L’armée malienne s’est emparée du pouvoir par « Coup d’Etat » pendant que le contestataire Imam Dicko menaçait de plus en plus et avec un appui populaire, le fauteuil du Président démocratiquement élu Ibrahima Boubacar Keita (IBK). Ce dernier ne contrôlait plus rien, fomentant une insécurité ambiante et un éventuel risque de voir Dicko aux commandes. Coup d’Etat opportuniste ou « acte républicain »?
IBK perdait de plus en plus son charisme et les faveurs du peuple malien, pendant que l’imam Dicko montait en popularité chez les « foules contestataires » de Bamako. Mais cet imam aux allures nonchalantes mais ô combien inflexible dans les négociations n’inspire pas véritablement confiance dans les plus hautes sphères de l’Etat, encore moins à l’Etat Major malien et aux palais des pays environnants. Le seul moyen de le maintenir loin du pouvoir aurait été de renverser la tendance en faveur d’IBK. Mais les Maliens (en tout cas ceux descendus dans la rue depuis de longues semaines), il y avait aucune chance de changer de position. « Le Président doit partir pour assurer le vrai changement », lequel semble être l’alternative la plus simple pour plus de sécurité et relancer la machine économique. La « solution-sauvetage » donc que l’armée – qui devient une habituée des faits – a trouvé a été d’opérer ce « coup d’Etat ».
Éviter que le pouvoir tombe entre de mauvaises mains.
La proximité entre Imam Dicko et les Jihadistes, bien que n’étant pas formellement prouvée, reste une hypothèse qui traverse les esprits des plus avisés. Il aura beau s’en défendre, l’imam Dicko n’inspire pas confiance dans un Mali déjà très fragilisé. Et si son combat était celui déguisé d’un sympathisant djihadiste? Il peut être aussi juste un patriote « trahi » par son statut d’imam. qui sait? Dans tous les cas, il est l’homme que beaucoup ne voudraient pas voir à… Koulouba.
Plus le temps passait, plus IBK se fragilisait et plus l’Imam se rapprochait du palais.
Son annonce de « mardi de tous les danger » a contraint l’armée à prendre les devants. Objectifs des Hommes de Kati : éviter que le pouvoir tombe entre les mains d’un président sous l’influence jihadiste ou animé par d’autres motivations que l’intérêt de la nation.
Pour l’armée malienne, il faut maintenir le régime « républicain », loin des influences religieuses et de l’ethnocentrisme. C’est de cette manière seulement qu’on pérennise la cohésion nationale et la stabilité.
Pourvu que « la Grande muette » qui perd depuis quelques décennies son mutisme fasse les choses dans les régle de l’art, à savoir observer une période transitoire pour permettre au pouvoir de revenir aux civils, comme ce fut le cas en 1992 et en 2013. C’est là seulement que l’on saura si l’armée est opportuniste ou tout simplement républicaine.
Cheikh Mbacké SENE
Expert en Intelligence économique.