Censure

Internet/Quand Mamy Diaby perd la connexion

Face à la presse ce lundi, Moustapha Mamy Diaby, ministre des Postes et Télécommunications et de l’Economie numérique, a sorti les mêmes arguments d’il y a des années, pour parler d’internet en Guinée : ‘‘Quand on fait une appréciation sur une échelle, il faut comparer. Les coûts sont élevés par rapport à quel pays ? La Guinée, nous avons les coûts les plus bas, pas seulement de la CEDEAO, mais de toute l’Afrique, je vous invite à comparer tous les coûts, avec tous les pays africains (que ce soit le trafic à l’intérieur du réseau d’un opérateur, que ce soit le trafic entre les opérateurs).’’

Et nana ni nana na. Ce que le ministre ne dit évidemment pas, c’est qu’il faut 17 heures 28 minutes et 13 secondes à un internaute guinéen pour télécharger un film de 5 GB (giga bits), alors que ce temps est de 27 minutes et 27 secondes pour un internaute au Madagascar et de 28 minutes et 10 secondes en France (Rapport 2018 de la La Worldwide Broadband Speed League).

La question ? Est-ce qu’on peut payer plus cher une telle qualité d’internet ? en un mot ou en mille, quand la qualité est médiocre, on paye moins.

Et ce n’est pas tout. Il a été dit et répété que quand il y aura la fibre optique, les prix vont baisser et la qualité sera meilleure. Selon un technicien du domaine, la Guinéenne de large bande (Guilab), a suffisamment de capacité pour la Guinée. ‘‘Le problème est que les opérateurs n’investissent pas suffisamment pour servir leurs clients. Et ça c’est l’ARPT (autorité de régulation des postes et télécommunications, NDLR) qui doit veiller sur ça. Je vous fais remarquer que l’ARPT relève du ministère’’, nous dit notre source.

Mais Mamy Diaby comme pour nous faire encore perdre le réseau, vend un autre projet aux Guinéens ::  ‘‘Nous comptons faire atterrir un deuxième câble sous-marin, la semaine dernière vous avez tous vu qu’il y avait un problème d’internet ; ceci est dû à une panne,  Certains m’ont dit une panne en Guinée, non une panne en Europe, comme c’est une infrastructure mutualisée, le problème de l’un est le problème de tout le monde, si on avait un deuxième câble sous-marin, on peut transférer le trafic sur l’autre, c’est pourquoi nous prenons comme priorité l’atterrissement d’un deuxième câble sous-marin.’’

Dans ces derniers propos, il est à relever que le ministre dit que nous utilisons les mêmes infrastructures que l’Europe. Ce qui est vrai. Alors pourquoi ne pas avoir la même qualité que l’Europe ? On a comme impression qu’on se contente du peu en ne se comparant qu’à notre passé. Et pourtant on peut faire mieux.

Pour tout dire, rappelons encore une fois le rapport 2018 de Worldwide Broadband Speed League qui disait ceci : la Guinée dispose de l’une des connexions Internet les plus lentes au monde avec une vitesse de téléchargement de 0.65 Mbps. Et du coup, notre pays sur le plan mondial, est classé 196 sur 197 ; et sur le plan africain, 45e sur 46. La Guinée perdait ainsi 13 places par rapport au classement de 2017.

C’est ce qu’il faut corriger monsieur le ministre !

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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