Enseignant, spécialiste du secteur minier, Dr Lamine M. Dieng, a accroché une nouvelle corde à son arc. Il est désormais le représentant de l’Association Mondiale des Anciens Boursiers et Stagiaires des Nations Unies (WAFUNIF), en Afrique. En marge du forum Russie/Afrique à Sotchi (23 et 24 octobre dernier), où il était, nous avons fait un entretien avec lui à bâton rompu !
Vous représentez l’Association Mondiale des Anciens Boursiers et Stagiaires des Nations Unies (WAFUNIF), une ONG des nations unies dorénavant en Afrique, de quoi s’agit-il ?
Cette ONG a été créée par les Nations unies en 1979. D’ailleurs l’Association Mondiale des Anciens Boursiers et Stagiaires des Nations Unies (WAFUNIF) est en parfaite harmonie avec les 17 points des objectifs de développement durable des Nations Unies. Et ces points sont entre autres : éliminer la pauvreté, créer un système d’éducation de qualité, un système de santé qualité pour tous, renforcer les sciences et les innovations technologiques, etc.
C’est la première ONG de paix créée par les nations unies, qui a pour but de renforcer les capacités communautaires en Afrique notamment.
J’ai été embauché pour utiliser les méthodes scientifiques de l’informatique pour atteindre ces objectifs de développement durable des nations unies d’ici à 2030.
L’utilisation de BLOCKCHAIN qui est une plateforme récente axée sur la programmation en utilisant les algorithmes basées sur les mathématiques pour fédérer toutes les activités des Nations Unies dans la transparence la plus viable.
Avec cette technologie, les nations unies auront une visibilité claire sur la gestion des fonds alloués pour des projets bien précis mais aussi éliminer la corruption dans toutes ses activités pour atteindre ses objectifs de développement durable d’ici 2030.
Et je pense que les actions vont commencer très bientôt. J’ai rencontré beaucoup de leaders africains ici à Sotchi en Russie, et je pense que dans quelques semaines, on réalisera quelques activités concrètes, qui doivent aller dans le sens du renforcement des capacités communautaires en Afrique.
Justement, qu’est-ce que vous êtes venu faire ici à Sotchi ?
Concrètement, je suis venu à Sotchi pour profiter de cette belle occasion du Sommet Russie –Afrique pour rencontrer certains leaders africains. Dès qu’on m’a embauché, il y a quelques jours seulement aux Etats Unis, je savais déjà que ce sommet se tenait à Sotchi, j’ai décidé de venir représenter WAFUNIF et entamer des démarches auprès de certains chefs d’Etats africains pour voir quelles sont les actions humanitaires que nous pouvons réaliser dans leurs pays respectifs.
Mais je dois vous dire aussi que j’ai fait mes études en Union Soviétique à l’Université de Kharkov qui est actuellement dans l’Ukraine où j’ai fait un Bachelor, puis un diplôme d’études approfondies en physique théorique et mathématiques au Département de Physique appelé l’Ecole de Physique Théorique de LANDAU qui est la plus grande école de physique créée par le grand physicien du siècle appelé LEV LANDAU
Les objectifs de développement sont déjà fixés à certaines organisations des nations unies, qu’elle va être la différence entre ces organisations et votre ONG sur le terrain ?
En fait, il n’y aura pas de différence, les nations unies ont un agenda et cet agenda contient 17 points qui sont axés sur le développement communautaire. Donc cette ONG, ses initiatives et ses actions sont parmi ces 17 points. Donc nous sommes en parfaite harmonie, il n’y a pas de conflit d’intérêt. WAFUNIF va aider au renforcement des capacités communautaires : la construction des Universités, des écoles, des centres de santé, des centres d’études professionnelles, … pour renforcer la croissance et éliminer la pauvreté en Afrique. Donc il n’y a pas de conflit d’intérêt entre les autres institutions onusiennes et WAFUNIF. Je vous dirais d’ailleurs que nous sommes sur la même ligne droite, dans nos activités. Toutes les actions qui sont menées au niveau des nations unies, depuis sa création jusqu’à nos jours, l’ont été par les membres de WAFUNIF. Les secrétaires généraux dont vous entendez parler et d’autres cadres des nations unies sont passés par cette ONG. Donc, nous nous renforcerons ses capacités déjà qui sont sur place et d’ailleurs, on va beaucoup faciliter la tâche à ces ONG onusiennes, parce qu’il y a une nouvelle ONG sur le terrain qui va travailler en droite ligne avec les ONG locales. Donc il n’y aura pas de conflit et d’ailleurs c’est un avantage, un soulagement pour ces grandes ONG onusiennes de voir qu’il y a une autre ONG qui va être plus proche des communautés africaines et qui va les renforcer.
