Trop nombreux et actuellement présents sur toute l’étendue du territoire national, les moto-taxis sont devenus un véritable métier. Adulé par les uns pour la rapidité et décrié par les autres pour sa dangerosité, ce moyen de transport ne cesse de faire débat dans la société.
Qui sont ces jeunes ? Qu’est-ce qui les pousse à exercer ce métier et qu’endurent-ils ? Telles sont les questions que nous avons posées à certains jeunes, en réalisant ce reportage dans « la ville des agrumes ».
Pour ce faire, deux jeunes taximen, que rien ne lie, si ce n’est l’exercice de ce métier, nous ont permis d’immerger temporairement dans leurs vies, en nous expliquant ce qu’implique l’exercice de ce gagne-pain.
Loin de ses parents, Balla Elisée Kpavogui, étudiant en licence 2 en santé publique, se dit être obligé : « Je fais ce métier pour avoir le prix de stylo et d’autres petits besoins. Ici la vie n’est vraiment pas facile (…) S’il faut attendre que les parents t’envoient de l’argent, cela prend trop de temps. C’est pourquoi je profite de mes heures creuses pour faire le moto-taxi, juste pour avoir de quoi manger ».
Ne minimisant pas les difficultés qui les assaillent, il les a listées ainsi : « D’un autre côté, faire cette navette joue beaucoup sur mes études, vu que c’est très fatiguant, si je le fais des fois, je rentre à la maison fatigué, ce qui m’empêche de réviser mes cours et ce sont des leçons qui s’accumulent. Mais comment faire ? Une autre difficulté, c’est avec la police, comme je l’ai dit, tu peux sortir pour rouler une ou deux heures, ces derniers peuvent t’arrêter, en te faisant perdre du temps, mais aussi te demander une somme que tu n’as même pas encore eue. Ensuite, Il y a aussi le fait que les motards soient nombreux, les clients cassent le prix que toi tu fixes, parce que si toi tu n’acceptes pas, quelqu’un d’autre va en profiter. Il y a aussi l’imprudence des motards qui créent souvent des accidents mortels ».
Conscient du danger, notre interlocuteur n’a pas hésité d’appeler ses confrères à « jouer la prudence », mais aussi à ne pas abandonner leurs études ou métiers pour ce travail qu’il estime être précaire et temporaire.
Dans cette ville de la Basse Guinée, il n’y a pas que les étudiants. De jeunes natifs aussi qui, pour d’autres réalités, tombent dans ce métier.
C’est notamment le cas de Sylla Abraham, qui, du matin au soir, chevauche à toute pompe sa moto de marque TVS. Cette dernière est devenue sa meilleure partenaire et son principal atout. Lui permettant de s’en sortir et de joindre les bouts. Ancien élève et aventurier, ce jeune d’une vingtaine d’années nous a confié que : « Moi, j’ai abandonné les études, parce que je voyais des gens plus âgés que moi, qui étudiaient, mais je n’avais pas de boulot. Pour un premier temps, je me suis essayé à l’aventure, je suis allé en Algérie, où j’ai vraiment souffert ; je ne souhaite cette souffrance à personne. Donc quand on m’a rapatrié, de retour ici, je n’ai trouvé aucun moyen de subvenir à mes besoins que d’exercer ce métier. Peut être que je vais m’en sortir. Mais je n’essayerai plus jamais l’aventure », nous a-t-il lancé, avec un large sourire nourri d’espoir.
Bien que précaire et tortueux, ce métier qui relève encore du secteur informel dans certaines localités, continue d’attirer des jeunes qui, sans issue, viennent s’ajouter à ceux qui le font déjà.
Abdou Lory Sylla à Kindia pour Guinee7.com