Dr Mamadou Dindé Diallo est professeur à l’université de Foulaya. Il est convaincu que c’est par l’histoire que les hommes peuvent construire un avenir meilleur. Il s’explique.
Je suis persuadé que cette question vous fera sourire. Ça vous dit quoi d’être interviewé par son jeune frère qu’on a contribué à éduquer voire enseigner ?
Dr M. Dindé Diallo : Je ressens un sentiment de fierté et de satisfaction des efforts fournis pour que le petit frère soit le meilleur des petits frères. Nos efforts n’ont pas été vains. Nos bénédictions ne sont pas perdues. C’est mon oncle, ton père biologique, le grand journaliste Abdoulaye Mombéya, l’un des pionniers de ce métier en Guinée, qui laisse ses deux progénitures dans cette posture.
Alors, le 12 octobre dernier était la rentrée universitaire guinéenne. Comment avez-vous vécu celle de 2019 au sein de votre institution d’enseignement ?
La rentrée académique 2019- 2020 s’est très bien passée, car dès la deuxième moitié du mois de septembre, tous les cadres de l’université étaient déjà en poste pour préparer cette rentrée en établissant les emplois de temps, en apprêtant les salles de cours et autres matériels didactiques. L’unique événement particulier cette année, c’est le changement à la tête de l’institution avec l’arrivée d’un nouveau Recteur et d’un nouveau Secrétaire général.
Est-il vrai que dans plupart des universités guinéennes, les équipements ne sont pas adaptés à la qualité de l’enseignement offert. Si oui, à qui peut-on imputer cet état de fait?
C’est une lapalissade que dire que nos équipements sont insuffisants et obsolètes. La faute à cet état de fait ne peut être amputée qu’aux différents gouvernements successifs depuis l’indépendance, mais surtout à partir de la deuxième République. En effet, la première République a créé et équipé les premières institutions de formations du pays. Cet héritage n’a pas été entretenu et modernisé. Les équipements ont fini par être inopérationnels. Heureusement, un vaste programme d’équipement des universités guinéennes est en cours d’exécution. De même, des chantiers sont ouverts çà et là dans les campus. Cela aide à changer la donne.
A l’université, c’est en principe l’enseignement et la recherche. A ce niveau, l’on constate que la recherche n’existe que de nom.
Il ne faut pas se voiler la face, le secteur de la recherche a pris un sérieux coup depuis. La recherche n’a été considérée comme une priorité. Faute de financement, la recherche a fini par se réduire comme peau de chagrin dans nos universités. Le peu de fonds destiné à ce secteur n’était pas aussi utilisé avec efficacité pour le besoin de la cause. C’est pour relancer ce secteur que notre ministre a mis en oeuvre récemment un programme de formation de 100 Phd et 5000 masters et signé plusieurs accords de coopération avec les milieux scientifiques du monde. Petit à petit, ce secteur est en train de renaître de ses cendres. Dans l’exercice de vos fonctions administratives et pédagogiques, vous faites face à l’insuffisance des infrastructures, le sous-équipement en matériels didactiques et les effectifs pléthoriques. Ce ne sont pas là des difficultés insurmontables, car nous sommes mentalement préparés à gérer les éventuels écueils liés au métier, qui ne sont pas spécifiques à l’université de Kindia. Nonobstant ces problèmes ajoutés à l’insuffisance du personnel qualifié, nous arrivons à surmonter ces difficultés, grâce au leadership des autorités universitaires.
Foulaya était en ébullition ces deniers temps. Il a été le théâtre remous sociaux. Comment parvenez-vous à gérer les ardeurs de vos étudiants et enseignants face à leurs revendications ?
Avec les derniers changements intervenus à la tête de notre université, nous prions que ces remous soient un lointain souvenir. Nous prions enseignants et étudiants de se souder derrière cette nouvelle équipe afin que l’environnement sur notre campus nous aide à faire face à l’essentiel. C’est-à-dire, donner une bonne formation à nos étudiants et assurer le développement institutionnel. Nous avons eu la chance d’avoir comme recteur, un jeune cadre confirmé. C’est une chance pour l’université de Kindia mais aussi pour toute la jeunesse guinéenne. C’est une perche tendue par le président de la République à la jeunesse pour redresser et impulser le développement de l’enseignement et de la recherche. Chaque enseignant, chaque étudiant doit contribuer à pacifier le campus de Kindia pour en faire un campus de référence en de Guinée. C’est ce message d’encouragement au travail qui a été le nôtre durant ces différentes crises. Comme vous le savez, nous sommes aujourd’hui dans un village planétaire où la compétition devient de plus en plus rude. Dans un tel contexte, il faut donc que nos étudiants et enseignants soient tous bien préparés au rendez-vous de la compétition. Cela commande que tous mettent les nerfs dans le réfrigérateur car l’avenir, il faut le construire, et pour le bâtir, il faut accepter de le préparer et pour ce faire, il faut être dévoué et très responsable.
In Le Populaire
Ahmed
Tidiane Diallo