Censure

Profanation de l’effigie de Sékou Touré au pont du 8 Novembre / Ce qu’en dit l’artiste Phaduba

S’identifiant désormais comme l’un des défenseurs de la culture guinéenne à travers les style « mandingue sound » qu’il compte mettre en valeur, et auteur de la chanson « Mathématique », où il a fait état des répressions qui ont lieu au camp Boiro, sous l’ère du président Ahmed Sékou Touré, le rappeur guinéen Phaduba Keita, interrogé par Guinee7.com, ce vendredi, nous a confié son point de vue par rapport au barbouillage de l’image de Sékou Touré au pont du 8 Novembre.

Je pense que c’est une agression vis-à-vis de ces artistes….

Je pense qu’on ne peut pas omettre le président Ahmed Sékou Touré dans l’histoire de la république de Guinée. Les jeunes qui se sont exprimés n’ont fait que faire de l’art, et ils savent que le président Sékou Touré est une composante de la Guinée. On ne peut pas parler de la Guinée sans pour autant le citer. Je pense que c’est une agression vis-à-vis de ces artistes. J’ai dénoncé les torts du camp Boiro, ce qu’il a causé à des milliers de familles en république de Guinée ; tout comme j’ai parlé de l’apport que ce même président a eu à faire dans le combat panafricain et dans le combat lié à la souveraineté de sa population. Je l’ai fait à travers le projet « Présidents d’Afrique » de DJ Awady. C’est pour dire que dans toute chose, il y a les deux extrémités, mais le mieux c’est de pouvoir trouver, quand il y a conflit, le juste milieu, pour pouvoir sortir des guéguerres qui ne feront avancer personne.

Il est important d’arriver à un devoir de mémoire, on a une mémoire collective à préserver dans ce pays…

Ce qui est de l’effigie du président Ahmed au pont du 8 Novembre, comme je l’ai dit dans la chanson, pour ce qui est de son époque, en ce qui est des victimes du camp Boiro. Les victimes, les parents des victimes, les amis et sympathisants de ceux qui ont subi l’oppression de cette époque ; je pense que et eux et le camp présidentiel, on a tous un devoir vis-à-vis de ce pays. Arrivé à un certain niveau, il est important d’arriver à  un devoir de mémoire, on a une mémoire collective à préserver dans ce pays. On ne peut pas omettre le rôle qu’a joué le président Ahmed Sékou Touré dans la vie de la république de  Guinée, même si pendant un long  moment, ça été entaché de taches tel que le camp Boiro. Il faut le signaler, il n’y a pas eu que le camp Boiro comme camp de répression en république de Guinée, il y en a eu d’autres. Mais il ne faut pas oublier que pour ceux qui le défendent, le monsieur (Sékou Touré, ndlr) ne faisait que se défendre ; parce que s’il ne s’était pas défendu, il serait mort, comme Lumumba, comme Sankara. Le camp Boiro était aussi une réalité et la persécution du président Sékou Touré était une réalité aussi… Mais trouver le juste milieu, il faudrait que l’on accepte de faire un devoir de mémoire dans ce pays, que l’on accepte de parler, qu’on se mette à table. Il y a encore des témoins qui sont là, qui sont encore en France et un peu partout en Afrique. Il faudrait que l’on fasse une conférence de réconciliation nationale et de pardon.

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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