Il y a 60 ans jour pour jour naquit à Addis-Abeba en 1963, dans un contexte de mouvements émancipateurs et d’affirmation de soi, ce qui fut l’ancêtre de l’actuel UA – Union Africaine – l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).
Des défis ont certes été relevés comme la décolonisation de l’Afrique, la création d’un club inter-étatique mais les exigences du moment pousse à aller vers l’Afrique des peuples.
L’integration des États, le succès majeur de l’union Africaine.
Depuis le 25 mai 1963, beaucoup de chemins ont été parcourus, des chemins jalonnés certes d’embûches, mais la volonté de parvenir à une union intra-africaine a eu raison des oppositions idéologiques sous fonds d’ingérence extérieure comme l’était l’opposition entre le groupe de Casablanca (partisans d’une union beaucoup plus poussée pour bâtir les États-Unis d’Afrique avec pour idéologie le socialisme, proche de l’international socialiste) et le groupe de Monrovia (de tendance nationaliste avec pour simple volonté de parvenir à une coopération multilatérale entre États indépendants, proche de l’occident).
Sous l’impulsion de quelques leaders africains ceux dont j’appelle les « Pères africains » comme l’éthiopien Haïlé Selassie, le ghanéen Kwame NKrumah, le guinéen Ahmed Sékou Touré, le marocain Mohamed 5, le malien Modibo Keita et l’égyptien Gamal Abdel Nasser, l’Afrique est parvenue à la création d’une organisation continentale capable de porter la voix des peuples africains. Ils ont réussi à mener la décolonisation de toute l’Afrique, à lutter contre l’apartheid et contribuer à résoudre certains conflits, même si le génocide rwandais et le déchirement de la RDC resteront comme les plus grands échecs de l’OUA, d’où l’idée de créer l’UA en 2002 en vue de faire taire les armes en Afrique et de lancer son développement économique. De ce point de vue, même s’il y’a quelques résultats, force est de reconnaître que le chemin est encore long.
L’Afrique des peuples, l’objectif majeur à atteindre.
Comme on vient de décrire, si l’UA a le mérite d’exister et d’être cet espace de rencontres et de discussions entre dirigeants du continent sur les problématiques africaines, il est clair que les populations africaines ont été mises en marge de la construction du continent.
Ce sentiment est d’autant plus réel qu’il se vérifie dans la défiance que les africains ont à l’égard de leurs dirigeants. La confiance dans l’élite africaine qui a abouti à la décolonisation, parce que la cause était largement partagée par les masses africaines, s’est éffritée au fil de choix non assumés, de décalage entre gouvernants et gouvernés, et le tout couronné par une orientation éloignée des ambitions du début, laissant le sentiment d’une élite au service du monde occidental.
Cette conscience est aujourd’hui plus présente que jamais : des politiques de développement calquées sur ce qu’on voit ailleurs, des dirigeants se soignants dans les hôpitaux européens et américains laissant les africains à la merci des maladies et autres maux du genre. Le décalage est tellement abyssal que le gouffre qu’il crée se vérifie dans le train de vie de dirigeants aux antipodes des préoccupations de l’africain moyen. Cette situation regrettable a eu pour effet de contribuer à l’exode de la jeunesse africaine à la recherche d’eldorado hypothétique au péril de vies humaines (pieuse pensée à toutes les victimes de la méditerranée).
C’est pourquoi, il me semble aujourd’hui primordial, de mettre l’Union Africaine à la dimension des peuples africains en bâtissant « l’Afrique des peuples ».
Cette Afrique des peuples en quoi consistera-t-elle ? Ce sera une Afrique où ce sont les populations qui définiront elles-mêmes les choix du développement, et à travers ce processus, leurs dirigeants. S’il existe une conférence des chefs d’Etat et de gouvernements, une commission qui fait office de l’exécutif, pourquoi pas un parlement africain élu au suffrage universel pour représenter les populations ?
La commission rend compte à qui aujourd’hui ? Aux présidents africains, alors qu’elle devrait en principe, rendre des comptes aux populations africaines par le biais de ses représentants élus.
C’est le souhait que je formule pour la future Afrique, une Afrique véritablement africaine c’est-à-dire une Afrique à l’image des populations africaines, pas celle de ces dirigeants hors-sol.
Dans cette perspective heureuse, notre pays la Guinée doit avoir tout le rôle que lui confère son histoire intrinsèquement liée au panafricanisme. Ce leadership doit venir de la Guinée et de ses dirigeants. J’invite les autorités guinéennes à porter cette voix là et à l’assumer pleinement. Car la Guinée sera véritablement guinéenne quand elle est dans une Afrique libre, forte et ambitieuse.