A Labé, près de mille candidatures ont été enregistrées dans le cadre du recrutement lancé par le ministère de la Défense nationale. Le même engouement est constaté dans toutes les régions en Guinée. Rarement notre armée a fait l’objet d’une telle admiration. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ?
Nous avons posé cette question à quelques candidats. Les réponses ci-dessous.
j’ai remarqué qu’il y a assez d’analphabètes dans les rangs de nos forces de l’ordre
Oumar Lory Sylla : « Le motif est que la gendarmerie je l’ai toujours admiré, même étant étudiant. Moi ce qui m’a motivé, j’ai remarqué qu’il y a assez d’analphabètes dans les rangs de nos forces de l’ordre, donc en tant que jeune diplômé, j’aimerais contribuer à remédier à cela, pur participer à la réforme de l’armée. Dans ce cadre, je compte bien aider mon pays, parce qu’un pays sans armée est comme un pays sans drapeau. Je demanderais à l’Etat d’accélérer le processus, pour que nous puissions avoir notre place. »
je ne veux pas rester comme cela à ne rien faire
Patrick Millimono : « La première motivation est que depuis longtemps j’aimais l’armée guinéenne. J’ai étudié jusqu’au niveau de la terminale, avec le BAC cela n’a pas marché. Donc je ne veux pas rester comme cela à ne rien faire. Donc j’ai décidé d’intégrer l’armée. Cet appel à candidature constitue vraiment une aubaine pour moi et cela est vraiment très important. »
je sais qu’il y a un bon salaire
Soumah Yahya : « Je fais la vitrerie, cela fait trois ans maintenant. J’ai aimé l’armée guinéenne parce que, j’ai mon frère qui en fait partie et j’aimerais vraiment être comme lui. J’ai beaucoup d’amis qui y sont déjà et qui avec leurs grades sont très beaux. Intégrer l’armée c’est vraiment un rêve pur moi. C’est ce que je veux. En plus, il y a beaucoup de choses que je vois dans l’armée guinéenne qui me font mal, donc j’aimerais aider à changer ces choses-là, comme certains comportements. Je fais le métier de vitrier depuis trois ans, mais cela ne me permet pas de satisfaire tous mes besoins et dans l’armée, je sais qu’il y a un bon salaire, chose qui peut me permettre de satisfaire mes besoins, ainsi que ceux de mes parents. »
je sais qu’avec ce métier, je pourrais servir mon pays
Ibrahima Sory Sagno : « Ma motivation est que je suis là, je n’étudie pas, je ne fais aucun travail. Quand j’ai entendu ce recrutement, j’ai voulu m’engager, mon père était un policier, mais il est mort. J’ai dit à ma mère de tout faire pour que je puisse intégrer l’armée à l’occasion de ce recrutement. J’aime mon pays et je sais qu’avec ce métier, je pourrais servir mon pays. Il y a beaucoup de petit problème à Conakry, donc si j’intègre l’armée, je pourrais apporter mon grain de sel pour le maintien d’ordre et autres choses. Cela pourra me permettre de recadrer ma vie et me prendre en main. »
J’avance en âge, et jusqu’à présent ce sont les parents qui m’entretiennent
Sous anonymat, un diplômé de l’université de Conakry : « La raison principale est que nous n’avons pas le choix. J’ai fini les études, il y a de cela six ans, je suis là, je suis assistant dans une école, maintenant j’ai réfléchi et je me suis dit qu’il y a trois ans, quatre ans assistant et jusqu’à présent sans situation sérieuse, je me suis dit qu’au lieu de continuer ainsi, de faire cela. L’armée pour moi, c’était vraiment un dernier recours. J’avance en âge, et jusqu’à présent ce sont les parents qui m’entretiennent, ils sont maintenant âgés et c’était vraiment à moi de prendre la relève. »
l’armée n’est pas un endroit fait pour s’enrichir ou simplement un moyen de sortir du chômage
La même question, nous l’avons posée au directeur des Relations publiques de l’Armée guinéenne, Aladji Cellou qui répond : « J’ose croire que cet engouement des jeunes à vouloir faire carrière au sein des forces armées s’explique par leur volonté de servir la patrie. Car l’armée n’est pas un endroit fait pour s’enrichir ou simplement un moyen de sortir du chômage. Ce n’est non plus un dépotoir de « déchets de la société ». Les hommes et les femmes qui s’engagent dans l’armée sont des héros car c’est le seul métier au monde où on s’engage à faire don de soi à sa nation. Car le bon militaire est prêt à tous les sacrifices, y compris le sacrifice ultime, pour défendre le drapeau. C’est pourquoi dans l’armée, on ne parle pas de salaire mais de solde. Je pense que s’il y a un tel engouement, c’est parce que l’armée guinéenne est une institution digne et respectable qui a su se faire respecter ici et ailleurs. Elle attire ainsi par sa bravoure et ses hauts faits d’armes, la jeunesse guinéenne. »
Ci-dessous les candidats dans une école à Yimbaya (Matoto)
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com