Les médias guinéens contribuent naïvement ou à dessein à l’amplification des propos les plus abjects de nos politiciens, dont le verbe se conjugue avec haine, rage, incohérence et beaucoup d’intolérance. Au grand dam de la République.
Ces derniers temps, les enjeux électoraux ont révélé la fébrilité de nos (petits) hommes politiques. Faute d’arguments pour pouvoir rallier la majorité des Guinéens à leur cause, ces derniers se recroquevillent sur leur ethnie qu’ils utilisent malhonnêtement pour des causes politiciennes.
L’ethnie devrait pourtant être une richesse ; ‘‘La beauté d’un tapis tient à la variété de ses couleurs’’ disait le sage Ahmadou Hampaté Bâ. Mais sous nos tropiques, l’ethnie est transformée en handicap par des hommes politiques qui veulent passer par des raccourcis pour atteindre leurs objectifs, en utilisant à fond leur communauté. Quitte à mettre en péril l’unité nationale, à ébranler les fondamentaux de la République. En toute irresponsabilité ! Le plus grave dans cette manœuvre irresponsable est que les enjeux de développement sont royalement ignorés par une classe politique pitoyable et bonne pour… la casse !
Il est navrant de constater que des hommes, pour la plupart incompétents, comme ce quidam qui a les yeux plus gros que le ventre, ne se gênent guère d’étaler des ambitions strictement personnelles, démesurées, et se révèlent prêts à tout pour les assouvir. La presse ne devrait pas accepter ce jeu médiocre et franchement misérable.
Il y a quelques années, quand les Guinéens avaient encore une once d’impartialité, les journaux comme le Patriote, la Nouvelle République, Cocorico, etc., avaient brutalement disparu sur l’autel de la presse libre et indépendante (Le Lynx et L’indépendant exclusivement). En ce temps-là, la presse avait un crédit renforcé et sa démarche responsable avait évité des règlements de comptes sanglants et des dérapages inacceptables. Ce fut le cas lors des événements des 2 et 3 février 1996 (mutinerie de l’armée) ou encore durant toute la durée des guerres civiles en Sierra Leone et au Liberia.
La presse a réussi cela parce qu’il y avait au sommet des rédactions des journalistes qui avaient le sens de l’éthique et de la déontologie. Les informations partiales et orientées pour manipuler le citoyen n’ont pas fait le poids face au traitement des faits issus de la démarche journalistique rigoureuse. Beaucoup de Guinéens conscients regrettent ce temps-là où n’importe qui ne pouvait prospérer dans le mensonge, l’ambition politicienne et la cupidité. Nous en parlons aisément, car nous avons été moulé par ceux-là qui ont créé et imposé une presse pertinente, cultivée et responsable. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui ! Ces pionniers de la presse libre n’avaient rien à voir avec l’ignorance assumée que nous côtoyons de nos jours au quotidien, l’inculture et l’indigence intellectuelle indécente, bref la malhonnêteté où les plus ignorants maîtres-chanteurs se gavent à la table des ‘‘rois’’.
Guinee7.com est un média qui croit aux vertus de la République ; qui fait la promotion de la démocratie ; qui pense que le problème ethnique est créé de toutes pièces par des politiciens à la petite semaine. Nous avons donc décidé de ne plus jamais relayer les propos basés sur l’ethnie d’où qu’ils viennent. C’est une question de responsabilité.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com