La Guinée est un pays de l’Afrique de l’Ouest qui partage ses frontières avec six Etats voisins. Ce pays à l’avantage de réunir dans un même ensemble national quatre grandes régions naturelles. Ces quatre régions présentent une originalité en termes de leurs paysages socio-culturels, leurs faunes et flores, leurs cours d’eaux et leurs ressources naturelles du sol et du sous-sol. Mais, en dépit de tous ces dons qu’offre la nature au pays, la population, quant à elle, tire toujours le diable par la queue. Car les fléaux comme : le chômage, la précarité et la cherté de la vie, la pauvreté, la corruption galopante, le détournement des deniers publics etc., sont sans l’ombre d’aucun doute les caractéristiques de notre société.
Pourtant, ces fléaux ne sont nullement pas tombés du ciel, à plus forte raison un fruit du hasard. Ils découlent plutôt de l’insouciance, la passivité et l’ignorance de la population en général, et les acteurs qui ont la charge de conduire la destinée du pays en particulier.
Ainsi, face à une telle situation à la fois inquiétante et révoltante, il serait important pour nous de nous poser un certain nombre de questions : sommes-nous condamnés de vivre dans un tel calvaire ? Sommes-nous incapables de nous révolter contre ces fléaux, y compris les hommes qui les entretiennent ?
En effet, après soixante (60) ans d’indépendance, une majorité des guinéens vit au rythme d’un train-train quotidien en ayant en tête que leurs sorts seraient déjà scellés. Dorénavant, ils estiment qu’il n’y a aucune garantie en ce qui concerne l’amélioration de leurs conditions de vie. A bien des égards, ce sentiment de désespoir a rendu notre société l’ombre d’elle-même : plus de confiance fondée, plus de courage pour lutter, plus de patriotisme ; bref, plus rien de bon. Ce qui compte pour chacun : c’est les ombrages, le repli identitaire, la médiocrité, la haine de l’autre, le népotisme, le clientélisme, le régionalisme etc. Est-ce une fatalité ou une malédiction ?
A mon humble avis, nous devons diagnostiquer ces fléaux qui rongent notre société et qui nous transforment en des esclaves sur notre propre territoire. Nous devons nous arrêter maintenant, et situer les responsabilités à tous les niveaux sans parti pris. Et pour ce faire, nous devons à tout prix quitter dans ces torpeurs chroniques qui dominent incessamment notre propre personne y compris nos mentalités.
Chers compatriotes, il est temps pour nous de nous réveiller, de nous engager pour la patrie en commençant d’abord par nous révolter contre nous-mêmes, et, ensuite, contre ces cons qui veulent maintenir notre pays dans cette pauvreté indescriptible et dans ces jeux ethno-stratégiques ; c’est-à-dire cette dichotomie Peulh-Malinké, Soussou-Guèrzé. Sans cette révolte citoyenne, nous ressemblerons à des moutons qui sont incapables de discernement, intoxiqués par de multiples slogans démagogiques, et des discours mensongers qui nous font espérer la lune, « le toujours plus ! ».
Alors peuple de Guinée, pour que demain soit non seulement meilleur pour nous, mais aussi pour nos enfants, il faudrait que nous commencions par nous révolter contre :
Nous-mêmes (Peuple de Guinée) :
Après toutes réflexions, je suis au regret d’insinuer que la marche de notre pays m’inquiète à plus d’un titre ; il me semble que tous les guinéens ont des esprits fabriqués dans un même moule. Nous sommes tous, tous caractérisés par la facilité, la paresse, l’amnésie, la tromperie, le dénigrement, l’ethno-stratégie, la corruption, la turpitude, la passivité, la perversité, l’indifférence face aux maux qui rongent notre société, que sais-je encore ?
Jamais nous ne réfléchissons de nous-mêmes. Jamais nous ne voulons plus dépendre de nous-mêmes. Notre survie dépend aujourd’hui du gain de la loterie, c’est-à-dire la chance ou la malchance de tomber sur une bonne ou mauvaise combinaison.
En effet, la Guinée ressemble à un vaste champ de riz abandonné par ses propriétaires. Ce champ de riz se trouvant à la merci des oiseaux, des bœufs et des moutons ne servira que de boue pour remplir le grenier. Cette triste réalité survient, pour la simple raison qu’aune personne n’était présente pour lever son petit doigt et dire « Halte, ça suffit ! ».
