La pandémie du COVID-19 enregistre une avancée considérable dans les pays africains depuis plusieurs jours. Et la Guinée ne fait pas exception à cette règle. En plus de l’inquiétude née de l’augmentation du nombre de personnes infectées (22 cas confirmés lundi soir) les guinéens s’interrogent sur leur capacité financière face aux mesures qui ont été prises par le Président de la République depuis quelques jours, pour prévenir et éradiquer la maladie.
Certaines de ces mesures ont du mal à être exécutées par les citoyens. Ces derniers pointent du doigt la situation financière.
En guise d’exemple, quoiqu’il soit indiqué dans l’adresse du Président que «les transports en commun de la ville de Conakry seront soumis à une limitation de passagers : 3 passagers par voiture, 1 par moto, et 7 à 10 par minibus», certains conducteurs de taxi n’hésitent pas à prendre 5 personnes comme à l’accoutumée. Ces derniers expliquent ce comportement par le fait que « le prix du carburant» soit «très chère».
Malgré le danger, les citoyens qui vivent
au jour le jour, sont obligés de fermer les yeux sur les mesures, pour se
rendre à leurs lieux de travail ou de commerce, en empruntant ces moyens de
transport pleins comme des boîtes à sardines.
Cependant d’autres respectent les mesures et
prennent trois personnes. Ces derniers menacent même de réduire les courses à
défaut de les arrêter complètement. C’est le cas d’Ousmane Bangoura que nous
avons rencontré alors qu’il finissait sa course.
«Moi je prends deux personnes derrière et une
personne devant pour ne pas avoir de problème, vu que c’est la décision du
Président. Mais si le prix de l’essence ne descend pas, je ne vais pas pouvoir
arrêter mon taxi, parce que c’est avec ça je nourris ma famille, mais dès que
je vais avoir ma dépense journalière, j’arrête. Parce que, je n’ai pas beaucoup
de recettes et je gaspille de l’essence.» a lancé ce chauffeur de taxi.
Une décision qui pourrait largement nuire au
déplacement des Guinéens, si cela était adopté à l’unanimité. Puisque ces
citoyens passent plusieurs heures à attendre en bordure de route, avant d’avoir
de quoi se déplacer.
Le non-respect des consignes de sécurité dans le
secteur du transport n’est pas un cas isolé. Nous avons pu constater cette
désobéissance dans d’autres secteurs.
Nous sommes à la fin du mois de mars. Les salaires ont été virés dans les différentes banques. Aucun des salariés ne veut être le dernier à recevoir son dû. Donc, tous se précipitent dans les agences. À Kaloum, à la cité chemin de fer, l’acte est palpable ce lundi matin.
Regroupés devant l’agence principale et devant le point de retrait électronique, les citoyens semblent ne pas se préoccuper du respect des mesures de sécurité et ne visent qu’une chose, retirer de l’argent pour aller se préparer face à cette pandémie qui fait apparemment craindre.
Ici aucune «distanciation» n’est de rigueur. Les gens se touchent, rigolent et semblent même oublier qu’un loup s’est glissé dans la bergerie. Certains plus prudents que d’autres se munissent de cache-nez.
Par ailleurs, à Conakry de nombreux
domiciles, institutions et petits commerces se sont équipés de kits pour le
lavage des mains. Mais le prix de ces moyens de prévention a flambé
sur le marché. Les solutions hydro alcooliques, dont le flacon de 30
ml vendu initialement à 5000 Fg coûte de nos jours 35
000 Fg et le flacon de 350 ml initialement vendu à 25
000 Fg se vend actuellement à 150 000 Fg. Les
masques chirurgicaux et d’autres sont vendus jusqu’à 15
000 Fg l’unité. Le seau servant au lavage des mains
se vend à 90 000 Fg et le termo-flash pour la
température se négocie autour de 450 000 Fg…
Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com