Ce n’est encore pas officiel. Mais c’est tout comme. Le président Alpha Condé veut soumettre par référendum une nouvelle constitution. Il y a quelques jours, au siège de son parti, il avait montré les signes : ‘‘Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut. Que les gens se détrompent. Je suis prêt au débat politique avec n’importe quel acteur politique. Le temps du silence est fini.’’
Il est vrai que l’opposition guinéenne est contre cette nouvelle constitution qu’elle assimile à un troisième mandat pour le président et pour s’y opposer, elle brandit la constitution actuelle qui stipule que dans tous les cas, une modification de l’article concernant le mandat présidentiel (cinq ans, renouvelable une seule fois) ne peut être modifié.
Alpha Condé ne touche pas à cette constitution. Il propose une autre et, par référendum ! Une voie démocratique que la constitution en vigueur n’a pas empruntée. C’est toute la délicatesse de la question.
Il faut reconnaître qu’une constitution ne doit pas être figée. Elle doit s’adapter aux réalités du moment.
Mais pourquoi le président guinéen ne propose une nouvelle constitution qu’à la fin de son mandat ? C’est là où son opposition trouve la démarche vicieuse. Elle estime que ce n’est qu’une manière de s’offrir une rallonge. Et Alpha Condé au pouvoir au-delà de 2020, compromet l’avenir politique de l’ensemble des principaux leaders [Sidya Touré, Cellou Dalein, Lansana Kouyaté] (le moins âgé parmi eux a plus de 65 ans !). Ils jouent leur va-tout. C’est pourquoi le projet de nouvelle constitution ne passera pas comme une lettre à la poste.