Le 8 juillet fut un jour comme tous les autres, un jour normal, dédié au travail. Bien que nous ayons subi de nombreuses tempêtes et inondations à Abidjan ces derniers temps, je n’imaginais pas un instant qu’une nouvelle tempête se préparait. Comme un coup de tonnerre, tout a changé lorsque ma femme, Grace, a attiré mon attention sur un article indiquant que le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, était décédé. Je lui ai dit que cela ne pouvait pas être vrai, puisqu’il venait de rentrer et que, pour autant que je sache, il allait bien.
J’ai rapidement regardé les informations. Je n’avais vu aucune confirmation officielle. Je me suis mis à passer des appels frénétiques. Hélas ! C’était vrai, Amadou Gon était décédé. Quelle tragédie ! Un orage, gonflé d’éclairs massifs, comme aucun autre. Je ne pouvais contrôler ma tristesse. Cet homme qui avait servi sa nation si loyalement et avec tant de dignité était décédé, alors qu’il était au travail.
Mes pensées sont allées à sa chère épouse et à sa famille, soudainement plongées dans la tristesse. Mes pensées sont allées au Président Alassane Ouattara, pour qui il fut un fils bien-aimé, un partenaire loyal et un confident, pendant quelque 30 ans. Je pensais au gouvernement de la Côte d’Ivoire et au pays où j’ai vécu pendant cinq ans dans les années 1990 et à nouveau cinq ans maintenant, en tant que Président de la Banque africaine de développement. Une belle nation qu’Amadou Gon a servie avec dévouement, assiduité, passion et fidélité jusqu’à son dernier souffle.
Amadou Gon était un leader exemplaire. Il était mon ami. Je me souviens l’avoir appelé pendant son séjour à Paris. J’étais inquiet pour lui et bien que nous ayons échangé quelques messages antérieurement, je n’étais pas satisfait. Je voulais entendre sa voix. Nous avons parlé. J’étais très heureux qu’il aille bien.
Amadou Gon méritait d’aller bien. Il était un partisan si acharné des programmes visant à accélérer le développement de son pays. Il portait la vision du Président et du gouvernement avec enthousiasme dans chaque réunion, chaque discussion. Nous nous rencontrions très souvent et, à chaque fois, j’étais impressionné de voir à quel point ce fonctionnaire humble et sérieux plaçait toujours le développement de son pays en premier.
Il a travaillé en étroite collaboration avec la Banque africaine de développement. Il a visité la Banque à plusieurs reprises et s’est intéressé de près à toutes les questions qui concernent la Banque. Il a travaillé très dur avec la Banque et plusieurs partenaires au développement pour donner vie à la politique de développement social du gouvernement.
Un homme humble. Un homme désintéressé. Un homme fidèle. Une lumière resplendissante. Nous nous sommes rencontrés et avons souvent échangé dans divers forums de par le monde : dans l’avion, dans des aéroports, dans des forums, lors de sommets de haut niveau. Mon image de lui restait la même : calme, sage, perspicace. Un homme qui parle peu et dont chaque mot était affuté pour un impact maximum. Il parlait toujours avec son cœur. Et il avait un cœur d’or.
Mes sincères condoléances vont à sa chère épouse et à sa famille, ainsi qu’à sa mère. Que Dieu les réconforte. Mes sincères condoléances vont au Président Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire. Monsieur le Président, vous avez perdu votre allié et confident le plus proche, qui vous a servi fidèlement, vous et sa nation, jusqu’à son dernier souffle, en œuvrant pour le bien de la Côte d’Ivoire. Que Dieu vous réconforte, vous, le gouvernement et le bon peuple de Côte d’Ivoire.
Mon cher frère, Amadou Gon, je vous remercie de votre amitié. Je me réjouissais déjà de nos retrouvailles, dans notre chaleureuse étreinte fraternelle habituelle, pour discuter de votre sujet de prédilection : le développement de la Côte d’Ivoire. Mais hélas ! Ce n’arrivera plus. De votre vie, votre grande vie, je garde des émotions et des souvenirs, et l’image de votre dévouement et votre contribution à votre pays. Je vous remercie, Monsieur le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Merci, mon cher ami et frère, Amadou Gon. Reposez en paix. Vous nous manquerez beaucoup.
Akinwumi A. Adesina
Président, Banque africaine de développement