L’immense Aboubacar Soumah, à la réputation bodybuildée, l’insubmersible « général » d’opérette, qui a juré sur tous les toits que sa voiture de revendication n’a pas de marche-arrière (« pas de recul ! ») a décidé, alors que les écoles affichent portes closes, de… lever son mot d’ordre de grève. Si on était au début du mois d’avril, on aurait cru à un gros poisson ! Ce membre décomplexé de la dynamique du FNDC (« Nous sommes contre le changement de constitution », martelait-il), qui a manipulé la misère des enseignants, leur promettant monts et merveilles, et surtout un salaire de 8 millions de francs guinéens, qui, soit dit en passant, serait le plus élevé du monde en terme de ratio PIB d’un pays/salaires des enseignants du pré-universitaire, est frappé par un éclair de lucidité. Comme par une opération du saint esprit ! Un véritable miracle.
Il faisait comme si l’enseignant pouvait se comparer à ce cupide individu propriétaire d’une vulgaire boutique du coin…
Le secrétaire général du Sleeg version Aboubacar Soumah semblait pourtant moins soucieux de son propre niveau de professeur de français (sans blague !), de celui des enseignants qui plombe, à force de compromission et de rafistolage, celui de nos enfants ; il semblait moins inquiet de l’absence d’un vaste programme d’accès au logement pour les enseignants, encore des questions de transport et sécurité sociale pour le corps enseignant. Il faisait une fixation malsaine sur le rehaussement de son propre train de vie en espèces sonnantes et trébuchantes, affirmant partout qu’il avait « droit au bonheur ». Comme si le métier d’enseignant n’implique pas le plaisir de transmettre le savoir. Comme si l’enseignant pouvait se comparer à ce cupide individu propriétaire d’une vulgaire boutique du coin…
Et le Covid19 est le prétexte tout trouvé !
Le « général », que dis-je, a donc décidé de lever son mot d’ordre, pour se donner un bol d’air, pour surfer avec l’air du temps. Et le Covid19 est le prétexte tout trouvé ! Après avoir donc gaspillé des mois en polémiques stériles – tout le monde a pu le constater quand il a tenté de défendre sa position bancale ! -, avec des arguties à s’arracher les cheveux, l’homme s’accroche à un virus pour justifier sa volte-face. Conséquence d’une telle irresponsabilité, des élèves ont accusé un retard dans leur programme, réduisant leurs chances de passer avec succès les futurs examens nationaux.
Des enseignants ont souffert plus qu’ils ne souffraient déjà, privés de leurs salaires et endettés jusqu’au cou
Conséquence de cette attitude désinvolte, des enseignants ont souffert plus qu’ils ne souffraient déjà, privés de leurs salaires et endettés jusqu’au cou. On verra bien comment cet argument tiré par la peau des fesses sera accueilli par le ministère de l’enseignement pré-universitaire, tant Soumah, après avoir signé son protocole du 10 janvier 2019, s’est montré lunatique, caractériel et illogique. Comment peut-on prétendre à un salaire de 800 euros dans un pays pauvre, endetté et en lutte pour assurer les services sociaux de base ? Comment peut-on vouloir rompre brutalement avec les pratiques syndicales en défendant des aspirations d’hommes politiques ? Comment peut-on faire si peu cas de l’avenir des élèves sur l’autel de revendications pécuniaires déraisonnables ? Toutes ces questions inquiètent. Tout ça pour ça ! Ce qui est presque sûr, c’est que les élèves, sacrifiés par un mouvement incompréhensible, et même le gouvernement, qui avait du reste déjà fermé les écoles, ressentent très peu l’impact de la « levée de la grève » de l’homme aux multiples tenues. Bref, Soumah, qui sera à la retraite très prochainement, a au moins appris à ses dépens qu’un syndicaliste n’est ni un politicien, ni un adversaire du gouvernement. A la bonne heure !
Lire ci-dessous, l’avis de suspension de la grève
Focus de guinee7.com