Simon Henshaw, ambassadeur des USA est décédé la nuit dernière des suites d’une crise cardiaque. Le diplomate est connu en Guinée pour ses prises de position qui se jouent parfois des règles diplomatiques. Il ne fait pas dans la fioriture quand il prend la parole.
Le 3 juin dernier, dans une tribune qu’il a publiée dans la presse guinéenne, il a évoqué le cas George Floyd dans des termes qui cachent mal son indépendance d’esprit.
« La communauté de l’ambassade des États-Unis se joint à moi pour pleurer la mort de George Floyd. Comme d’innombrables autres, j’ai été choqué par les images des actions odieuses des policiers du Minnesota qui ont arrêté George Floyd, et profondément attristé par les violences qui ont suivi à travers les États-Unis. Malgré les troubles en cours, l’importance des valeurs que l’Amérique défend et auxquelles nous travaillons en Guinée, en Amérique et dans le monde reste intacte, et ces valeurs sont même devenues encore plus importantes’’, rappelait-il avant d’espérer que « dans les jours, les semaines et les années à venir, nous continuerons tous à œuvrer pour une société pacifique et juste, à la fois dans mon pays et dans le monde. Pour citer les mots du militant des droits civiques et membre du Congrès John Lewis, Nous devons faire le travail que la justice et l’égalité nous appellent à faire».
Dans une autre tribune, à propos du Covid 19, il estimait que « les hauts fonctionnaires qui choisissent de protéger leur pouvoir et leur fierté plutôt que la santé et le bien-être de leur population mettent en danger la santé et l’avenir de leur propre peuple ».
Simon Henshaw est aussi le seul ambassadeur occidental qui condamnait publiquement le caractère non pacifique des manifestations de l’opposition guinéenne ; mais aussi les tueries pendant ces manifestations. Ainsi il ne cessait d’exiger de l’Etat guinéen des enquêtes autour des morts issus des manifestations intempestives de l’opposition d’Alpha Condé.
Le diplomate qui, à plusieurs reprises, louait les efforts de développement de la Guinée, était le seul ambassadeur occidental à trouver démocratique le référendum et les législatives du 22 mars dernier. Il était d’ailleurs sur le terrain le jour du vote où devant un bureau de vote, il déclara : « ceux qui souhaitent voter devraient être libres de voter ; après le vote, les deux parties (pouvoir et opposition) doivent dialoguer. » Cette sortie était une sorte de validation du processus rejeté par l’ensemble des autres ambassadeurs occidentaux.
Et pour Alpha Condé qui, à bien des égards, perd en Simon Henshaw, un soutien, c’était une sorte de blanc-seing.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com