Censure

Scrutin de 22 mars: le « Regard du Peuple » fixe le taux de participation au tour de 52%, mis à part Labé, Mamou et Télémélé

Dans le cadre de l’observation des élections du 22 mars dernier, la plateforme des ONG de la société civile, « Regard du Peuple » a publié une seconde déclaration, dans la soirée de ce lundi 23 mars 2020.

Dans ce document, le « Regard du Peuple » a fait savoir qu’ »à ce niveau de la collecte des informations, le taux de participation est autour de 52%. Ce taux ne prend pas en compte les régions administratives de Labé et Mamou et la préfecture de Télémélé. Les régions de Boké, Conakry et Kindia affichent les taux les plus faibles, respectivement 31%, 34% et 35%. Les régions de Kankan (79%) et Faranah (56%) ont des taux de participation les plus élevés ».

La mission d’observation a également souligné que le déroulement des opérations de vote a été émaillé de violation, anomalie, interférence et interruption par endroit :  » 7% des cas, les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux de vote; 13% des cas il a été observé l’interférence dans les procédures de vote; Le vote dans des urnes non couvertes ou endommagées ; Insuffisance de kits sanitaires dans les bureaux de vote ; le dépouillement anticipé… ».

En outre, le RdP dit regretter l’escalade de la violence après ce double scrutin avec un bilan matériel, humain et économique qui s’alourdit.

Lire ci dessous l’intégralité de la déclaration.

Déclaration N°2 du Regard du Peuple sur les élections du 22 mars 2020

Le Regard du peuple suit le déroulement du processus électoral à travers ses observateurs citoyens déployés dans les 342 communes rurales et urbaines du pays.

A l’état actuel de l’évolution des opérations électorales notamment le déroulement du vote et le dépouillement, les constats rapportés par les observateurs du RdP basés 35% en zone rurale et 65% en zone urbaine, sont les suivants :

  • Nonobstant les tensions vives en général et les violences par endroit, 90% des observateurs de RdP ont été acceptés dans les bureaux de vote dans les phases d’ouverture et déroulement des opérations de vote ; cependant une partie des observateurs ont été empêchés de participer au dépouillement.
  • Dans la majorité des cas où le scrutin s’est déroulé sans violence, 90% des électeurs ont suivi le processus d’identification avant de voter et des membres de bureaux de vote ont suivi les procédures de vote. Et le vote s’est poursuivi sans interruption majeure ;
  • Dans la majorité des cas, les personnes handicapées ont bénéficié d’une assistance conformément à l’article 77 du code électoral.

Le déroulement des opérations de vote a été émaillé de violation, anomalie, interférence et interruption par endroit :

  •   7% des cas, les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux de vote ;
  •  13% des cas il a été observé l’interférence dans les procédures de vote ;
  • Regroupement des bureaux de vote dans les centres de vote et délocalisation des centres de vote ;
  • Dans des localités situées dans les préfectures de Lola, Nzérékoré, Macenta, Dinguiraye, Dalaba, Pita, Mamou, Boké, Fria, Télémélé, Coyah, Labé, Lélouma, Koubia, Conakry et Kamsar, les centres de dépouillement ont été délocalisés vers les mairies, préfectures, gouvernorat, camps militaires et CEPI…Des urnes ont été acheminées parfois sans les membres du bureau de vote et à l’absence des scrutateurs ;
  • Le vote dans des urnes non couvertes ou endommagées ;
  • Insuffisance de kits sanitaires dans les bureaux de vote ;
  • Le dépouillement anticipé…

Ces constats sus-cités pourraient être liés à la situation de violence et d’insécurité dans les zones, entrainant des manquements au code électoral révisé dans certaines de ses dispositions notamment : L’article 65 ; article71 al.2-3 ; article 80 al.1 ; article 83 al.3 ; article 84 ; article 85. 

En plus des incidents rapportés hier dans la déclaration N01, il faut ajouter d’autres scènes de violences, de destructions de lieux de culte (Eglise), des domiciles privés, d’assassinats, d’arrestations.

Le double scrutin se déroule dans une tension vive avec des scènes de violences localisées géographiquement sur le territoire. Si dans ces localités le vote a été empêché ou interrompu dans d’autres il s’est déroulé dans la quiétude et la sérénité. Mais dans tous les cas, la psychose et l’angoisse sont encore perceptibles dans le pays.

Les anomalies liées à l’impréparation technique de la CENI, l’insécurité et le déficit de communication, de sensibilisation et d’information et surtout la non-participation des principaux partis politiques d’opposition dans le processus ont impacté le processus électoral, dont le degré sera illustré dans nos prochaines déclarations.

Il faut faire observer qu’en raison de la délocalisation des dépouillements en dehors des bureaux de vote, la plupart de nos observateurs et superviseurs n’ont pu assurer la complétude des informations électorales essentiellement liées aux résultats des décomptes.

A ce niveau de la collecte des informations, le taux de participation est autour de 52%. Ce taux ne prend pas en compte les régions administratives de Labé et Mamou et la préfecture de Télémélé. Les régions de Boké, Conakry et Kindia affichent les taux plus faibles, respectivement 31%, 34% et 35%. Les régions de Kankan (79%) et Faranah (56%) ont des taux de participation les plus élevés.

Le RdP regrette l’escalade de la violence après ce double scrutin avec un bilan matériel, humain et économique qui s’alourdit. C’est pourquoi nous recommandons :

  • Au gouvernement d’assurer la sécurité des personnes et leurs biens sur l’ensemble du territoire national ;
  • Aux forces de défense de sécurité de rester républicaines et de s’abstenir de toutes actions de nature à porter atteinte aux droits humains ;
  • A la justice guinéenne de diligenter sans délai des enquêtes sérieuses et indépendantes sur les exactions commises et de sanctionner les auteurs et commanditaires conformément à la loi.
  • A la Cour Constitutionnelle, en tant que la plus haute juridiction en matière électorale, le regard du Peuple est tourné sur sa sagesse et la qualité de ses décisions, qui sont un gage de stabilité pour le pays.
  • Aux citoyens, d’observer le calme, la retenue, d’éviter de se rendre justice et d’user des voies de recours légales en cas de nécessité.
  • Aux médias nationaux et étrangers de faire preuve de professionnalisme et de responsabilité dans le traitement et la diffusion de l’information en cette période critique.
  • A la CENI, de prendre la mesure de la situation qui prévaut dans le pays en faisant preuve de professionnalisme et d’éthique dans la gestion des opérations électorales.

Un rapport exhaustif sur le déroulement de l’ensemble du processus électoral dans toutes ses phases sera ultérieurement rendu disponible.

Fait à Conakry le 23 mars 2020

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