Allé pour apporter la bonne nouvelle et avec, la matérialisation de cette bonne nouvelle dans sa besace, le premier ministre Ibrahima Kassory Fofana dans son cortège, a essuyé des jets de pierres dans la ville de Karamoko Alphamoh Labé. A la manœuvre, des politiques tapis dans l’ombre, au projet antinomique de celui dont le premier ministre est porteur.
Comme toujours, des jeunes candides politiquement instrumentalisés pour des déductions qui sont loin de leurs contrariétés quotidiennes. C’est-à-dire, pauvreté, emploi, précarité, formation de qualité et habitat décent, se sont pris ingénument au cortège de Kassory Fofana. Alors que le locataire du palais de la colombe est allé les aider à résorber ces peines qui tourmentent leur quotidien.
Mais à l’analyse du contexte sociopolitique, il ne serait pas insensé qu’on pose les questions suivantes : Est-ce que ces jeunes jeteurs de pierres, voulant faire passer le Premier Ministre pour la victime, ne seraient–ils pas les vraies victimes en réalité ? Ont-ils saisi le vrai motif de la présence du premier ministre à Labé ? Sont-ils imprégnés des avantages de l’ANIES ?
En réponse, on dirait indubitablement non. Sinon, ils auraient érigé des haies d’honneur, déroulé le tapis rouge, dédié des chansons avant de lui dire mille fois merci d’avoir choisi Labé, pour le lancement officiel des activités de l’Agence Nationale d’Inclusion Economique et Sociale (ANIES) .Egalement , d’avoir élu Labé pour bénéficier des retombées de l’ANIES.
Pour aller droit au but, voici quelques retombées de l’ANIES.
D’abord, il faut rappeler qu’elle a deux composantes qui sont toutes profitables aux populations de Labé :
1-La composante HIMO (« haute intensité de main d’œuvre »), est l’utilisation optimale de la main d’œuvre pour réduire au maximum la pauvreté, tout en considérant attentivement les questions de coûts et de qualité.
En terme simple, dans la mise en œuvre de cette composante HIMO, il sera question de donner des emplois et des sommes d’argent liquide aux jeunes organisés en association, en groupement d’intérêt ou en ONG.
Des structures qui vont initier des projets d’assainissement, de sensibilisation, de curage ou de pavage par exemple, qu’elles vont soumettre à l’ANIES. Ainsi, grâce au financement obtenu auprès de l’ANIES, les structures dont les projets auront été retenus, enrôleront d’autres jeunes pendant l’exécution de leurs projets, en qualité d’employés temporaires. Auxquels des primes quotidiennes seront payées pour améliorer leurs conditions de vie. A cela s’ajouteront des renforcements de capacités des jeunes.
Sans chercher loin, l’exemple le plus impressionnant a été le projet « filets sociaux productifs» que l’ANIES a remplacé. Mais avant cette mue, ce projet a permis, grâce aux primes des projets pareils, aux milliers de jeunes Guinéens d’être autonomes après avoir créé des petites entreprises dans différents secteurs: transport (taxis-motos), commerce (boutiques), agriculture, élevage etc.
2– L’autre composante est le transfert monétaire (soit régulier ou exceptionnel) qui correspond à une somme d’argent dont un ménage a besoin pour subvenir, entièrement ou en partie, à un ensemble de besoins de base et/ou de relèvement. Elle ne concerne que les ménages touchés par une extrême pauvreté, les personnes vulnérables, victimes de guerre ou de calamité pour les interventions des organisations humanitaires.
Évidemment, c’est cette deuxième composante qui a été priorisée pour le moment, par le gouvernement parce qu’elle a un spectre plus large que la composante HIMO. Aussi, est-il indispensable d’affirmer que c’est cette composante qui colle parfaitement au problème crucial identifié dans la zone de Labé, qui est l’extrême pauvreté des ménages. Surtout qu’ elle prend en compte le besoin d’éducation des enfants d’un ménage incapable de les scolariser, besoin de santé d’un père ou d’une mère de famille souffrant d’une maladie dont le ménage est inapte financièrement à supporter le traitement, besoin de logement , de nourriture ,d’habillement etc.
C’est pourquoi, au regard de tous ces avantages que pourraient en tirer les populations de Labé en général, spécifiquement les jeunes, l’on est en droit de conclure que les jets de pierres ne visaient pas le cortège du premier ministre Kassory Fofana, mais plutôt les retombées de l’ANIES pour Labé.
Bella KAMANO, Journaliste et Analyste politique