Les remous sociaux Actuels à Kankan, la capitale de la Haute Guinée résultent d’une profonde amertume et d’un désarroi sans précédent des citoyens de cette région depuis l’arrivée du <<remède >> au pouvoir le 21 Décembre 2010.
Sous un angle historique, il convient de rappeler que cela fait 32 ans depuis l’incursion en Haute Guinée des premiers tracts du RPG en provenance de la Côte d’Ivoire via Lola. Le choc brutal fut l’assassinat de Kandas Condé, douanier et président du FC Milo par une estafette du pouvoir. Le mercenaire avait pour mission de tuer Kandas Diabaté, le premier distributeur des tracts du RPG à Kankan. Ne connaissant physiquement ni l’un ni l’autre, il tua celui qu’il croyait être sa cible. C’était le 27 juillet 1988. Il y’a 32 ans dis-je….beaucoup d’eau a coulé sous le pont du fleuve Milo.
C’est en réponse à la chasse outrancière contre ses ressortissants à Conakry et dans d’autres localités du pays au lendemain des événements du 5 juillet 1985, que cette région a adhéré à la cause du RPG sans condition aucune. Partout les individus de toutes les catégories sociales se sont autoproclamés en émissaires et à leurs propres frais pour transmettre l’ « Évangile ». Il s’agissait pour chacun de mettre son imagination et son énergie en branle pour promouvoir le programme de l’homme que tout le monde attendait. Les victimes de l’après Sékou TOURÈ devraient sécher les larmes. Partout fut magnifié le génie du messie Alpha Condé. Ce fils de la Haute Guinée né à Boké.
Il serait le sauveur de l’ethnie Malinké contre le génocide programmé par les Nouveaux maîtres du pays sous le slogan « Wo Fatara ».
Le prix à payer a été lourd dans tous aspects. Partout les victimes de la répression militaire se comptèrent par milliers. Certains cadres soupçonnés proches de l’opposant furent radiés de la fonction ; d’autres contraints à l’exil ; encore d’autres emprisonnés. C’est le cas de Mamady KABA « Grand K », le premier maire de Kankan qui revendiqua publiquement son adhésion au RPG.
De mémoires collectives, l’expédition punitive et répressive de septembre 1992 sous les bottes de Sama Panival BANGOURA reste indélébile. Des morts et des blessés sans une possibilité de prise en charge dans les hôpitaux. Il était interdit aux médecins de toucher aux << chiens >> du RPG, comme le clamait haut et fort Amara BANGOURA, le ministre résidant au moment des faits.
Avec abnégation et courage, la haute Guinée resta loyal aux serments prêtés à réception des premiers colas. Comme disent d’ailleurs les sages actuels, « nos aînés qui ont reçus les colas sont morts, nous ne fuirons jamais l’héritage qu’il nous laissée ».
32 ans de fidélité absolue sans équivoque.
A l’accession au pouvoir du professeur Alpha Condé le 21 Décembre 2010, la région méprisée pendant les 24 ans du pouvoir de Lansana Conté, selon les extrémistes, aiguisa son appétit. Elle voulait prendre sa revanche dans tous les domaines du développement : les routes, l’électricité, eau, agriculture, les usines et les emplois pour les jeunes. Elle fut invitée à la patience parce qu’aucun pays ne peut être construit avec une baguette magique. Hélas !
La fête tournante de l’indépendance du pays, annonça les premiers investissements sérieux dans la région. Quelques bâtiments administratifs, les écoles, les gares routières et les marchés furent construits ou reconstruits. Le reste devrait attendre d’abord.
Le temps de la patience étant consumé par l’exercice de deux mandats, la jeunesse de la haute Guinée s’interroge sur les acquis de leur région. Le manque criard d’eau, d’électricité et de routes sont la couleuvre impossible à avaler selon les jeunes. Le temps des promesses intempestives a vécu et personne ne se laissera désormais suborner par les propos creux. Ne dit-on pas que celui qui est tombé dans le fleuve n’a plus peur de la pluie ? Cette revendication bien que qualifiée de tardive, reste néanmoins extrêmement sensible au moment où les partis politiques mobilisent leurs militants pour le scrutin d’Octobre 2020. Sans faire le dos au RPG, la jeunesse fait de l’électrification de toute la région un bréviaire au retour à la quiétude sociale et à l’organisation de toutes activités politiques dans la sainte ville de Kankan. SANS BARRAGE SANS ELECTION, lit-on sur les pancartes.
L’évolution actuelle du mouvement entrainera une contagion des autres localités de la région. Le courant électrique, eau et les routes réclamés en ce moment à Kankan manquent à toutes les préfectures de cette région. Pendant ces deux mandats du président Alpha CONDE, la région n’a rien à mettre entre les dents, dénoncent les jeunes en colères. La monté de la tension entraînera la mort symbolique du parti au pouvoir dans son fief traditionnel depuis 32 ans.
Par curiosité, il est normal de noter que le silence actuel de certains cadres de la région s’explique par cinq motifs :
1- l’absence totale de toute relation étroite entre les cadres aux affaires et les jeunes actifs de la localité.
2- l’absence remarquable de l’impact des cadres dans la promotion de la jeunesse dans cette zone.
3- le décalage béant entre les promesses dans le développement de la région et les preuves visibles sur le terrain.
4- le taux élevé du chômage dans la région depuis la fermeture des usines de coton à Kankan ; des exploitations minières de Kignero et réduction drastique des effectifs dans les micros entreprises suite au COVID-19.
5- Une crise de confiance entre les gouvernants actuels et les populations qui sont à la base de la lutte pour leur accession au pouvoir.
Le salut du gouvernement viendrait inévitablement de la mise en place d’une équipe d’interlocuteurs crédibles non seulement auprès de toutes les couches sociales de la région, mais aussi des jeunes actifs autour des questions essentielles du développement de la région. Ces hommes et/ou femmes si difficile qu’il soit de les trouver par le président, dresseront un tableau de bord des réalités actuelles. Il reste bien entendu que la course à la recherche de l’argent facile dans ce pays a réduit cette liste à quelques personnes de vertus. Comment les dénicher à quelques mois de la fin de ce second mandat ?
Il n’est pas magicien de conclure que ceux qui entourent le président, en ce moment à Sékhoutoureya, au nom de la Haute Guinée en générale et celui de Kankan en particulier ne pèsent pas le poids d’un atome dans la mentalité collective des habitants de cette région. Combien d’argent a été retiré au Palais pour soigner les maux de cette région sans suite ? Combien d’imposteurs se sont illicitement enrichies sous l’identité de cette région sans fumé ni flamme pour les populations nécessiteuses ? Combien de menteurs colportent des propos haineux pour déchirer le tissu social dans cette région et s’exciter en sapeur-pompier ? Enfin combien de tortionnaires des vaillants militants du RPG se sont reconvertis en bienfaiteurs pour narguer les orphelins, les veuves et les anonymes ?
Si le désenchantement actuel de la Haute Guinée est une source de richesse personnelle pour ceux qui devraient la soigner, elle a décidé de débrancher la perfusion pour mieux vivre ou mourir en paix.
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