Sur recommandation du président Alpha Condé, le premier ministre Ibrahima Kassory Fofana s’apprête à ouvrir les concertations avec les acteurs socio-politiques de la nation ‘‘en vue de recueillir les avis des uns et des autres sur les différentes questions de préoccupations nationales’’.
Conscient du fait que la tâche ne lui sera pas facile-compte tenu du fait que les ténors de l’opposition radicale déclinent d’ors et déjà la proposition du président Condé-, le locataire du Palais de la colombe s’engage dans une véritable opération de charme à travers un discours tenu ce lundi.
Pour rassurer ceux qui estiment que le premier ministre ne peut pas être juge et partie, il précise que sa mission ‘‘n’est pas d’engager des négociations ou de conduire un dialogue à proprement parler, mais d’être une interface entre les acteurs de la vie nationale et le Chef de l’Etat pour appréhender les grandes tendances de l’opinion publique et avoir ainsi une bonne lecture des différentes attentes’’.
Le principal sujet de concertation est bien entendu la proposition d’une nouvelle constitution par referendum que refuse l’opposition regroupée au sein du FNDC (Front national de Défense de la Constitution). Comme une piqûre de rappel, le PM estime que pour ‘‘tout démocrate, toute décision qui engage la vie de la Nation et détermine son avenir doit nécessairement tenir compte de la volonté et des aspirations du peuple dans toute sa diversité’’.
‘‘La conviction du professeur Alpha Condé, de même que la mienne propre est, qu’en démocratie et dans un Etat de droit, chaque citoyen a droit à la parole. Et c’est un devoir sacré de nous les gouvernants d’en tenir compte. Ajoute-t-il, avant d’indiquer que dans le débat politique, comme c’est la règle dans tout régime démocratique et comme nous l’exige aussi la liberté d’expression, il ne saurait y avoir de sujets tabous et des citoyens interdits de parole. Oui, chaque Guinéen a le droit et la liberté de dire ce qu’il veut ou ne veut pas pour le pays’’.
Pour draguer une personne qui s’entête, la précision pourrait être une bonne pédagogie. Et Kassory s’y essaye : ‘‘mon but ne sera pas d’imposer des choix, ou de négocier ou annoncer des décisions déjà arrêtées. Mon but ne sera pas non plus de partager des positions ou des convictions personnelles, d’orienter ou influencer les opinions ou les prises de position des différents acteurs à consulter.’’
Titiller aussi la fibre patriotique pourrait être efficace. ‘‘Je réitère l’appel du Chef de l’Etat, à l’invitation que j’ai l’honneur de vous adresser. Car, il s’agit de parler de la Guinée, notre Guinée et de son devenir. Personne, parmi nous, ne doit se dérober à cette responsabilité civique exaltante. Nous devons cela à notre pays. C’est pendant les heures difficiles qu’on reconnait les grands hommes, et l’histoire a montré sous tous les cieux, notamment en Afrique, que refuser le dialogue, c’est se détourner du peuple et de ses préoccupations fondamentales et l’exposer à tous les risques et à tous les dangers aux conséquences souvent fâcheuses’’, enseigne le PM.
Pour tout dire, ‘‘le monde nous regarde, chacun d’entre nous fait face à sa conscience, à ses responsabilités, chacun d’entre nous est devant le jugement de l’histoire. Pour dépasser nos contradictions et renforcer la confiance entre nous Guinéens appelés à vivre ensemble pour le meilleur et pour le pire, il n’y a pas d’alternative au dialogue qui, comme aimait à le souligner, un grand homme africain, est l’arme des forts, j’ajouterai, la marque des grandes nations’’.
En un mot ou en quatre, Ibrahima Kassory Fofana, s’engage dans une partie de drague de l’opposition devenue sourde à toute idée de dialogue à propos d’nouvelle constitution. Quand même que la démarche consiste à faire adopter celle-ci par un referendum.
Il est évident que la tâche sera rude pour Don Kass (le premier ministre) qui, il faut le rappeler à de très bon rapports avec l’ensemble des acteurs sociopolitiques. Sauf Sidya Touré, son rival de tout temps, devenu son ‘‘meilleur ennemi’’ et qui, comme par malheur, est celui qui dirige côté politique, la résistance à toute idée de dialogue concernant une nouvelle constitution.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com