Vous êtes le premier Guinéen à occuper ce poste au niveau des Nations unies, la Guinée, notre pays va gagner quoi dans votre nomination ?
C’est un plaisir en tant que guinéen d’être embauché à ce poste, j’ai fait trois séries d’interviews à New York (États Unis d’Amérique) au niveau des Nations unies et j’ai été retenu, parce que les Nations Unies veulent maintenant avoir beaucoup de scientifiques, pour essayer d’atteindre ses objectifs bien précis. Donc c’est dans ce cadre que j’ai été recruté, d’ailleurs celui qui m’a recruté à un doctorat en physique, il est américain-mexicain. Après les deux premières interviews, ils m’ont invité au niveau du CA, j’ai été aussi évalué par le Conseil d’Administration (CA), qui a décidé tout de suite m’engager.
Je pense que la Guinée va beaucoup gagner, en tant que Guinéen, les actions concrètes vont d’ailleurs commencer par la Guinée, parce que la Guinée sera le bureau continental de cette ONG des nations unies. Et cela veut dire que nous serons en contact avec les ONG locales et s’il y a des actions qu’il faut réaliser sur le terrain, on va travailler en étroite collaboration avec ces ONG locales. Donc c’est une opportunité pour la Guinée, d’avoir un Guinéen à la tête de cette institution onusienne sur le continent africain qui a été créé depuis 1979, pour essayer de renforcer les capacités communautaires en Afrique.
C’est une fierté pour moi en tant que Guinéen qui ai grandi dans les quartiers de Madina à Conakry et qui ai fait une partie de ses études à Conakry avant de se rendre en Union Soviétique et aux Etats Unis pour poursuivre les études supérieures. J’ai fait mon doctorat en Physique Théorique aux États Unis, j’ai eu à travailler un peu sur les marchés financiers et je suis professeur de physique. Donc c’est un plaisir pour moi de mener les actions de cette institution onusienne, qui, je suis sûr, aura un impact positif sur le développement du continent et de mon pays, la Guinée.
Qui va payer le fonctionnement et les projets de cette ONG ?
C’est une ONG non lucrative, mais qui travaille avec les partenaires publics et privés. Il y a les fonds des nations unies, il y a des donneurs d’ordre et des philanthropes, des anciens boursiers et beaucoup d’autres personnes ressources qui mettent leurs fonds à WAFUNIF pour l’implémentation des projets sur le continent et ailleurs dans le monde.
Et WAFUNIF aussi a les capacités de reconnaitre en tant qu’ONG de paix des nations unies, les actions des chefs d’États Africains dans leurs pays respectifs qui sont des fois méconnues mais qui ont impacté positivement les populations de leur pays.
Vous commencez les activités quand ?
On va commencer les activités le plus vite que possible. De Sotchi je dois me rendre à New York et me rendre après en Guinée. Ensuite, procéder à un recrutement de deux ou trois personnes qui seront dans les bureaux à Conakry. Et je me rendrai à Malabo en Guinée équatoriale pour rencontrer les autorités. Au moment opportun je vous tiendrai au courant des résultats de mes démarches.
Selon vous, pourquoi les Nations unies préfèrent maintenant recruter les scientifiques pour ce genre de travail ?
Les nations unies sont une structure intergouvernementale, mais qui n’est pas tellement rapide dans les actions, donc depuis 2015 elles ont eu à étaler les objectifs qui doivent s’étendre jusqu’en 2030 et on est en 2019 maintenant. Lors de cette réunion des Nations unies cette année à New York, il s’est effectivement révélé qu’il y a eu un retard et comme la technologie a évolué, il y a ce qu’on appelle « BLOCKCHAIN, MACHINE LEARNING », une technologie qui vient de sortir, au fait, qui sera beaucoup plus implémentée dans le continent. C’est une technologie qui sera non seulement utilisée pour une bonne gestion des revenus et puis pour que les nations unies sachent effectivement où vont les fonds qu’elles allouent aux communautés.
Donc c’est une manière de structurer les activités des nations unies et aller rapidement, parce que la technologie est en train d’évoluer et c’est l’outil principal de développement actuellement. Et les nations Unies veulent passer par cet outil pour atteindre cet agenda.
Interview réalisée par Mamadou Ciré Savané, Moro Camara et Ibrahima S. Traoré