Je commencerai par déplorer les récents morts, les blessés et les dégâts matériels, suite aux événements du 14 octobre qui sont les conséquences du manque de dialogue sincère entre les différents acteurs socio-politiques du pays qui peuvent découler sur des risques sécuritaires, économiques, sociopolitiques.
Observons de près le risque terroriste le long de nos frontières qui est en train de mettre en branle les fondements de l’Etat Malien, Burkinabé….
A quoi a servi les révolutions spontanées dans ses différents pays ? Gardons raison et prenons de la hauteur dans la gestion de nos différends.
Depuis quelques mois, nous faisons face à un débat sur un projet de nouvelle constitution.
Etant un acteur de la société civile, je pense qu’il est nécessaire de ramener le sujet dans un contexte de contradiction féconde de lumière pour éclairer la masse, les citoyens que nous sommes.
Chacun, utilise le nom du peuple et parle en son nom sur des questions existentielles qui déterminent la marche de la nation.
Ne nous dit-on pas « ce qui est fait derrière toi est fait contre toi ».
Le peuple est souverain, c’est ce que nous apprend toutes les constitutions du monde, particulièrement la nôtre en son article deux. Pourquoi alors empêcher le peuple de s’exprimer sur un sujet les plus importants pour le bon fonctionnement de notre Etat, de notre nation, notre pays ?
Sans me tromper, je pense que la constitution de 2010, nous a énormément aidé en sortant d’un régime d’exception pour un régime démocratique qui marque l’achèvement de la transition en installant les Institutions pour le meilleur fonctionnement de notre Etat.
Cela ne doit pas nous faire perdre la face, elle doit être revue pour permettre d’améliorer le fonctionnement de notre Etat ; car en son sein, au-delà des conditions de son adoption qui, à elles seules, justifieraient qu’elle soit remplacée par un nouveau texte.
Notre constitution actuelle comporte en effet une série de particularismes se voulant sans doute innovateurs mais finalement truffés d’incohérences et confinant parfois à l’ineptie, notamment lorsqu’on compare notre Loi Fondamentale à celle des pays similaires politiquement au nôtre. Elle risque de nous mener à des crises institutionnelles permanentes que traversent nos Institutions.
Cependant, je ne peux pas laisser les autres parler et agir en mon nom sans être associé, les politiques sont les seuls à candidater au nom du peuple de Guinée, personnellement, je voudrais dorénavant voir un citoyen lambda à la tête du pays et être député, etc.
L’article 3 stipule « Les partis politiques concourent à l’éducation politique des citoyens, à l’animation de la vie politique et à l’expression du suffrage. Ils présentent seuls les candidats aux élections nationales. »
Cette mention est discriminatoire ; et donne plus de force aux politiciens. Le constat est là, nous tombons dans un militantisme qui risque de faire disparaître notre nation au profit des ethnies ou des communautés. Il faut une exigence citoyenne pour revenir aux fondamentaux de la République.
Ainsi, je ne pourrai me battre pour la citoyenneté positive et promouvoir l’antivaleur, défendre une Constitution, c’est promouvoir un débat civilisé, l’alternance et laisser les uns et les autres débattre pour pouvoir s’accorder sur l’essentiel. L’essentiel, c’est une Guinée avec des Institutions plus fortes ; un pays avec plus travail, un pays avec plus de justice et un pays de solidarité.
La Guinée naquit suite à un RÉFÉRENDUM qui a permis à beaucoup de pays de se libérer du joug colonial, les autres peuples nous rappellent notre grandeur, ce territoire la GUINÉE a connu les grands empires : Ghana, Sosso, Mali…, ces empires ont vécu avec des valeurs et des codes en assumant la diversité des communautés qui y vivaient, en plus la première Constitution au monde est fille de ses empires. Nous devrons honorer nos devanciers pour laisser à nos enfants et petits-enfants une GUINÉE meilleure. Un enfant qui veut gérer un héritage en assume la paternité et fait mieux ou plus que le paternel.
On ne peut vouloir de la démocratie et appeler au KO dans un pays, ou à une insurrection populaire contre un régime démocratiquement élu.
Cher camarade !
Refusons d’attiser un feu qui nous consumera tous, si nous ne prenons pas garde. Pourquoi défendre une constitution qui donne plus de valeurs au militantisme qu’à la citoyenneté ?
Savons-nous que la génération qui a donné naissance à notre pays la Guinée était de tranches d’âge de 20, 45 ans ; celui qui fut notre premier Président de la République, Ahmed Sékou Touré avait 34 ans.
Cette génération a pleinement joué sa partition en dotant la Guinée de toutes les institutions pour en faire une Nation, un Pays, un Etat dont nous jouissons le fruit de leurs efforts patriotiques. A nous de jouer notre partition pour faire de notre pays une grande nation qui offrira les meilleures protections à ses fils et filles.
En connaissance de cause un débat sur la constitution est l’affaire du peuple et de tous les citoyens, ne parlons plus à son nom sans l’avoir consulté.
Le peuple de Guinée est pris en tenaille par les politiques auxquels, elle ne fait plus confiance. Rien n’émeut ses politiciens sauf leurs intérêts purement politiques.
Juste pour remémorer, le 12 octobre 2016, n’ont-ils pas violé la même constitution dans un accord ‘’désaccord’’ sur le dos des citoyens pour les priver d’élire dorénavant leurs chefs de quartiers. Ils n’ont pas eu besoin du recours de la communauté internationale.
Respectons le peuple de Guinée dans son silence désespéré.
Nous voulons une nouvelle Constitution qui tienne compte des exigences citoyennes, car ensemble, nous nous engageons sur un chemin où nous allons apprendre à travailler collectivement, à fédérer les énergies, à nous écouter mutuellement, à inventer nos modes d’organisation, à contribuer, à construire une équipe pour gagner. Ce combat vous concerne, il y va de l’avenir de la Guinée, de notre devenir, du futur de nos enfants.
Dommage que les questions électoralistes relatives à la conservation ou à la conquête du pouvoir détournent la pertinence liée à la fondation d’un nouvel Etat, c’est révoltant que la politique politicienne s’invite et vole la vedette à l’esprit citoyen.
Si nous laissons faire la subjectivité partisane continuera sans aucun doute à se substituer à l’objectivité citoyenne : les enjeux communautaires seront une fois de plus mis au-dessus des préoccupations républicaines.
Au-delà du clivage des différents intérêts partisans, une attention particulière devrait à mon sens être également portée sur la pertinence du contenu de ce potentiel référendum.
- N’est-ce pas là une occasion d’avoir un régime parlementaire ?
- N’est-ce pas là une occasion de trouver des contre-pouvoirs fiables ?
- N’est-ce pas là une occasion pour permettre les candidatures indépendantes ?
- N’est-ce pas là une occasion de rendre nos coordinations en conseil des sages de Guinée ?
- N’est-ce pas là une occasion pour rendre le service civique et l’éducation obligatoire pour tous les Guinéens ?
- N’est-ce pas là une occasion de renforcer les droits humains du troisième âge ? …
Enfin, empêcher le Président actuel de nous proposer une nouvelle Constitution, c’est participer à déplacer le débat sur des questions de personne, sachant que la constitution actuelle est purement transitoire. Le débat lié à un troisième mandat est une diversion.
Faut-il laisser à demain ce qu’on pourrait faire aujourd’hui ?
Soninké DIANE
Consultant formateur