Censure

RPG/Arc-En-Ciel/Attention à l’attitude de «bouddha» (Par Ibrahima Donzo)

A l’approche des élections législatives en Guinée, et alors que l’opposition toutes tendances confondues, s’active déjà et se met en ordre de bataille, le RPG/Arc-En-Ciel, parti au pouvoir, observe un calme olympien. C’est vrai qu’un grand n’est pas un petit et ne saurait par conséquent s’ébattre avec ceux-ci dans la « cour de récréation » mais attention tout de même à l’excès de confiance.

A observer l’attitude actuelle du parti au pouvoir et de ses cadres, on pourrait dire que ceux-ci pensent qu’ils ont déjà course gagnée aux prochaines législatives. Une morgue qui est loin d’être de la suffisance au regard du bilan flatteur du parti depuis que le Professeur Alpha Condé est aux affaires en Guinée. Nonobstant, en effet, une conjoncture interne difficile couplée d’une mondialisation ultra-libérale dont les effets n’ont pas fini de faire des dégâts sur nos économies, le RPG aura réussi à tenir la plupart des grands paris qu’il s’était fixé.

Entre autres, il s’agissait de promouvoir l’agriculture, moteur de notre développement, de mettre la santé et l’éducation à la portée de tous, de soutenir les actions des femmes, d’assainir la gestion des finances publiques et de promouvoir l’emploi et l’auto-emploi de la jeunesse principalement.

Paris gagnés avec l’agriculture mécanisée et les campagnes agricoles annuelles, la santé pour tous, l’éducation même dans les hameaux les plus reculés, et la gestion parcimonieuse des deniers publics.

Avec la bonne gouvernance politique pratiquée par nos plus hautes autorités, notamment par le biais de réformes politiques et institutionnelles, l’analyse objective commande de dire qu’en Guinée, si tout ne baigne pas, les Guinéens ne sont pas aujourd’hui les plus mal lotis des Africains. Un tableau économique, social et politique reluisant qui ne suffit pas pour autant à observer cette attitude de «bouddha» satisfait de sa condition et laissant le terrain de l’activisme et de la mal cause à ses adversaires.

Instaurer une véritable culture militante

Car, faut-il le rappeler, l’occupation du terrain en politique doit être une pratique quotidienne, le RPG étant du reste payé pour le savoir lui qui a laissé pendant longtemps le terrain aux mal-causeurs de l’opposition. Grand par la taille et le nombre, le parti n’a pas su ou pu tirer tous les bénéfices de cette force tranquille au point que l’on a frôlé la débandade par moment. Et, c’est là où on touche au talon d’Achille du parti (de tous les partis guinéens du reste) à savoir l’absence d’une culture militante et ses répondants qui sont la discipline, l’inscription dans les listes électorales et la promptitude à défendre les idéaux du parti. Une absence de culture militante qui est la résultante de leur mauvaise implantation au sein des masses, ce que les «péripéties» de Siguiri illustrent éloquemment.

«Mal» éduqués ou mal imprégnés de la plate-forme programmatique du parti, les «militants» sont prompts à jouer aux frondeurs chaque fois que leurs «leaders-refuges» ou leurs parents et amis au sein du parti sont en difficulté. On ne défend pas la «cause» mais des intérêts partisans, ce qui à terme ne peut que nuire au parti avec la transhumance politique sur fond de ressentiments et de rancoeurs. A la décharge des militants, il faut dire que les grands bonzes du parti, ont pris cette habitude, dans la désignation des candidats aux postes électifs, de recruter des personnalités pour en faire des militants occasionnels.

Lorsqu’un homme influent existe quelque part, il faut l’avoir tout de suite avec soi, ce qui donne naissance à des parachutes qui n’ont rien à faire d’une quelconque discipline du parti. La bataille de l’heure pour le parti doit consister donc à mettre un peu d’ordre dans ses rangs afin d’engranger le maximum de voix lors de cette prochaine consultation électorale capitale. Avec l’opposition qui croit de plus en plus en ses chances de réaliser l’alternance en 2020 et qui s’organise de façon «scientifique», aucune voix ne sera de trop pour faire triompher les candidats du parti aux législatives. Le parti gagnerait donc à se «réveiller» et à entamer cette oeuvre salvatrice, si tant il est vrai que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.

Ibrahima Donzo

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