« Le conseil de sécurité des Nations Unies en procès ! », c’est sous ce thème qu’une conférence s’est tenue le jeudi 12 décembre dans la salle Mohamed Koula Diallo de la maison de la presse. Dans son exposé, le conférencier a déclaré que les textes de l’ONU ne prévoient pas le droit de veto.
« Au vu de la philosophie d’une paix durable, les Nations unies ont conféré au Conseil de sécurité la mission de paix et de sécurité dans le monde. Les dispositions 24 et 25 contenues dans le chapitre 5 de la charte des Nations unies permettent de comprendre le rôle, la mission et la vocation du Conseil de sécurité dans le système onusien. L’article 24 montre clairement que le Conseil de sécurité doit mener des actions rapides et efficaces face à toute situation de menace à la paix et à la sécurité internationale. Ceci dit, en ce qui concerne ses statuts et attributions, le pouvoir du Conseil de sécurité lui est conféré par les membres des Nations unies au nom desquels l’organe agit en tant que mandataire et doit rendre compte à l’Assemblée générale qui est le détenteur du pouvoir originel de l’Organisation », a expliqué le conférencier, Dr Roger Koudé, directeur de publication de la revue Analyse études culturelles universitaires catholiques de Lyon.
Pour lui, le problème de l’ONU se trouve au niveau des membres permanents. Le statut de membre permanant s’expliquait à l’origine par certains éléments liés entre autres à la puissance géographique, démographique, diplomatique, militaire ou nucléaire.
« Ces arguments ne sont plus valables parce qu’ils ne correspondent plus à la réalité du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il y a un problème de représentativité et de légitimité par rapport à la composition actuelle du Conseil de sécurité », a estimé Dr Roger Koudé.
Mais le plus grave, a-t-il renchéri, « c’est que sur la forme, la composition du Conseil et le statut sur le membre permanant vont à l’encontre même du principe qui fonde la charte des Nations unies qui stipule l’égalité de toutes les nations grandes et petites. Sur le fond, ce qui pose vraiment problème dans le fonctionnement du Conseil et qui va à l’encontre de la mission qui lui est dévolue ; c’est l’usage du fameux droit de véto avec des abus divers et même un certain clientélisme. Le plus grand utilisateur du droit de véto est l’Union Soviétique dont la Russie est l’héritière aujourd’hui. Ensuite, les Etats unis, la Grande Bretagne, la France et la Chine. Généralement, les membres permanents ont recouru au droit de véto pour défendre leurs intérêts politiques, géopolitiques, économiques, mais cela n’a rien avoir avec les intérêts supérieurs de la communauté internationale ».
Parlant de la réforme de l’institution, Dr Koudé a laissé entendre : « On pense qu’en augmentant le nombre de sièges de membres permanents réglerait le problème. Tout le monde s’engouffre dans cette brèche en disant qu’on va donner 2 sièges à l’Afrique, 1 siège à l’Amérique du sud, 2 sièges à l’Asie et 1 siège à l’Europe. Et puis comme ça le monde sera mieux représenté au sein de cette institution. J’ai beaucoup de respect pour cette hypothèse, mais je la trouve extrêmement naïve puisque le problème ne se pose au niveau de représentativité. Le problème du conseil de sécurité est un problème de fond. »
Comme possibilité d’une réforme véritable, profonde, avec un impact réel sur le fonctionnement du Conseil de sécurité, Dr. Koudé a proposé : « le retrait pur et simple de ce fameux droit de véto qui n’a pas de sens parce qu’il va à l’encontre même du principe qui fonde l’organisation des Nations unies : L’égalité entre les nations. Ou alors, s’il faut maintenir ce véto, le confier cette fois-ci à un organe technique composé de personnes ès qualité ayant pour mission de statuer sur la conformité des décisions prises par le Conseil de sécurité à la Charte de l’ONU. »
Quid le rôle de l’Afrique ? Le plan Koffi Annan pour la réforme de l’institution, prévoit d’octroyer à l’Afrique 2 sièges au Conseil permanent des Nations unies. Si cette réforme aboutissait, Dr Koudé propose que ‘‘ces deux droits de véto reviennent à l’Union africaine en tant qu’organisation continentale et que ce droit soit exercé pour la défense des intérêts africains. Je ne me fais pas trop d’illusions. Mais, je pense qu’il serait plus juste que cette concurrence inutile pour cette course au droit de véto », a-t-il lancé.
Pour tout dire, « le droit de veto est une escroquerie intellectuelle et juridique. Parce que ce n’est qu’une interprétation qui est devenue acceptable comme on le dit : quand le mensonge dure 30 ans, il devient une vérité. Je suggère à l’Union africaine de saisir la Cour internationale de justice pour lui demander par voie consultative, de statuer sur la validité et la conformité du droit de véto par rapport à la Charte de l’ONU », a-t-il conclu.
Bhoye Barry pour guinee7.com
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