En ce lundi 26 Mai, 24h après la date anniversaire de la création de l’organisation de l’unité africaine (devenue en 2001 Union Africaine), nous sommes allés à la rencontre de Mikhindé Dalindé. Ce jeune artiste et animateur radio est un panafricaniste convaincu, croyant profondément aux valeurs ancestrales africaines. il s’identifie par ses sandales fabriquées avec des pneus usés, ses dreadlocks et son habillement traditionnel. nous commençons par le saluer en français : « bonjour Mikhindé ! », lui nous répond en Soussou, « M’bara i nou woli sa, I kèna » (je vous remercie, bonjour). L’interview peut démarrer !
Guinee7. Le mouvement LANKIRA (chemin de l’unité) auquel vous appartenez a organisé une marche dite pour l’unité Africaine, nous voulons en savoir plus.
Mikhindé. L’objectif de cette 8e édition est de réaliser l’unité africaine avec le peuple à la base. Nous sommes conscients aujourd’hui que les décisions sont prises par l’élite et nous cherchons à savoir pourquoi cette élite ne veut pas aller vers l’union. Nous ne comptons plus sur elle, nous comptons sur le peuple à la base pour partir vers l’unité africaine.
Qu’entendez-vous par « unité africaine » ?
Notre unité africaine c’est un seul président, une seule nation, un seul drapeau et une seule monnaie. Si vous voulez on peut en avoir dix (10), faudrait-il que ces monnaies soient gérées par nous (Africains). Aussi une loi fédérale qui gère toute l’Afrique, c’est ce que nous voulons. C’est seulement en étant un Etat unitaire qu’on sera fort… Surtout dans ce monde qui est un panier de requins où les forts écrasent les faibles.
Dans cette Afrique suffisamment divisée, n’est-ce pas de l’utopie votre combat ?
Qu’est-ce que vous appelez utopie ?
Un rêve irréalisable.
Evidemment que c’est un rêve. On comprend qu’un rêve ne se réalisera pas, quand on l’abandonne… Ce n’est pas une utopie… Tout peuple qui ne rêve pas, sera esclave ou subbordonné dans le futur des peuples qui rêvent aujourd’hui.
Votre combat n’est-il pas perdu d’avance ? Vous dites ne pas bénéficier du soutien des politiques.
Le vrai pouvoir se trouve dans la main du peuple, quand il en est conscient. C’est pourquoi nous menons toutes nos activités pour que le peuple se réveille. Et quand il sera débout, il va faire faire aux dirigeants ce qu’il veut. C’est vrai que c’est lent, un siècle, deux, voire même trois… C’est beaucoup dans la vie d’un individu mais il s’agit d’un combat collectif.
Et vous parvenez à convaincre ?
Oui. Cette marche (pour l’unité africaine) a démarré depuis 2011, nous sommes à la 8e édition. Au départ il y avait 17 personnes, mais aujourd’hui nous sommes de plus en plus nombreux… Le Sénégal nous a emboité le pas depuis trois ans, la Guinée-bissau a aussi marché cette année pour l’unité africaine, peut être d’ici 2025 toute l’Afrique marchera avec nous…
Votre « Etat Africain », à quoi va-t-il ressembler ?
Je ne suis pas politologue. Les spécialistes de ce domaine vont faire leur travail. Nous voudrions avoir tout de même une fédération. Mais tout est question de volonté politique. Tout ce qui existe aujourd’hui a été inventé par l’Homme. La forme de l’Etat importe peu, personnellement je n’ai rien contre la monarchie par exemple…
L’interview prend fin, au moment où nous allons le remercier, notre interlocuteur veut placer une dernière chose !
… L’union africaine est la plus grosse trahison que les panafricanistes ont subie. Ce n’est qu’une association des présidents-présidés.
Pourtant elle est considérée comme le remède à tout ce qu’on reprochait à l’OUA…
Voilà, ça c’est juste quitter la cellule A pour la cellule B de la même prison. Cette union africaine veut « l’union », mais elle maintient ce qui nous divise, en votant pour l’intangibilité de nos frontières internes… Cette UA est une coquille vide, nous ne nous intéressons pas à ça. S’ils (les présidents africains) sont sûrs d’eux, ils n’ont qu’à organiser un reférendum continental pour demander aux africains s’ils sont pour ou contre l’unité africaine…
Merci Mikhindé !
Merci à vous.
Entretien réalisé par Alpha.