Au cours d’un entretien qu’elle a accordé à la rédaction de Guinée7, ce lundi 31 décembre, l’honorable Aïssata Daffé, du groupe parlementaire alliance républicaine a donné sa position face à l’adoption, à l’Assemblée nationale samedi dernier, de la loi portant autorisation de la polygamie dans le nouveau Code civil guinéen.
Connue pour son engagement dans la lutte pour la cause féminine, Hadja Aïssata Daffé n’a pas caché son indignation suite à l’adoption de cette loi qui autorise désormais chaque homme à épouser jusqu’à 4 femmes. « C’est vraiment regrettable qu’on soit arrivé à ce point. C’est un recul pour nous, quand je pense que la convention de Mapouto avec ce qui existait déjà dans l’ancien code et qu’on revienne là dessus. Nous notre souhait c’est de maintenir le statu quo tel qu’écrit dans l’ancien code, mais nous étions obligés de nous abstenir pour ne pas voter pour ce code-là, à cause du seul point concernant la polygamie », a-t-elle déclaré au micro de notre reporter.
Plus loin ce membre du bureau Exécutif de l’UFR (Union des forces républicaines) a souligné quelques conséquences de la polygamie, qui selon elle se résument à des problèmes entre les enfants, entre les coépouses, qui aboutissent à des drames. Avant de faire savoir que: « depuis que cette loi a été votée avant-hier ça suscite des réactions dans la cité, même dans des ménages monogamiques des problèmes commencent déjà ».
Par ailleurs, l’honorable Aïssata Daffé a ressorti plusieurs articles dans le nouveau Code civil qui sont à l’avantage des femmes dans la société. « Notre souhait, c’était de voter contre normalement, mais vu les avancées qui existent quand même dans le code, sur certains articles concernant les femmes, nous avons préféré nous abstenir pour ne pas décrier tout ce qui est déjà là dans… Si ce code est promulgué et publié, désormais l’acte de mariage sera remis à la femme et l’homme n’aura que le livrai familial. Ensuite il y a la garde de l’enfant, la femme pouvait garder l’enfant jusqu’à l’âge de 7 ans et elle remet l’enfant à l’homme même si ce dernier est un ivrogne. Mais avec ce code, la garde de l’enfant peut revenir aux deux. Donc il y a beaucoup d’articles comme ça qui sont à l’avantage de la femme, que nous avons beaucoup appréciés », a expliqué la députée.
« Les femmes doivent, poursuit-elle, prendre leurs responsabilités. C’est dommage que le jour de l’adoption nous, femmes députées, nous n’étions pas entourées d’autres femmes. On pensait que beaucoup d’autres femmes allaient venir à assemblée nationale ce jour pour soutenir notre combat, parce que certains hommes nous ont même menacés, en disant que « si ce code-là ne passe pas, nous n’allons pas aussi voter pour la parité ».
Pour terminer, Hadja Aïssata Daffé confie : « les plaidoyers vont continuer et c’est le lieu qu’on fasse appel à toutes les femmes qu’on se donne les mains, qu’on fasse le plaidoyer jusqu’au niveau du chef de l’État afin qu’il ne promulgue pas ce code-là et ça revient en deuxième lecture ».
Mohamed Soumah pour Guinee7.com
