Censure

Mory, plus haut que jamais! (Par Tibou Kamara)

« Heureux qui, comme Mory Kanté a fait un beau voyage et, est retourné, mourir entre ses parents, sans bruit, dans l’humilité qu’on lui a connue, toute sa vie durant « .  

Tant l’homme fût effacé et vécut  simplement,  malgré  le succès qui grise tant, combien sommes-nous qui savions que Mory Kanté était rentré dans son pays, pour y vivre désormais, comme le commun des Guinéens ? Combien sommes-nous, à lui avoir fait sentir, vraiment, la fierté d’avoir servi notre pays ? Avons-nous manifesté le bonheur d’avoir parmi nous, un homme universel, une icône de la musique contemporaine ? Combien, sommes-nous, à avoir mesuré la dimension,  l’audience et la notoriété de l’artiste, avant ce jour fatidique de sa mort et tous les hommages qui ont suivi, à travers le monde entier ? L’émotion et le sentiment de deuil, partout, montrent que notre regretté compatriote a fait connaitre et aimer la Guinée, pétrie de talents et de génies anonymes et illustres.

Mory Kanté a préféré notre Guinée pour passer les dernières années de sa vie, lui, qui, sollicité et courtisé dans le monde, pouvait faire le choix, comme d’autres,  d’une autre vie ailleurs, loin d’ici, des siens, dans l’honneur et la gloire des élus.

Heureusement que le Président Alpha Condé, lui a décerné une médaille du mérite, avant sa mort, pour le réconcilier avec sa Guinée natale, le rétablir aussi dans la dignité et l’honneur, connus ailleurs, au sommet de son art. Ainsi, a-t-il réparé une injustice dont le pays se rend souvent coupable avec les plus méritants de ses enfants.

La Guinée qui n’a pas suffisamment célébré Mory Kanté, comme tant d’autres disparus , avant lui, le pleure beaucoup, aujourd’hui, dans un concert de lamentations et une subite sensibilité à son sort. Mais, il n’y a pas de regrets ou de remords à avoir, pour lui,  car la seule reconnaissance pour un artiste accompli comme lui, c’est son œuvre gravée dans le temps et les mémoires. L’œuvre de Mory Kanté a été plébiscitée ici et ailleurs !

Un artiste, ne meurt pas, parce qu’il fixe le temps, par son art et touche toutes les générations dans une histoire, sans fin. Mory, une force tranquille que la mort n’emportera pas, que la vie n’arrêtera pas.

La mort, cette fatalité, n’est une épreuve que pour les hommes, sans foi, qui n’ont pas pensé  à s’immortaliser dans la vie éternelle de l’inspiration historique ou artistique. Mory Kanté, dont le succès a eu un écho, au-delà de sa Guinée bien-aimée, à laquelle, il a été attaché et fidèle jusqu’au bout, n’a pas succombé  à la vanité, ni l’orgueil des hommes d’exception, pour s’attendre de sa nation à un hommage empreint de solennité et de faste. Il a le temps pour lui, l’histoire avec lui, dans une vie ou il a laissé son talent parler à sa place, son nom résonner comme les notes suaves de sa mythique kora qui ne sera jamais dans l’oubli, le fera vivre pour toujours.

Mory, ton nom est encore plus haut dans le ciel, maintenant que tu as quitté la terre.

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