Censure

Interdiction des manifestations/ « On n’interdit pas pour interdire…»

Ce vendredi 9 novembre, lors d’un point de presse qui a regroupé plusieurs ministres, qui se sont entretenus, à tour de rôle, avec des journalistes sur les questions liées à la situation sociopolitique du pays, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, général Bouréma Condé, a expliqué le mécanisme des marches, le pourquoi de leurs interdictions, et au passage, a donné les statistiques portant sur l’installation des exécutifs communaux sur l’étendue du territoire national.

Informé que « nous sommes pratiquement à 96% de la mise en place des élus », le ministre Condé a donné les statistiques par région comme suit :  « Dans la région de Boké, sur 105 communes rurales et urbaines, 35 (exécutifs, ndlr) sont installés, ce qui fait un pourcentage de 95% qui restent à installer ; à Kankan, 58 communes, 52 sont installés, 6 restent à installer ; à Faranah 42 communes, les 42 sont installés, sur lesquels l’UFDG a 2 sièges, l’indépendant 1, le RPG 34, l’UFR a 1. A Mamou, 36 communes, 34 sont installés, 94%, l’UFDG 32, le RPG 6. A Labé, vous avez 53 communes, les 53 sont installés, 47 communes de l’UFDG et 6 du RPG. A N’Zérékoré, sur un total de 66 communes, les 66 sont tous installés, le RPG en a 53, l’UFR 1, l’UFDG 2, l’indépendant 3. A Kindia, avec un total de 45 communes, 40 sont installés, 25 du RPG, 13 de l’UFDG et 2 pour l’UFR ».

Poursuivant sur la crise que traverse le pays, il ajoute plus loin : « La mise en place de ces conseillers a été émaillée d’incidents parfois très graves et des marches ont été annoncées. Parlant de marches, nous revenons très souvent pour préciser que c’est un droit inaliénable pour le citoyen en régime de démocratie, de manifester, de faire des sit-in, de s’exprimer, c’est un droit. Mais à côté de ces droits,  il y a des devoirs, le devoir de respect de la loi, la marche ne s’improvise pas, une marche politique se prépare (…) Marcher ne signifie pas empêcher les autres d’aller au boulot, non plus caillasser les véhicules des innocents, tabasser, brûler des pneus sur les routes. Quand c’est ville morte, et le marcheur et celui qui ne marche pas, tout le monde est mort, il n’y a aucun problème. Mais lorsque vous dites, je fais une marche pacifique, et malheureusement, on déplore des cas de morts, les véhicules sont caillassés, les gens sont dépouillés de leurs téléphones, de tout ce qu’ils ont sur eux, giflés, tabassés, il y a, quelque part, l’absence de l’autorité pour dire que cela n’est pas possible dans une marche pacifique. On n’interdit pas pour interdire, on interdit pour éviter les dérapages. Vous n’allez jamais enregistrer que les organisateurs de marches ont été interpellés à la justice, alors qu’à chaque fois que nous disons que nous faisons une marche pacifique, et qu’il y a des véhicules qui sont caillassés, des maisons vandalisées, des gens frappés, l’Etat doit porter plainte contre les organisateurs de la marche, et c’est eux qui viennent non seulement répondre, mais aussi réparer tous les dégâts qui ont été causés ».

Enfin, il éclaire son auditoire en disant : « Vous avez vu que ces derniers temps, les demandes de marches tantôt pacifiques, tantôt des villes mortes, s’affranchissent de l’autorisation des autorités communales, alors que l’article 23 de la constitution précise qu’au cas où la marche ou la manifestation contient des risques de troubles à l’ordre public, l’autorité peut l’interdire. Chaque fois que les demandes de marches ont été adressées et que les autorités sont arrivées à les rejeter, on a tenté la bravade, autrement dit vaille que vaille, coûte que coûte, il faut que la marche se passe, alors qu’il y a un recours en deux temps, un premier recours administratif et un second recours juridique, celui-là (…) »

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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