Pape Diouf ou Ma Baba Diouf pour les intimes est né au début des années 50 à Fort- Lamy (c’était l’appellation de la capitale Tchadienne du temps de la colonisation). Cette légende du football a passé son enfance au Sénégal.
Si sa mort a surpris plus d’un, disons tout de même qu’il a été un géant du football. Parce que tout aura finalement réussi à ce fils de militaire de la marine Sénégalo – française, préalablement destiné à être militaire comme son père.
Arrivée sur la Canebière (Marseille) dans les années 70, Pape sera d’abord coursier, manutentionnaire, surveillant, dans cette grande métropole du Sud de la France. C’est plutôt le journalisme qui l’intéressera particulièrement le « journalisme sportif ». Il excellera dans ce domaine au sein du journal La Marseillaise et au quotidien Le Sport. Très vite, sa réputation franchira tout l’hexagone.
Des célèbres journaux tels que L’équipe, le plus grand quotidien sportif Français, l’utilisera en qualité de correspondant. C’est sa rencontre avec le Camerounais Joseph-Antoine Bel, au moment où celui-ci était gardien de but et capitaine de l’Olympique de Marseille –OM – et sur conseilles de celui-ci qui l’encouragera à être agent de joueurs.
« Je n’ai jamais pratiqué le football, dira Pape Diouf. Fonce et vas-y, tu réussiras !» rétorquera Joseph- Antoine Bell.
Des grosses cylindrées, plus de 70 footballeurs se retrouveront là (Antoine Bell, Habib Beye, Marcel Desailly, Elhadj Diouf, Didier Drogba, Titi Camara, William Gallas, Grégory Coupet). C’est lui qui les a propulsés dans l’arène internationale.
Très sérieux dans ses engagements et le respect contractuel avec tous les joueurs dont il a été le manager, Pape a su mettre en relief l’identité et la valeur intrinsèque du football africain dans la reconnaissance du football mondial.
C’est au vu de tous ces résultats qu’il prendra la présidence de l’OM (2005-2009) après Robert Louis Dreyfus où il réussira à donner un titre au club Phocéen.
L’homme ne s’entendait pas à mourir de sitôt. Mais, seul Dieu maîtrise le destin Lui qui a placé cette épée Damoclès sur la tête de chaque mortel. Pape quitte donc la France pour le Sénégal courant mars. Il effectue une visite rapide à Abidjan la capitale ivoirienne, puis retourne à Dakar.
Il se sentait déjà malade, selon les témoignages. Les médecins de l’hôpital FANN s’occupent de lui en urgence. Sa situation s’aggravant, un avion médicalisé viendra de la France pour assurer son évacuation. Mais le sort décidera autrement. Son état de santé s’était davantage dégradé. Dans la soirée du 31 mars 2020, les médecins constateront sa mort. C’est la RTS, la télévision publique sénégalaise, qui sera la première chaine à donner la nouvelle avant que les autres médias du monde ne la reprennent.
Le président sénégalais Macky Sall sera le premier à rendre hommage au géant du football sur son compte Twitter.
Le guinéen Antonio Souaré, actuel président de la Fédération guinéenne de football (Féguifoot) et président de la Zone A de l’Union des fédérations ouest-africaines (UFOA), qui est ami à Pape Diouf depuis les années 70 sur l’avenue de Belleville, est profondément attristé d’apprendre les circonstances dans lesquels il a été rappelé à Dieu. Pape Diouf restera à jamais dans nos cœurs. Lui qui a été le premier dirigeant Noir d’un club d’envergure (OM), porté plusieurs casquettes tout au long de sa carrière : journaliste sportif, agent de joueur, président de Club, consultant à Canal+, homme politique.
L’on retiendra surtout qu’il fut célèbre pour sa verve et ses prises de parole étaient toujours autant respectées que redoutées. Jean- Michel Aulas, le président de l’Olympique de Lyon l’un de ses contradicteurs préférés, en sait quelque chose. Le dirigeant avait des projets pour le monde du football, mais la pandémie du Covid-19 en a décidé autrement.
Prions pour le repos de son âme dans l’éternel Paradis de Dieu !
Que la terre du Sénégal son pays et celui de ses ancêtres lui soit légère ! Amen.
Ibrahima Diallo
Journaliste/Ecrivain