C’est dans ses locaux, dans la commune de Kaloum, à Conakry, que la Coalition démocratique pour la nouvelle constitution (CODENOC) a reçu, ce lundi 9 décembre, une mission d’observation électorale de la diaspora africaine en Europe et du groupe AGIR Europe-Afrique.
Au cours de cette rencontre, les deux délégations se sont entretenues sur la situation qui prévaut en Guinée, surtout dans le cadre des tiraillements autour de la question de la nouvelle constitution. Il a aussi été question de la lecture d’une lettre ouverte faite conjointement par les deux organisations, pour disent-ils, dépeindre leur mécontentement face à l’instabilité dont la Guinée fait l’objet, il y a plusieurs mois maintenant, suite à l’annonce d’un referendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution.
Dans ladite lettre lue par le secrétaire permanent, Louis Philipe Diffo, la délégation se demande : « Le président n’est-il pas habilité à consulter le peuple souverain, en le convoquant aux urnes, pour se prononcer sur une nouvelle constitution ? »
Si le peuple n’est pas d’accord avec l’adoption d’une nouvelle constitution, il lui appartiendra de la rejeter en votant purement et simplement « Non » au référendum
Puis d’apprécier, par ailleurs, que : « Dans le cas particulier de la Guinée, l’adoption d’une nouvelle constitution en lieu et place de celle qui est actuellement en vigueur, concoctée sous la transition militaire, pour conduire le pays à la normalité, devrait être applaudie. Si le peuple n’est pas d’accord avec l’adoption d’une nouvelle constitution, il lui appartiendra de la rejeter en votant purement et simplement « Non » au référendum, dans les urnes, sans besoin de violence (…) Aujourd’hui, nul ne peut affirmer que le président de la République veut briguer un troisième mandat. Et même si le président de la République brigue un 3ème mandat, il appartiendra encore au peuple de lui refuser ce mandat dans les urnes, sans besoin d’endeuiller des familles » .
Nous sommes ici en Guinée pour sensibiliser sur la non-violence et le respect des institutions
Pour le contexte de leur visite en Guinée, le chef de la mission, Amoikon Eba, a expliqué que : « Lorsque nous avons pris notre vol pour arriver ici, de Paris à ici, nous sommes venus dire aux Guinéens et Guinéennes, le peuple, de respecter la constitution. Que le FNDC soit d’accord ou pas, nous sommes là pour sensibiliser le peuple. Parce que cette crise ne doit pas perdurer. Nous sommes ici en Guinée pour sensibiliser sur la non-violence et le respect des institutions. Alors, ce que nous sommes venus dire à la CODENOC, c’est le même message que nous allons dire au FNDC, c’est le message que nous allons dire au parti de Sidya Touré et aux autres partis ».
L’association FNDC, ce n’est pas une institution de la République
Ensuite, il a déclaré que : « Jusque-là, il y a deux camps, la CODENOC qui a initié le projet et eux ; ils ont demandé au Président qu’il puisse approuver leur projet et pour que si jamais c’est approuvé, qu’il parte au référendum. L’autre camp, c’est aussi son devoir, le FNDC, eux, ils ont rejeté la décision de la CODENOC, ils peuvent rejeter la décision de la CODENOC, parce que la CODENOC n’est pas une institution, c’est une association, mais ils ne peuvent pas rejeter la décision du chef de l’Etat, parce que la loi lui donne l’ordre d’aller à un référendum (…) L’association FNDC, ce n’est pas une institution de la République, notre position est toujours la même. C’est de faire confiance à nos institutions. Si le FNDC, l’opposition, s’ils sont contre cette nouvelle constitution, c’est de s’organsiner aujourd’hui et de cautionner à ce qu’il y ait le référendum, maintenant à eux de demander à leurs militants de voter contre le projet que le CODENOC a initié ».
Nous avons montré que nous avions une constitution qui était en panne de légitimité
Quant au ministre Aboubacar Sylla, coordonnateur de la CODENOC, il a estimé que : « Nous nous réjouissons de l’arrivée en Guinée de cette délégation de la diaspora africaine pour le dialogue, ainsi que de l’association AGIR qui est une organisation d’observation électorale. Nous avons eu des entretiens fructueux avec la délégation, nous avons saisi l’opportunité pour lui présenter la réalité de la situation guinéenne, nous avons expliqué l’histoire de notre constitution actuelle, nous avons expliqué la situation de différentes forces en présence. Le fait qu’au jour d’aujourd’hui, qu’il y ait une partie des Guinéens favorables à une nouvelle constitution, quand une autre partie ne l’est pas. Nous avons indiqué un peu les fondements de la position de la CODENOC par rapport à la nouvelle constitution, et je crois que ce sont des positions extrêmement faciles à comprendre, parce qu’elles sont d’une évidence claire. Nous avons montré que nous avions une constitution qui était en panne de légitimité… »
A rappeler que selon chef de la mission, la prochaine étape est de rencontrer les autres formations politiques et la société civile, afin de faire une plus grande sensibilisation.
Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com