Auprès d’une certaine catégorie de médias guinéens, l’actuel Ministre de la Citoyenneté et de l’Unité nationale, Mamadou Taran Diallo, n’a jamais trouvé grâce. De sorte que, dès mars 2019, soit trois mois après son arrivée à la tête de ce département, il fait de leur part, objet d’une attaque en règle. On se rappelle, à propos, qu’on a prétendu et allégué qu’il n’avait pas déclaré ses biens et que le budget du ministère avait été rehaussé. Des affirmations dont preuves à l’appui, une tribune publiée dans maints sites guinéens avait démontré et dénoncé l’inexactitude.
Mais voilà que subitement, en cette fin d’octobre 2019, la meute ressort sa tête. Cette fois, c’est au sujet des visites rendues aux leaders du FNDC (Front National pour Défense de la Constitution) à la maison centrale de Conakry par le Ministre Taran et aux familles des victimes des dernières manifestations à Conakry dont il est question. A tort à travers, avec des mots approximatifs et injurieux, témoignant de la connaissance limite des sujets évoqués tantôt, on prétend que ces déplacements sont insignifiants, tantôt ils sont tardifs voire qu’ils ont été programmés dans l’ordre qu’il ne fallait pas. Dans la foulée, on s’en prend vertement aux bilans du Ministère qu’il dirige depuis 12 mois et à ceux des ONG Association Guinéenne pour la Transparence (AGT) et Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP) qu’il a fondées et animées. Ceci avec des propos outrageux et malveillants sur fond d’intoxication, de désinformation, d’intrigues, de calomnie et de médisance.
Si derrière ce lynchage médiatique en règle, il n’y avait pas une intention manifeste de nuire et de détruire, les uns et les autres se seraient munis d’un minimum de précaution professionnelle. En particulier, ils auraient dû se rappeler qu’en journalisme, il y a un principe sacré selon lequel « les commentaires sont libres mais les faits sacrés ». Il s’en suite que le journaliste doit aller à la source pour vérifier les informations afin d’éviter d’étaler sur la place publique des ragots et des incohérences.
Car ces sources de vérification publiques et disponibles à loisir, ressortent clairement que ces attaques ciblées n’ont aucun rapport avec l’objectivité. Tant elles sont totalement en déphasage avec les bilans du ministère, de l’AGT et de PCQVP sur la base des missions et attributions du premier et des rapports d’activités des secondes. Ce qui confère à ces attaques des apparences d’un acharnement injustifié et amène à se poser la question de savoir quel est le mobile inavoué et le but recherché de leurs auteurs si non que de faire mal. Il y a à l’évidence de la désinformation qui elle-même est consécutive à une étonnante pratique du métier. Voyons justement ce que nous révèlent ces sources.
D’abord, parlons des résultats en rapport avec le Décret n° 250 D/2018/250/PRG/SGG du 15 octobre 2018 portant attributions et fonctionnement du ministère de la Citoyenneté et de l’Unité nationale. L’article 1er de ce Décret dispose : « le ministère de la Citoyenneté et de l’Unité nationale a pour mission la conception, l’élaboration, la mise en œuvre de la Politique du gouvernement en matière de Citoyenneté et d’Unité nationale et d’en assurer le suivi ».
De cet article se dégage un enseignement : à savoir que les missions de ce ministère, plutôt transversal, sont essentiellement dans la conception, la mise à disposition des textes de promotion et de protection des droits de l’homme, du civisme, de la prévention des conflits et de la réconciliation nationale. En somme, le ministère crée le cadre via les outils et promeut la mise en œuvre. Et c’est conformément à cette répartition des tâches que le ministère a déjà, au cours des dix mois de cette année, présenté et fait approuver par le Conseil interministériel d’abord et fait adopter ensuite par le Conseil des ministres les textes suivants :
- la Stratégie nationale de prévention des conflits et de renforcement de la citoyenneté (SNPC-RC), le 25 avril 2019 ;
- la Lettre de Politique Nationale de Promotion et de Protection des Droits de l’Homme (LPNPPDH), le 25 août 2019 ;
- le Troisième rapport 2015 – 2020 de l’Evaluation Périodique Universelle (EPU), le 03 octobre 2019 ;
- la Thématique de la Semaine Nationale de la Citoyenneté et de la Paix 2019 (SENACIP), le 09 octobre 2019.
