Censure

La gestion des déchets (liquides, solides, gazeux, etc.) est un cycle quotidien

Nous produisons tellement de déchets – qu’importe le type – qu’il serait illusoire ou utopique de vouloir les gérer comme un défi saisonnier. Il faut  cependant, une véritable vision stratégique traduite en actions concrètes : donner une seconde vie aux déchets. Il ne s’agit pas de considérer les ordures comme des substances encombrantes sans aucune valeur ajoutée, mais comme des matières à bonifier pour en tirer des profits économiques bénéfiques à tous les niveaux.

Rien ne se perd, tout se transforme. Notre pays n’est malheureusement pas dans l’esprit de cette maxime. Au regard de l’urbanisation rapide et de la croissance démographique actuelle, l’appareil étatique est apparemment impuissant  et manque drastiquement de stratégie viable pour contenir les ordures. Nous assistons plutôt à des séries de propagandes politiques  maquillées en lieu et place d’un véritable mécanisme de traitement et recyclage des ordures. On s’écarte de l’essentiel en agissant pour l’intérêt personnalisé.

Ce n’est pas des actions populistes et ponctuelles qui combattent l’insalubrité. Il faut des moyens matériels et humains et surtout de la pédagogie. La sensibilisation porte ses fruits lorsqu’elle est accompagnée de preuves palpables et visibles par tous.

C’est terrifiant et affligeant de voir des décharges sauvages tuer des paisibles populations dans leur sommeil naturel. Les familles éplorées de Daresalam et Dabondy récemment, en ont payé les frais. Malheureusement, ceci n’est que la face visible de l’Iceberg. Combien de personnes périssent directement ou indirectement de ce mal sans aucune communication globale ? C’est énorme !

Dommage que chez nous, la gestion des ordures ressemble à un gâteau cérémonial où chacun repart avec un morceau dans la main. On met en place des projets fantômes pour justifier le détournement effréné du dénier public. Une minorité qui s’enrichit au calme tandis que le contribuable  périt à petit feu.

C’est révoltant ! Pourtant, il ne manque pas de ressources pour faire face à cette situation désolante. Nous avons par exemple combien de bataillon militaire qui chôme ? que fait-on du professionnalisme du génie militaire ? Combien de jeunes on aurait pu mobiliser pour servir dans les usines de transformation de déchets ? Combien d’emploi cela aurait pu créer ? À quoi servent les montants faramineux payés ou injectés par les entreprises ou compagnies  dans le cadre de leur RSE ? Les grosses dettes contractées auprès des institutions internationales servent à quoi ? Les planches à billets correctives servent à quoi ? Les taxes journalières collectées dans les différents marchés sont-elles bien orientées ? Arrivent-elles dans les caisses de l’Etat ? Quelle est la priorité prioritaire ?

Nous sommes néanmoins conscients des dangers de ces montagnes d’ordures auxquels nous faisons face au quotidien. La mauvaise gestion des déchets contamine les océans, obstrue les canaux d’évacuation des eaux et provoque des inondations, propage des maladies, accroît les problèmes respiratoires du fait du brûlage des ordures à l’air libre, tuent des animaux et affecte le développement économique, en nuisant par exemple au tourisme.

Pour ma part, je proposerais quelques pistes de réflexion pour une meilleure gestion des ordures notamment :

  • Dépolitiser la gestion des ordures;
  • Identifier un endroit pour servir de décharge hors de la ville de Conakry et organiser la logistique en fonction;
  • Domestiquer les ordures;
  • Mettre en place une préfecture chargée de la gestion des ordures
  • Acheter les ordures à la tonne pour les acheminer dans les industries de recyclage appropriées (énergie, engrais, matériaux divers, etc.) ;
  • promouvoir des PME qui vont servir d’interface dans les collectes des ordures ménagères

D’ici là, à quand les ordures seront-elles vaincues à Conakry ? A ce rythme, le pari est loin d’être gagné !

Lamarana Barry, Sociologue- Communicant

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