Il était appelé « l’Oiseau de Sankara ». Avec sa voix, il a bercé nombreuses générations et inspiré plusieurs jeunes artistes guinéens. Kerfalla Kanté, artiste emblématique, est décédé dans la nuit de ce vendredi, aux environs de 01h du matin. Son enterrement aura lieu au cimetière de Cameroun (Conakry), dimanche prochain, après la prière de 14h. Mais avant, il y aura un symposium au musée national de Sandarvalia.
A la maison mortuaire, sise à Coléah, dans la commune de Matam, à Conakry, les pleurs se font entendre. Famille, artistes et cadres, veulent témoigner de cette perte nationale. Il laisse derrière lui, trois femmes et deux enfants.
« J’espère que franchement, Kerfala aura les honneurs ! »
Délégué du président de la République, Baidy Aribot, le deuxième vice-gouverneur de la Banque centrale, a, quant à lui, estimé que : « C’est une perte cruelle pour la Guinée, surtout pour la jeunesse culturelle de notre pays. Kerfalla nous a bercés depuis notre tendre jeunesse, avec sa voix mélodieuse qu’on ne va plus jamais entendre. Mais il faut reconnaitre que très tôt, l’homme a hissé le drapeau de la culture guinéenne ».
Très tôt le matin, quand la famille nous a informés, le Président de la République m’a aussitôt délégué, de venir m’informer auprès de la famille, des dispositions pratiques à prendre. C’est ce qu’on est en train de faire (…) J’espère que, franchement, Kerfalla aura les honneurs, qui incombent à sa qualité de grand artiste guinéen ».
« Kerfalla était un homme très simple, facile à manipuler »
Collaborateur de l’artiste, Ansoumane Condé alias « Petit Condé », chef d’orchestre et guitariste, a témoigné que : « Vous savez, j’ai connu Kerfalla il y a très longtemps. Nous avons travaillé ensemble beaucoup d’albums, j’en ai fait trois au moins avec lui. Kerfalla était un homme très simple, facile à manipuler. Il n’était pas quelqu’un de très compliqué ; il aimait la collaboration et partager des idées dans le cadre du travail. C’est une perte pour la culture guinéenne. Parce qu’un compositeur d’un talent aussi immense que celui de Kerfalla dans la cadre de la culture et de la musique… Je présente mes condoléances à toute la famille culturelle et biologique. »
Pour son jeune frère, Mamoudou Kanté : « C’est un document qui est parti. C’est notre père ».
« On s’est toujours appelé M’bôh !»
Quant à l’artiste, Sékouba Kandia Kouyaté, il relate ses souvenirs, en ces termes : « Je remercie Dieu, parce que quand il y a du bien ou du malheur, il faut rendre grâce au Tout puissant. Je souhaite que Dieu lui accorde Son paradis. Kerfalla Kanté était un monument, une icône de la musique africaine. Je ne l’ai jamais appelé par son nom Kerfalla, et il ne m’a jamais appelé par mon nom Sékouba. On s’est toujours appelé M’bôh (jumeau traduit de la langue malinké, Ndlr). Parce que sa maman nous a toujours dit qu’on étaient des jumeaux, tellement on s’aimait. On n’a pas de force de le faire revenir à la vie, sinon on allait le faire. Moi Kerfalla, Bambino, Mory Djély, nous avons commencé le vedettariat de la musique guinéenne ensemble. En 1988-1989, nous étions soudés, on sortait ensemble. Bambino était le seul qui était marié en ce moment. Donc, on sortait, rentrait et faisait tout ensemble… »
Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com