Censure

Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse : La plaie toujours béante (notre enquête)

Le « Collectif des Victimes de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimesse en 2019 » a organisé une conférence de presse, samedi 13 juin, dans la salle Mohamed Koula Diallo de la maison de la presse, pour faire le « point sur la situation actuelle de la zone ».

Au commencement, les responsables du collectif ont dénoncé la destruction des écoles et lieux de culte dans la zone. Il s’agit, selon Mamadou Samba Sow, responsable de la communication dudit collectif, d’une mosquée dont l’autorisation date de l’époque d’Ahmed Sékou Touré (1958-1984) et d’une école autorisée pour la première fois, en 1993.  

Des déchets déversés vers la rivière Kakimbo

Selon les victimes, aujourd’hui, la zone est transformée en dépotoir de déchets, dont un installé derrière la RTG et l’autre derrière l’Ambassade des États-Unis. Toujours selon eux, chaque camion-citerne qui vient décharger les déchets paie 100 mille GNF aux différentes unités des forces de défense et de sécurité qui s’y trouvent. Des caniveaux d’évacuation de ces déchets sont ouverts sur la rivière de Kakimbo.

Sur le terrain, nos constats révèlent que des déchets sont bel et bien déversés par des camions vidangeurs. Ces déchets lâchés du haut d’une pente sont drainés jusque dans les eaux de la rivière de Kakimbo.  

« C’est des vidanges sauvages. Ce n’est pas autorisé. Nous, toutes les vidanges que nous connaissons c’est à la décharge qu’on envoie. Maintenant ceux qui viennent sur le site pour déverser ce n’est pas autorisé. Le site n’est pas un dépotoir”, précise El hadj Mamadi Kourouma, conseiller juridique dudit ministère.

Par ailleurs, les « victimes du déguerpissement de la zone en 2019 », accusent aussi le ministre Ibrahima Kourouma, de revendre des gravats et autres terres du site qui ont été rasés par les bulldozers. « C’est sur ordre d’Ibrahima Kourouma, ministre de la ville et de l’aménagement du Territoire, les gravats sont transportés en grande partie à Lambangni derrière chez KPC … », déclare Mamadou Samba Sow.

A ce propos, le conseiller juridique du ministère relève que «les gravats, la gestion c’est à l’Etat. L’État a dégagé les gravats qui étaient là, il a amené là où il veut amener. Ça n’appartient à personne et on est obligé d’enlever pour récupérer le terrain ». 

Procédure judiciaire engagée à la cour de justice de la CEDEAO

En ce qui concerne la procédure judiciaire engagée à la cour de la justice de la CEDEAO, Mamadou Samba Sow explique : « suite à l’annonce de l’arrivée prochaine à Conakry des juges de la CEDEAO pour un transfert judiciaire, le pouvoir Condé cherche, à tout prix, à faire disparaître toutes les preuves d’une présence humaine à Kaporo-Rail, Kipé 2 et Dimesse. Cela se traduit par la destruction des écoles, des lieux de culte et le transport dans la précipitation des gravats sur d’autres lieux. Comme ça quand les juges viendront, ils observeront un terrain vide. Ils vont peut-être demander s’il y avait des hommes ici ? Et nous avons produits des vidéos… »

Les établissements publics et privés envisagent de s’installer sur les lieux. Mais « nous ne cesserons jamais de le répéter que ces terres-là nous appartiennent. Nous avons toute la documentation, on n’est pas tombé du ciel pour occuper ces lieux et nous allons nous battre jusqu’au bout. Si nos parents arrivaient à disparaître nous allons porter le flambeau. Si ça ne marche pas, c’est nos fils et petit-fils qui vont continuer la lutte. Nous tenons simplement à dire aux gens que s’ils viennent s’installer là, même si ça fait 50 ans ou un siècle, qu’ils s’attendent un jour à subir ce que nous avons subi. Soit on nous restitue nos terres ou on passe à une compensation équivalente à ce qui était sur les lieux… », laisse entendre Mamadou Samba Sow.

 »L’école était là à titre provisoire… »

L’école privée « Batoula Diallo », la plus ancienne de la zone, a reçu son autorisation par arrêté ministériel en 1993 et renouvelé (l’arrêté) en 2012 par Ibrahima Kourouma, ministre de l’Enseignement pré-universitaire d’alors. « Huit ans après, c’est le même Ibrahima Kourouma, ministre de la Ville qui vient démolir l’établissement », accuse-t-on.

« L’école était là à titre provisoire, parce que l’emplacement où elle était n’est pas indiqué dans le plan. Donc, si on ne l’enlève pas, le plan actuellement en cours ne peut pas satisfaire. C’est pourquoi on l’a enlevé », justifie El hadj Mamadi Kourouma tout en précisant que l’Etat, c’est la continuité.  

Bhoye Barry pour guinee7.com

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