En avril dernier, alors que la pandémie du nouveau coronavirus battait son plein dans notre pays en général et à Conakry en particulier, de nombreux journalistes s’étaient retrouvés parmi ceux admis dans les différents centres de traitement du pays. Heureusement, tous s’en sont sortis indemnes et ont même repris aujourd’hui leurs activités professionnelles respectives. Eh bien, après cette expérience qu’ils ont vécue dans leurs chairs et à travers leurs proches, six d’entre eux, constitués en un collectif informel, font le choix de se réinvestir dans la lutte contre le virus qui circule toujours. Incarnant tout à la fois la preuve de l’existence de la maladie et celle de la possibilité d’en guérir, ils planifient un certain nombre d’actions pour participer à l’effort collectif qui, en cette période particulière, est requis de chacun et de tous. Au nombre de ces actions, une série de témoignages assortis de messages de sensibilisation sur l’importance de continuer à observer les gestes barrières. Ici, nous vous proposons le tout premier de ces témoignages. Il nous est fourni par notre confrère Aboubacar Diallo de Hadafo Médias et patron du site Mosaiqueguinee, entre autres, et il porte sur les dangers de l’automédication.
La Guinée, à l’instar de tous les pays du monde, fait face à une des pires crises sanitaires de son histoire, en l’occurrence, la pandémie du Covid-19.
A l’apparition du virus maudit dans notre pays, en mars 2020, alors qu’il faisait des ravages d’une ampleur rarement vue, ailleurs dans le monde notamment en Chine et sur le vieux continent, une psychose à la hauteur justement de ce terrible drame humain, s’empara soudain de tous nos concitoyens.
Vous imaginez quel fut le degré de tourment et de tracas, des familles des premiers à avoir contracté ce virus bigrement dangereux, dans notre pays.
Tel fut le cas de la mienne. Des jours et des nuits sans sommeil, rythmés de pleurs, mais aussi d’invocations du Tout-puissant.
Nous sommes un groupe de SIX journalistes issus de médias différents, à avoir été parmi les premiers contaminés à la maladie du nouveau coronavirus en Guinée. Par la grâce de Dieu, nous avons tous été sauvés et recouvré la plénitude de notre santé.
C’est le lieu de redire toute ma gratitude à l’endroit de l’ensemble du corps médical déployé dans les centres de traitement du pays, particulièrement ceux de Donka où je fus admis et pris en charge.
Au nom donc de ce groupe, constitué désormais en collectif dénommé ‘’Collectif des SIX contre le Covid-19’’, j’écris ces quelques lignes, pour rappeler à chacun et à tous, que le Covid-19 est bel et bien une réalité, qu’il faut continuer à respecter les règles sanitaires édictées par les spécialistes et les autorités ;
C’est aussi et surtout pour dire qu’il est bel et bien possible de guérir de cette maladie, le taux de remissions qu’affiche notre pays en fait foi. On peut donc en guérir. A condition de prendre les quelques précautions suivantes:
- Lorsqu’on a été testé positif, il faut se rendre au plus vite dans un centre de traitement, pour être pris en charge ;
- Eviter de se soigner soi-même (automédication), en restant à la maison.
Oui, l’automédication, dans la plupart des cas, est un facteur pouvant conduire à de graves complications notamment respiratoires et le pire peut arriver.
Je suis bien placé pour le dire, étant la preuve vivante du danger que comporte cette attitude.
Je l’ai dit dans de précédents témoignages, ailleurs, j’ai été confronté à une telle détresse respiratoire que j’ai été à un doigt d’être placé sous oxygénation.
Vous connaissez la cause ? Je vous la livre. Il s’agissait de l’automédication.
Pour la petite histoire, je suis quelqu’un qui fait de la fièvre typhoïde et du palu. Cela se manifeste tous les 2 ou 3 ans de manière cyclique. Un gros palu généralement. Quasiment, à la même période, en mars-avril. Et cela depuis plus de dix ans.
Cette année, le contexte était différent, nouveau coronavirus oblige !
C’est le 27 mars 2020, un vendredi, alors que je tenais l’antenne, assurant la modération de l’émission ‘’les Grandes Gueules’’, que se manifestent en moi les premiers signes. Je ressens un coup de mou, avec un début de fièvre et de maux de tête.
Depuis, mon état de santé n’a pas connu d’amélioration conséquente. Pendant une semaine au moins, je me suis soigné, comme d’habitude, pensant que c’est le même palu saisonnier qui revenait, à l’aide de décoctions à base de produits issus de la pharmacopée et de quelques sédatifs conseillés par des amis.
Entre temps, j’ai passé le test de dépistage à Donka, en compagnie de mes collègues d’Espace, des ‘’Grandes Gueules’’ notamment. Il aura fallu cinq jours, pour savoir que j’étais atteint du nouveau coronavirus.
Pendant ce temps, je continuais à me soigner à l’indigénat.
Cette semaine qui a précédé mon admission à Donka, exactement le 03 avril 2020, a été celle à la base de toutes les complications auxquelles je devais être confronté, une fois pris en charge.
Ainsi, à cause justement du temps mis à la maison avant de connaitre mon statut, et en continuant à me soigner moi-même, je fus face à de terribles complications qui ont failli m’emporter.
Il aura fallu toute la dextérité des soignants, Dr Kaba Keita principalement, Dieu voulant, pour me tirer d’affaire.
En plus des difficultés que j’avais de respirer, je faisais une violente fièvre et de terribles céphalées me labouraient sans arrêt le crâne. Sans parler de l’absence de goût et d’appétit, sans parler de l’insomnie. Le pire a failli arriver ! Je sais de quoi je parle !
Au regard de tout ceci, je voudrais ici vous inviter, chers compatriotes, à bannir l’automédication de nos attitudes face aux soupçons de Covid-19. Bien sûr, chez certains d’entre nous, les habitudes aidant, le recours aux thérapies conseillées par le voisin ou le parent peut-être très tentant. Mais encore une fois, je vous le déconseille vivement. En lieu et place, privilégions les voies indiquées par les autorités sanitaires.
Rendez vous, dès la manifestation des premiers signes, dans un centre, pour vous faire dépister. Et dès que le résultat de votre test est déclaré positif, sans tarder, toutes affaires cessantes, rendez vous dans un centre de traitement.
N’attendez pas que votre situation se complique en restant longtemps à la maison et en s’adonnant à l’automédication.
Votre vie peut en dépendre !
Aboubacar Diallo, journaliste