Quelques mois après la signature entre le gouvernement guinéen et la société sud-africaine « SNA Structure Engeners (PTY) LTD », d’une convention d’investissement portant sur la rénovation du Grand Hôtel de l’indépendance (GHI) et son extension, des employés de cet établissement historique se plaignent de la détérioration, du jour au lendemain, de leurs conditions de vie et de travail. Ils l’ont fait savoir au cours d’un entretien qu’ils ont récemment accordé à notre rédaction.
En effet, les travailleurs de l’ex-Novotel dénoncent non seulement le retard dans les travaux de rénovation, mais accusent également leur nouvel employeur (SNA Ndlr), d’avoir des comportements non conventionnels à l’égard des employés. Dont entre autres, le retard dans le paiement des salaires, la non-prise en charge des cas d’accidents de travail, ainsi que le fait de faire faire à certains employés des travaux qui ne sont pas les leurs.
Ils ont fini de déshabiller l’hôtel
« En fin septembre (2019), ils sont venus nous dire qu’ils vont fermer l’hôtel parce qu’ils ont donné la gestion aux Sud-africains. Mais après, ils ont fait une réunion au cours de laquelle, ils ont dit que nous les employés, nous ne serons pas licenciés. Qu’ils vont nous payer pendant deux ans, le temps de rénover l’hôtel, et que quand l’hôtel sera prêt, c’est nous qui allons encore y travailler. Mais à notre grande surprise, on a constaté que cette SNA que nous, nous appelons société fantôme, c’est seulement, les contenus de l’hôtel qui les intéresse. Ils ont fini de déshabiller l’hôtel, ils ont dit que l’hôtel est en rénovation, mais jusqu’à présent cette rénovation n’a pas commencé (…). Il était prévu que la rénovation débute au mois de novembre (2019), mais nous sommes là au mois de mars et jusqu’à présent on ne voit aucun représentant de cette société (SNA), pour dire que le chantier de l’hôtel a commencé », nous a confié un des employés de l’hôtel sous anonymat.
Ils nous ont même rendus paresseux
« Nous le personnel de l’hôtel, poursuit notre interlocuteur, on nous a transformés en manutentionnaires, tandis que ce n’est pas notre travail. Ce sont nos hommes qui ont descendu tout le contenu de l’hôtel. Il y en a qui sont tombés malades et d’autres se sont blessés pendant ces travaux et ils n’ont pas été pris en charge. Mais comme nous aimons notre boulot, c’est pourquoi on se sacrifie et certaines femmes même en faisaient partie. Et actuellement, on vient passer la journée ici sans rien faire, mais nous sommes obligés, parce qu’on doit faire le pointage très tôt le matin et à 16 heures, l’heure du départ de la navette (bus du personnel). Ils nous ont même rendus paresseux ».
ceux qui veulent négocier leur départ, allez auprès de vos responsables
Visiblement remonté, cet autre employé estime que leurs nouveaux patrons veulent les pousser à bout de force afin qu’ils perdent leurs boulots sans aucun accompagnement. « Il y a deux semaines, ils nous ont envoyés un papier et nous ont dit ‘‘ceux qui veulent négocier leur départ, allez auprès de vos responsables, vous écrivez votre nom et vous signez devant’’ », sans montant ni rien », a-t-il fait savoir.
On n’est pas payés à temps, on reçoit nos salaires, le 10ème et le 20ème jour du mois
Avant d’ajouter : « nous étions payés par virement bancaire, mais depuis que cette société est venue, nous n’avons jamais été virés. Ils ont demandé les numéros de nos comptes bancaires plus de trois fois, mais à chaque fin de mois, ils nous disent qu’il y a eu tel ou tel problème (…). On n’est pas payés à temps, on reçoit nos salaires, le 10ème et le 20ème jour du mois, et quand tu t’absentes pour deux ou trois jours, on coupe jusqu’à 500 mille ou 600 mille GNF dans ton salaire. Normalement, le jour où tu t’es absenté, qu’on doit couper dans ton salaire (…) et on a un syndicat corrompu. »
s’ils en ont marre de nous, qu’ils nous donnent nos règlements
Au regard de toute la situation, ces employés qui se disent au nombre de 144, réclament désormais leurs règlements ; disent être prêts d’user de tous les moyens en leur possession, y compris celui de rencontrer le président de la République.
« Ils ne doivent pas nous traiter de la sorte, s’ils en ont marre de nous, qu’ils nous donnent nos règlements et qu’ils arrangent également la caisse nationale de sécurité sociale, mais aussi qu’ils donnent nos pensions », a déclaré un de nos interlocuteurs.
Mohamed Soumah pour Guinee7.com