Censure

Alpha Condé : entre banalisation de la lutte contre le Covid-19 et ouverture de fronts inutiles (Par Ahmed Tidiane Sylla)

L’incompétence d’Alpha Condé, perceptible depuis bientôt dix ans, s’est encore davantage manifestée avec la gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19. Bien avant le signalement du premier cas suspect dans notre pays, les informations concernant des cas confirmés dans des États voisins auraient pu permettre à la Guinée d’éviter l’explosion de la chaîne de contagion. Les autorités auraient dû prendre des mesures préventives pour sécuriser les populations. Mais, en dépit des signaux annonciateurs, la situation leur a malheureusement échappé. Ceci démontre l’amateurisme et le dysfonctionnement de l’administration de notre pays. La désorganisation ainsi que la corruption généralisée qui gangrène l’État ont fini par l’affaiblir et l’affaisser face à cette crise sanitaire. Après dix ans de gouvernance Alpha Condé, c’est l’Etat Néant !

Pendant que le pays est frappé de plein fouet par la pandémie du Covid-19, qui a dépassé la barre des 2000 personnes contaminées, sans parler des cas dissimulés dans les quartiers et villes par le fait de la négligence de l’Etat et d’un système sanitaire défaillant depuis bientôt 10 ans, Alpha Condé n’a que faire de cette situation. Il n’est plutôt préoccupé que par l’étalement de son programme politique afin de se donner un mandat à vie, au risque et au péril des populations. C’est la principale raison qui l’a conduit à l’organisation d’un double scrutin le 22 mars 2020 et ce en pleine période de pandémie. Il en a profité pour installer une assemblée illégitime et illégale le 21 avril 2020 dernier, en totale violation des lois et des mesures sanitaires annoncées par lui-même. 

LE FRONT INNOPORTUN  

Alors que les Chefs d’Etats et de gouvernements du monde semblent être préoccupés par l’éradication de la pandémie du Covid-19, Alpha Condé lui, reste dans son registre classique d’opposant: l’opposant contre l’opposition. C’est en effet le seul métier que l’homme a pratiqué pendant ses 40 ans de vie politique. Dans un décret lu à la télévision nationale, il continue sa vendetta contre les opposants à son régime par toutes les manières possibles et imaginables. Un acte par lequel il crée une commission pour répertorier les biens immobiliers issus du contentieux franco-guinéen. Ce qui, pour bon nombre d’observateurs avertis, n’est autre qu’une façon de s’en prendre à Sidya Touré  et Cellou Dalein Diallo qui, selon lui, habitent sur des domaines de l’Etat. Son seul souci serait donc de les y déloger. Ce qui serait une victoire héroïque aux yeux de l’actuel locataire de Sekhoutoureya. Une autre énergie gaspillée alors que la crise sanitaire devient de plus en plus aigüe.   

LE DEUX POIDS  DEUX MESURES ? 

Quand Alpha Condé exprime sa volonté de récupérer les domaines publics de d’Etat, les Guinéens qui ne sont pas amnésiques pensent tout de suite aux domaines bradés depuis son arrivée en 2010. Domaines dont des seigneurs et ténors de son pouvoir se sont partagés et  vendus à vil prix à des étrangers. C’est entre autres le cas: des domaines publics maritimes. Des domaines en bordure de mer illégalement récupérés par certains nationaux, d’autres vendus à des étrangers au vu et au su de tous à des fins de constructions d’hôtels, de maisons de luxes et autres, tout en privant des populations riveraines de Conakry de vues maritimes et d’autres avantages des bordures de mer. C’est depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir que Conakry compte de moins en moins de plages publiques. 

Il y a les domaines de Conteyah dans la Commune de Rotama où des propriétés foncières de l’Etat ont été déchiquetées et partagées entre les barons du pouvoir: des ministres, directeurs généraux, DAAF, amis et épouses. Ces personnes ont tous trouvé leurs parts lors d’une foire de partage. C’est sans oublier les bâtiments du quartier de la Minière distribués entre copains et coquins avec des baux de 100 ans comme des butins de  guerre. Ainsi, d’aucuns ont bâti aujourd’hui des immeubles à usages commerciaux sur ces terrains publics. Tant pis pour l’Etat ! Il s’agit de biens immobiliers à récupérer et à reverser dans le patrimoine de l’Etat. 

NOS RESOURCES MINIERES BRADÉES !

Le risque est qu’au lendemain de la fin du mandat d’Alpha Condé, on se retrouve sans ressources minières appartenant au pays, toutes étant vendues aux compagnies minières étrangères ou sauvagement exploitées. L’État n’en tirant aucun bénéfice. Sans oublier le désastre pour les populations guinéennes environnantes. Pire que le syndrome de Nauru!

Apres 10 ans d’exploitations de nos mines, après avoir engrangé des milliards de dollars en terme de recettes, force est de constater le manque d’impact sur le niveau de vie des guinéens. À cela s’ajoute la non amélioration des infrastructures sociales de base.  L’exemple de Simandou en est la parfaite  illustration. Alors qu’il constitue l’un des plus grands gisements de minerais  de fer au monde avec une réserve estimée à 2, 4 milliards de tonne de minerais à haute teneur de fer de 65 %. Il a été bradé à vil prix à des compagnies fantômes comme si la vie de la Guinée ne se limitait qu’aux mandats d’Alpha Condé. Pourtant, l’exploitation des minerais de bauxite déjà en cours dans la zone Boké-Boffa-Sangaredi vise les 100 millions de tonnes de production, plaçant la Guinée au rang de leader mondial devant l’Australie et la chine.  Les recettes issues de ces exploitations minières sont détournées pour des destinations inconnues, tandis que ces exploitations anarchiques des mines affectent notre écosystème ainsi que le cadre de vie des populations environnantes.

Jamais sous la gouvernance Alpha, ces recettes minières n’ont été inscrites au Budget de l’Etat. C’est la plus grosse arnaque de tous les temps contre les Guinéens. 

Ces dix ans d’Alpha Condé ont été dix ans de pillages de nos ressources, de notre économie et dix ans de recul dans tous les domaines.  Ces énormes richesses engrangées dans le secteur des mines, mais malheureusement englouties par la corruption et les détournements, auraient pu servir à construire des écoles, des universités, des routes bitumées, des ponts, résoudre les problèmes de désertes en eau et en électricité, à construire des établissements hospitaliers, créer des emplois, relancer la recherche scientifique, tout ce qui n’a pas été fait pendant ces dix années de pouvoir d’Alpha Condé. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui à la merci de la pandémie. L’impréparation chronique ! 

Et pourtant, pour faire sérieusement face à la pandémie du Covid-19 et des pénuries en tout genre qui guettent les populations, il suffit  de récupérer l’argent détourné des exploitations minières qui est placé dans des paradis fiscaux et dans des comptes bancaires à l’étranger. Sans faire abstraction des autres formes de corruptions qui engloutissent des milliards de dollars. Au lieu de cela, Alpha Condé continue à distraire les guinéens sur  des questions visant à exprimer sa haine à l’encontre des opposants.

La situation est grave. Le pays est menacé !                 

 Ahmed Tidiane Sylla

ahmedtidianes@gmail.com

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