Mon très cher frère Mandian,
Au gré de mes lectures vagabondes, je suis tombé sur certaines de tes publications sur ta page Facebook et sur Opéra News, tous signés Mandian Sidibé, journaliste exilé à Paris.Depuis ton départ tourmenté de Conakry, suite à tes ennuis judiciaires, et durant tout le temps que tu as bourlingué à travers le monde, c’est pour la première fois que je trouve une adresse pour te faire signe de vie, même si elle n’en est véritablement pas une, parce que incomplète. Toutefois, j’ai choisi de m’adresser à toi par cette voie, la seule qui m’est ouverte.
Rassures-toi !Ce n’est pas le militant du pouvoir RPG AEC que je suis qui s’adresse aujournaliste outrancièrement partisan de l’opposition que tu es devenu. Non ! C’est ton grand frère, Dr Cissé, Pharmacien à Fria, qui veut s’adresser à son jeune frère,MandianSidibé, qu’il aurait préféré voir dans le rôle de grand journaliste à Paris, et non dans les habits de cet annonceur de catastrophes imminentes et répétitives, susceptibles de plonger le pays dans une atmosphère de psychose généralisée.
Dès lors, je crois que tu comprendras mon ardent désir d’évoquer avec toi les souvenirs du bon vieux temps passé ensemble dans cette merveilleuse cité de l’alumine, Fria,mais aussi pour te prodiguer des conseils qui t’amèneront peut être à te ressaisir sur une voie qui me semble périlleuse pour toi.
Souvenirs du bon vieux temps
Je me souviens que c’est aux alentours de l’an 2000,à la recherche d’un répétiteur pour faire réviser mes enfants à la maison, que tu me fus présenté et recommandé par Monsieur Karifa Doumbaya dit Don. Je reconnais que tu fus un bon maître, car le niveau des enfants se relèvera très vite grâce à tes qualités émérites de pédagogue ; je te remercie infiniment car tous ces enfants ont aujourd’hui trouvé leur voie grâce, en partie, à la base que tu as su leur donner.
Je me souviens du bon vivant aux éclats de rire inimitables que tu fus et que tu es très certainement resté.
Je te remercie pour la confiance que tu avais placée en moi, en me faisant lire, quelquefois, certains de tes articles avant leur parution dans le Journal L’INDEPENDANT.
Tu n’as certainement pas oublié que je t’avais recommandé la plus grande prudence dans tes articles lorsque tu attaquais avec virulence, et alternativement, les clans rivaux qui se battaient au sommet de l’usineFriguia pour le contrôle du pouvoir de décisions.
Je me souviens aussi de ton départ précipité et sinueux de Fria, suite à un de tes articles contre l’autorité préfectorale qui le jugeâtdiffamatoire et discourtois. Il aura fallu toute la ruse et la solidarité des ressortissants de Kouroussa à Fria, pour te tirer d’une situation qui était devenue très compliquée pour toi.
Permets moi de te remercier pour le soucis que tu as eu à un moment donné, pour ma promotion politique ou administrative, en me proposant de passer sur les ondes de la Radio Planète, radio de grande écoute à l’époque, pour dénoncer ce que tu considérais comme une injustice à l’endroit de mes amis et moi , pour avoir été témoin oculaire, disais-tu, des efforts et sacrifices consentis par nous pour l’implantation et l’ animation de notre parti, le RPG, dans une zone difficile (FRIA) , à l’époque, totalement hostile ; mais tu te souviendras certainement aussi que j’avais poliment et fermement repoussé cette offre en te répondant que chacun suit son destin, et que chaque chose a son temps. Comme on le dit souvent : « la patience paye toujours », et par la grâce de Dieu, par la volonté du Président de la République, le Professeur Alpha Condé, et par la confiance des électeurs guinéens, particulièrement ceux de Fria,je fus député de la huitième législature, de 2014 à 2020.
Conseils
Mon très cher frère,
Après avoir lu donc certaines de tes publications de ces derniers temps sur Opéra News et sur ta page Facebook, et gardant encore en mémoire les circonstances chaotiques( le pourquoi et le comment) dans lesquelles tu as quitté Fria, puis Conakry quelques années plus tard, en tant que grand frère, je te conjure de renoncer à jouer au journaliste de l’apocalypse, de la psychose, de la dramatisation et de la surchauffe.
Par contre, puisque la liberté d’expression est consacrée par la Constitution et les lois de la République, je t’exhorte vivement à participer positivement à l’animation d’un débat démocratique apaisé,en enfilant fièrement et courageusement ta tunique de journaliste opposant pour dénoncer vigoureusement , mais objectivement, avec ton indéniable belle plume, les insuffisances du régime. Et je te jure qu’il y en a, comme partout ailleurs. La perfection étant le domaine exclusif et inviolable de Dieu, le Tout Puissant, l’Infaillible, l’omniscient.
A longueur de journée, des journalistes, des hommes politiques, des membres de la société civile ainsi que de simples citoyens se livrent à cet ingrat et difficile exercice de dénonciations positives plus ou moins objectives, pour la construction d’une Guinée meilleure à laquelle nous aspirons tous.
Mon cher frère, espérant que tu comprendras le bien fondé de ma communication, je te prie de croire en la sincérité de mes sentiments fraternels.
Bien à toi.
Ton grand frère, Dr Sidiki Cissé, Fria.