Il lui a fallu juste cette affirmation « le référendum constitutionnel peut valablement avoir lieu », dans une contribution qu’il a bien voulu apporter dans le débat national autour d’un sujet aussi sensible qu’est l’adoption d’une nouvelle constitution pour qu’il soit tout de suite érigé en ennemi public n°1 de la république par certains.
Les vagues de réactions et de commentaires fusant de part et d’autre sont telles qu’elles sortent du débat civilisé et intellectuel qui est posé. Elles prennent une tout autre tournure au lieu de refléter le vrai débat d’idée entre de simples citoyens guinéens. Pourtant, dans son rôle d’homme de droit constitutionnel et à la suite de plusieurs demandes d’explications juridiques sur cette question qui divise profondément les Guinéens, Pr. Maurice Togba Zogbélémou n’a fait qu’accomplir son devoir.
Mais la dose de passion et d’émotion que prennent les réactions qui lui sont opposées est telle qu’on peine à croire qu’il y a peu de temps, c’est le même qu’unanimement, tout le monde citait en référence parce qu’il était présenté comme l’as du droit guinéen. Ce, en raison de son parcours et de sa formation.
En effet, ancien ministre de la justice, Maitre Maurice Togba Zogbélémou est l’un des rédacteurs de l’actuelle constitution guinéenne de mai 2010. Enseignant-chercheur et auteur de deux ouvrages ‘’Les élections en Guinée’’ et ‘’Droit des organisations d’intégration économique en Afrique’’, il est aussi avocat au barreau de Guinée.
Pour en revenir à la contribution dont il est question, il faut dire que pour son auteur, elle a pour objectif d’aider à lever un coin du voile sur l’amalgame autour de l’adoption d’une nouvelle constitution ou le sujet d’un troisième mandat pour le Président en exercice. Et à propos, il a écrit : « L’élaboration d’une nouvelle constitution, à l’initiative, du Président de la république a donc pour base légale l’article 51 de constitution. Cet article 51 de la constitution pourrait donc se servir de base juridique à un référendum portant sur une nouvelle constitution eu égard son contenu ». Manifestement, la phrase a été très mal comprise par certains. Ainsi, depuis la publication de la tribune, le Pr. Zogbélémou est objet des attaques les plus vilaines qui soient. On s’en prend à sa personne et même à sa dignité au lieu que ça soit l’occasion de poser le vrai débat d’idées pour que naissent des avis contraires.
Ces agissements, disons peu catholiques, ne peuvent en aucun cas permettre à la Guinée d’être un pays démocratique, un véritable havre de paix sociale. Les prises de position politiques, ethniques, régionalistes et tribalistes, guidées donc par des motivations subjectives, ne sont pas faites pour consolider nos valeurs ancestrales, nos ententes séculaires. Donc, gardons-nous-en. Sereins et lucides, allons au débat avec nos arguments ! Pour qu’avec eux, et eux seuls, nous triomphions. Nous en sortirons plus fiers que nous ne le sommes aujourd’hui.
Tomou TRAORÉ, journaliste politique