Lorsque le monstre que nous sommes devenu est celui-là même que nous avons combattu toute notre vie, alors nous sommes foutus.
Le plus grand combat qu’il peut nous arriver de mener dans notre existence est le combat contre nous-même. C’est le combat que nous menons contre notre propre personne lorsque nous adoptons des comportements que nous avons toujours rejetés. C’est le combat le plus difficile. C’est le combat de notre vie. Exemple: refuser l’alternance politique lorsque nous avons passé notre vie à défendre les valeurs de la démocratie.
Le président de la République, a, semble-t-il, lutté pendant 40 ans pour l’avènement d’une Guinée démocratique, une Guinée débarrassée de toute corruption, sous quelque forme que ce soit. Il aurait axé toute sa lutte politique sur les notions d’intégrité et du patriotisme pour une Guinée émergente et prospère.
Seulement voilà. Il est aujourd’hui entouré de personnes qui ont contribué à façonner des systèmes de corruption à ciel ouvert, des clans mafieux qui n’ont pour seul but que de le conduire vers le chaos, vers la fuite en avant en profitant au maximum de son désarroi. Tout cela dans un savant mélange d’affairisme et d’ethnostratégie. Il n’a pour seuls conseillers que ces gens-là. Et l’ironie du sort, ces mêmes personnes ont participé à saper jadis ses efforts d’opposant farouche au régime du Général Lansana Conté.
Le seul adversaire du Fama est le militant qu’il est devenu. Il représente à la fois lui-même et son antithèse. Son vrai combat aujourd’hui a pour principal cible sa personne.
Le Fama aurait dit un jour qu’il ne vient pas au pouvoir « pour gouverner des cimetières ». Mais aujourd’hui il demande à ses « coomilitants » de se préparer pour l’affrontement.
Serait-il devenu le monstre qu’il a toujours combattu?
Bill de Sam