Ensuite, quant au bilan condensé de PCQVP créé le 17 juillet 2006, aux uns et autres d’apprécier ci-dessous :
- plaidoyer et participation à la révision du code minier guinéen 2011 ;
- plaidoyer et participation à la publication sur site des contrats miniers guinéens et à leur révision ;
- membre du premier Comité de Pilotage Afrique de PCQVP de 2011 au 13 juillet 2017 chargé de l’Afrique de l’ouest francophone ;
- Participation au sommet Afrique – Etats-Unis des 5 et 6 août 2014 à Washington (USA) et co – signataires de deux lettres ouvertes du Comité de Pilotage Afrique de PCQVP et de la société civile de l’Afrique Francophone sur la lutte contre la corruption et la gestion des ressources minières de l’Afrique adressées au Président Obama ;
- Président du premier Conseil Mondial de PCQVP de 2013 au 15 septembre 2016 ;
- membre de la commission nationale des mines en 2017.
Enfin, pour l’AGT créée le 04 novembre 2000, le bilan synthétisé se présente comme suit :
- contact national de Transparency International en Guinée en 2005 ;
- plaidoyer et participation à l’adhésion et à la mise en œuvre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) par la Guinée depuis le 24 avril 2005 ;
- plaidoyer pour faire figurer la Guinée dans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de Transparency International (TI) : première apparition de la Guinée en 2006 ;
- membre du Conseil National de Transition en 2010 ;
- participation à l’enquête mondiale « Panama Papers » sur les paradis fiscaux réalisée par la TV allemande ARD et publiée le 13 septembre 2016 ;
- participation à la création et au développement du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG) ; co – rédacteur de l’appel au changement lancé par l’inter-centrale syndicale CNTG- USTG et le CNOSCG pour la grève de janvier- février 2006 ; membre du Bureau Exécutif du CNOSCG chargé de la lutte contre la corruption.
Ces résultats en rapport avec les missions conférées au ministère et des organisations de la société civile sont pourtant passés sous silence pour quel dessein inavoué ?
Il est important de souligner, avec force, que le Ministre Taran a jusque là répondu par le silence, laissant ses détracteurs face aux faits que voilà. Des faits dont chacun, dans un souci d’objectivité, peut toujours disposer. Il n’a ni fait un droit de réponse, ni porté plainte pour les calomnies et injures dont il est victime. Ce qui peut s’expliquer par l’humilité qui le caractérise. Même si dans le monde de la communication qui est aujourd’hui le nôtre, c’est là une valeur qui a tendance à desservir ceux qui s’y attachent. Ce silence n’est ni une peur, ni un consentement à plus forte raison un mépris du genre « les chiens aboient et la caravane passe ».
Monsieur le Ministre, vous avez raison de prendre de la hauteur et de ne pas aller dans la polémique et la surenchère stériles. Restez dans l’action, comme le commande votre fonction, pour produire des résultats. A vos détracteurs, je veux juste leur dire qu’informer, évaluer, analyser et critiquer demandent de la formation, des compétences et de l’éthique. Le tout avec une dose suffisante de bonne foi. A défaut d’avoir ces qualités, on tombe dans la vulgarité, la calomnie et la médisance comme armes de la sale besogne de régler, au besoin, des comptes.
Mr le Ministre, vous avez donc compris vos détracteurs, sans pour autant accepter leurs élucubrations, puisque vous dites de temps en temps: « les journalistes sont souvent insupportables, mais ils sont constamment incontournables ».
Mamadou Aliou Diallo