Dans une morgue de Conakry, une dizaine de jeunes attendent d’être inhumés. En lieu et place des parents des victimes, l’opposition réunie au sein du FNDC réclame à cor et à cri les corps pour organiser « une marche funèbre » qui doit la conduire vers le cimetière de Bambéto où reposent déjà, selon l’UFDG, principal parti de l’opposition, une centaine de jeunes tués lors de ses manifestations politiques.
Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG, rappelle dans tous ces discours ou presque le nombre de manifestants tués et accuse le pouvoir de Conakry d’en être l’auteur. Ce que ce dernier rejette. ‘‘On sait que ce sont eux-mêmes [les organisateurs des manifestations] qui tirent sur les gens. Quand il y a des morts, ça impressionne la communauté internationale. Là, ce sont des tentatives de déstabilisation d’un pouvoir démocratiquement élu. L’opposition a toujours été putschiste et elle se dit que s’il y a des morts, on met ça sur le dos du gouvernement’’ (Alpha Condé in Le Monde).
Face à ce ping-pong, une question surgit : A qui profite le crime ? Mouctar Diallo, ministre de la Jeunesse estime que le gouvernement n’a pas intérêt à tuer parce que cela ternirait son image. Et il sait cela, c’est pourquoi comme le rappelle le ministre, le gouvernement a pris toutes les précautions avant la manifestation du FNDC pendant laquelle il y a eu des morts.
Mouctar Diallo qui, pendant longtemps a été membre actif de l’opposition qui organise des manifestations de rue depuis 2011, dit par ailleurs savoir qu’il y a ‘‘des manifestants armés, même en dehors des manifestations, il y a des gens qui sont utilisés par l’opposition, quelques fois qui sont armés’’. Cette sortie de l’ancien membre actif de l’opposition lui a valu d’être traité de tous les noms d’oiseaux par des militants de l’UFDG sur la toile.
Et pourtant c’est un fait : Elhadj Mohamed Koula Diallo, journaliste de guinee7.com a été tué, le 5 février 2016, lors d’une rencontre au siège de l’UFDG où il n’y avait aucun membre des forces de l’ordre. On se rappelle d’ailleurs qu’à l’époque, l’UFDG avait accusé le gouvernement de n’avoir pas envoyé les forces de l’ordre pour sécuriser cette rencontre à haut risque entre partisans de Bah Oury, à l’époque, vice-président du parti et ceux de Cellou Dalein Diallo. Ne peut-on pas en déduire qu’il y a bel et bien des gens armés utilisés par l’opposition ?
Ce qui ne signifie forcément pas que c’est l’opposition qui tue. Alors qui a tué la dizaine de jeunes lors d’une récente manifestation de l’opposition réunie au sein du FNDC ? Seule une enquête peut le prouver. C’est pourquoi l’opposition au lieu d’exiger avec vigueur les corps, encore une fois en lieu et place des familles, devrait plutôt exiger une enquête sérieuse faite sur la base d’une autopsie. Sinon son empressement à récupérer des corps non autopsiés peut la mettre sur le banc des accusés.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com