mettre fin aux incitations divergentes dans la production des données inexactes ; (2) renforcer la capacité de l’INS dans la production des données exactes, non biaisées et (4) classer par ordre de priorité les attributs essentiels des éléments constitutifs des données : exactitude, actualité, pertinence et disponibilité..
————————–
Mamadou Safayiou DIALLO
Economiste, Enseignant chercheur.