Comprenons bien les grévistes du SLECG et ceux qui les soutiennent. Premièrement : ces syndicalistes ont le droit de grever. Deuxièmement : on ne doit pas les licencier. Troisièmement : on ne peut pas les réquisitionner. Quatrièmement : on ne doit pas les remplacer par des contractuels. Cinquièmement : on doit continuer à payer leur salaire. Mais on est où là ?
L’Etat, quant à lui n’a qu’une seule option : accepter leurs revendications. Après avoir augmenté de près de 200% les salaires des enseignants, après avoir augmenté toutes leurs primes (primes de zone, de craie, de préparation, de documentation, etc.), après leur avoir donné une nouvelle grille salariale, après avoir annulé des décrets de nomination émanant du Président de la République lui-même, après avoir annulé des poursuites judiciaires pour grève illégale, après avoir obtenu le départ des Ministres du Travail et de l’Education Nationale (et peut-être même de celui du Budget), après avoir recruté sans concours tous les contractuels de l’Éducation ; le Gouvernement devrait céder une fois de plus aux revendications de Aboubacar Soumah et du SLECG ! Mais, on est où là ?
Tenez-vous bien, on parle comme ça du service public de l’Education Nationale ! Et on fait comment après avec les fonctionnaires de la Santé, de la Police, de la Douane, de l’Administration du Territoire, etc. ?
Certes, l’article 15 du Statut des fonctionnaires garantit le droit de grève aux fonctionnaires. Cependant le même article précise que ce droit doit être exercé conformément aux lois et règlements en vigueur et l’article 70 est encore plus clair : « Tout fonctionnaire a droit, après service fait, à une rémunération … » Le simple fait que ces grévistes osent demander à être payés alors qu’ils ne travaillent pas démontre toute l’irresponsabilité des ces syndicalistes et de ceux qui les soutiennent.
Ce qui se passe est un véritable défi pour la gouvernance en Guinée. Et pas seulement pour ce régime.
L’Etat ne peut plus continuer à accepter des revendications intempestives et fallacieuses sous forme de chantage à la grève ou à la violence. Ceux qui soutiennent cette manière de faire n’ont jamais eu la responsabilité de diriger une entreprise ou une structure avec des salariés et encore moins un Etat.
En France, pays des droits de l’homme et des libertés publiques par excellence, le Conseil d’Etat a déjà jugé que le Gouvernement pouvait utiliser son pouvoir de réquisition dans le cas où la grève serait de nature à « porter une atteinte suffisamment grave soit à la continuité du service public, soit à la satisfaction des besoins de la population » (Conseil d’Etat, 24 février 1961). Ce principe est une constante dans tous les pays. Il n’y a qu’en Guinée où un secteur aussi sensible et stratégique que l’Education peut être dépendant d’événements aussi irrationnels et soumis à la merci d’acteurs aussi irresponsables.
L’enseignement est un droit fondamental. Non seulement l’Etat a le droit de recruter des contractuels pour remplacer les grévistes du secteur éducatif, il a également le droit de suspendre leurs salaires. Il devrait avoir aussi le droit de réquisitionner les grévistes et le droit de les licencier en cas de refus. Si cela n’existe pas dans notre droit positif, il est grand temps de l’y insérer. Sinon on va où là ?
Ahmed Camara
Berlin