De nos jours, tous les garde-fous sont outrepassés dans notre pays parce que tout simplement, c’est toujours les mêmes gratins qui se succèdent aux mêmes postes et de manière récurrente. Ils n’ont ni la qualité, moins la compétence de diriger ce pays. Ils font ce que bon leur semble. De surcroît, les actes qu’ils posent au quotidien, ne sont envisageables que dans les films Hollywoodiens. Bon sang de Dieu ! De quoi avons-nous peur : la mort ? La prison ou l’exil ? Pourquoi sommes-nous si incapables de recadrer ceux qui sont censés nous protéger ou nous défendre ? Pourquoi sommes-nous incapables de dire « Halte, ça suffit » ?
Peuple de Guinée, il est temps pour nous de reprendre notre conscience et de repenser la nature et les clauses de notre « contrat social » avec les gouvernants ; car pour moi, ce « contrat social » est bancal et n’a été rédigé que par des vautours sans scrupules.
Révoltons-nous contre cette oligarchie grandissante :
Une récente étude réalisée par la banque mondiale, indique que les 70% de la population guinéenne vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Or, il se trouve par là qu’un petit clan d’hommes d’affaires déguisés en politiciens par endroit vit décemment sans la moindre crainte. Au fait, je ne suis pas contre leurs statuts ou leurs prestiges économiques. Mais je suis convaincu que la plus part d’entre eux ont battu leurs empires économiques sur le dos de la misérable population. Voilà ce qui m’écœure !
Ces « profiteurs des systèmes » entretiennent du jour au lendemain des crises çà et là dans le but de remplir illégalement leurs poches, maintenir leurs postes/rang qu’ils disposent dans l’administration, sur l’échiquier politique national ou dans le monde des affaires. Ils protègent à ciel ouvert leurs intérêts égoïstes et celui de leurs familles. Eh bien, si rien n’est fait pour les arrêter, attendons-nous que leurs enfants qui étudient dans les grandes universités avec l’argent du contribuable, viendront dans les prochaines années nous coloniser comme l’ont fait leurs pères jadis. Pierre Bourdieu dit : « Pour changer la vie, il faudrait commencer par changer la vie politique ». Alors c’est maintenant ou jamais !
Révoltons-nous contre l’affairisme de la classe politique et les organisations de la société civile :
Ni arme ni armure, le peuple de Guinée se trouve pris au piège dans un jeu de roublardise savamment élaboré par les hommes et des femmes qui sont censés leur défendre au prix de leurs âmes. Nos revendications sont mises sur une balance qui a deux poids différents : l’un pèse plus lourd que l’autre. Que faut-il défendre : nos intérêts (peuple) ou les leurs (acteurs socio-politiques) ?
C’est un secret de polichinelle que la plupart d’entre eux se sont engagés dans la politique ou dans les organisations de la société civile soit par orgueil ou par ambition de remplir leurs poches que par altruisme et idéal. Et pour le peu qui ont débuté leur carrière par idéal ou par conviction, leurs vertus ont cédé la place aux matériels. Quelle trahison !
Par ailleurs, les députés qui sont censés nous représenter, font tout sauf ce qui leur a été dévolu par le « contrat social » qui nous lie. Ils s’accrochent sans cesse à leurs primes, aux indemnités, aux voitures et leurs salaires de chaque fin de mois que de nous défendre. Depuis quand remonte d’ailleurs l’expiration de leur mandat ?
Idéalement, les députés ont pour rôles de contrôler l’action du gouvernement et de rédiger les lois (proposition de loi). Et l’exécutif quant à lui, veille à leur exécution sans en trahir leur esprit. Mais il se trouve que notre système démocratique permet aussi au gouvernement d’écrire des lois (projet de loi). De ce fait, il est à la fois juges et partie. Donc, ne soyons pas étonnés aujourd’hui avec ce qui se passe sous la gouvernance du Pr. Alpha Condé par rapport au projet de nouvelle constitution ; tenez-vous bien, un autre le fera demain après lui. Cependant, la seule condition de corriger ces dérives, c’est de changer les règles du jeu avec cette révolte citoyenne.
Affaire à suivre !
Email : Alysouleymanecamara66@gmail.com
Etudiant en Master Sciences Politiques de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry.